Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Meurtre d'Alexandre Livernoche: réparer l'irréparable

durée 11h28
9 mai 2012
ici

commentaires

ici

likes

 

vues

imprimante
email
Par Nicolas Ducharme
TROIS-RIVIÈRES - 

Le 4 août 2000, le jeune Alexandre Livernoche disparaissait. Cinq jours plus tard, il était retrouvé sans vie, enterré dans une sablière de Sorel-Tracy, après avoir été agressé sexuellement et tué par Mario Bastien. Sa mère, Sylvie Girard, ne s’en est toujours pas remise, malgré les 12 ans qui la séparent de la mort de son fils.

Dans son petit logement de la rue La Vérendrye à Trois-Rivières, aucune photo de son fils disparu. « J’ai dû les enlever. Ça me faisait trop mal de les voir ». Les portraits sont maintenant dans des boîtes, contrairement aux souvenirs des événements qui ne cessent de la hanter.

« Ma vie est détruite et il n’y a pas de médicaments ou de psychiatre qui peut me soulager. Je suis marquée pour le reste de ma vie. Ce que Bastien a fait subir à mon fils, je ne peux l’oublier », soupire la dame de 51 ans, en laissant échapper quelques sanglots.

Mario Bastien croupit maintenant dans un pénitencier après avoir été condamné à la prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans, en 2001. À l’époque, le juge Réjean Paul avait déclaré qu’au moment de commettre son crime, Bastien aurait dû être derrière les barreaux. Condamné en 1995 pour agression armée, il avait toutefois été libéré, dû au trop grand nombre de détenus à la prison de Trois-Rivières. Après de longues négociations entre les avocats de Mme Girard et ceux du gouvernement du Québec, la famille avait obtenu la somme de 90 000 $ dans une entente hors cour, bien loin des 850 000 $ demandés dans la poursuite. Cette somme avait été divisée entre elle et ses deux autres fils.

Aujourd’hui, il ne reste que quelques miettes de ce montant. Malgré les années, Mme Girard n’est toujours pas parvenue à réintégrer le marché du travail. Elle souffre de troubles d’anxiété puisqu’elle ne cesse de revoir la scène.

Pire encore, depuis mardi dernier, son logement est sans électricité. Mme Girard incapable de payer sa facture d’électricité.

Flouée

La mère d’Alexandre Livernoche n’en démord pas, elle affirme avoir été flouée par l’entente entre le gouvernement et ses avocats, qu’elle ne porte pas dans son cœur.

« Nous étions vulnérables, nous n’étions pas là mentalement. Nous ne comprenions pas ce qui se passait. C’était dégueulasse de leur part de régler ça comme ça. En plus, je ne comprends pas pourquoi j’ai dû payer mes avocats alors que c’était une erreur judiciaire (d’avoir libéré Bastien). Et je peux vous dire que ce n’est pas le gouvernement qui a payé pour enterrer mon fils, mais plutôt la générosité des gens de Sorel-Tracy », martèle Mme Girard.

Le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu est bien au fait du dossier de la Trifluvienne, lui qui se porte à la défense des victimes et familles d’actes criminels depuis plusieurs années.

« Cette dame a dû accepter une entente hors cour, parce qu'elle a dû attendre six ans avant que le gouvernement accepte de reconnaître ses responsabilités dans le cas du jeune Alexandre Livernoche. Les honoraires professionnels pour se défendre lui ont coûté la moitié du montant qu’elle a obtenue. Pendant ce temps, nous les citoyens, nous donnons jusqu’à trois fois la norme pour de l’aide juridique à des groupes criminalisés. Pour moi, c’est pratiquement un scandale. »

Retour en cour ?

Mme Girard aimerait maintenant retourner devant le tribunal pour renégocier l’entente qu’elle avait prise à l’époque avec le gouvernement du Québec. Un souhait vain puisqu’elle n’a aucunement les moyens de recourir aux services d’un avocat. Le sénateur Boisvenu doute toutefois qu’une telle manœuvre puisse porter ses fruits.

« C’est difficile de rouvrir une entente lorsque la citoyenne a accepté, mais dans ce cas, cette entente a presque été forcée puisque cette femme n’était pas dans un état psychologique qui lui permettait de prendre une bonne décision. Le gouvernement devrait aider cette famille et il est urgent qu’il le fasse. »

Pour la mère du petit Livernoche, de voir le gouvernement rouvrir le dossier en sa faveur viendrait en quelque sorte appliquer un baume sur les plaies du meurtre de son fils.

« Le gouvernement m’a traité comme une moins que rien et je ne l’accepte pas. Ils ont un dû envers moi et mes deux enfants », croit-elle.

Alors que Mme Girard tente de joindre les deux bouts, le père d’Alexandre, André Livernoche est sans le sou après de longues procédures judiciaires et est maintenant itinérant à Trois-Rivières.

 

commentairesCommentaires

0

Pour partager votre opinion vous devez être connecté.

RECOMMANDÉS POUR VOUS


Publié à 9h00

Union parentale: des informations utiles pour éviter les mauvaises surprises

Si l’intégration au nouveau régime québécois d’union parentale se fait automatiquement, les nouveaux parents ont intérêt à se poser des questions, afin d’éviter les mauvaises surprises en cas de séparation ou de décès. Depuis le 30 juin, dès qu’un enfant naît ou est adopté, ses parents sont intégrés au régime d’union parentale, s’ils sont ...

Publié le 27 juin 2025

On retrouverait au Québec les plus vieilles roches du monde

C'est au Nunavik, dans le nord du Québec, qu'on retrouve possiblement les plus vieilles roches au monde, croit un chercheur ontarien. Ces roches se sont formé quelques centaines de millions d'années seulement après la formation de la Terre elle-même, ce qui signifie qu'elles sont vieilles d'environ quatre milliards d'années, a dit le professeur ...

Publié le 27 juin 2025

La Charte québécoise des droits et libertés de la personne célèbre ses 50 ans

Il y a 50 ans, le Québec se dotait de la Charte des droits et libertés de la personne. Un instrument «puissant» qui a sa pertinence plus que jamais dans un contexte où des droits sont remis en question un peu partout sur la planète, selon l'organisme gardien de cette loi. Le 27 juin 1975, l'Assemblée nationale adoptait à l'unanimité la Charte des ...