La loi « Move over », une question de logique

Par Nicolas Ducharme
Le 1er décembre dernier, le policier Vincent Roy est mort dans l’exercice de ses fonctions, happé par un camion sur la route 139 à Bromont en Montérégie alors qu’il remettait une contravention. Depuis, plusieurs organisations demandent l’instauration de la « Move over law » au Québec. Qu’en est-il en Mauricie ?
Aux États-Unis, la « Move over law » est présente dans 49 États (seule Hawaï fait exception). Ainsi, les automobilistes se doivent de changer de voie, ou encore de ralentir, lorsqu’un véhicule, qu’il soit policier, ambulancier ou de remorquage, procède à une intervention en bordure de route. En cas d’infraction, les amendes peuvent aller jusqu’à 500$ et une peine de 90 jours de prison peut même être imposée à un contrevenant, selon l’État.
Au Canada, toutes les provinces, sauf le Québec et Terre-Neuve et Labrador, ont une réglementation de la sorte.
Si le décès de l’agent Roy a conscientisé la population du sud du Québec à ce problème, il reste encore du travail à faire en Mauricie.
Pour le président de la Coopérative des ambulanciers de la Mauricie, Jonathan Fraser, la création d’une telle loi pourrait assurer la sécurité des paramédics lors d’interventions.
« J’en ai entendu parler pour la première fois avec la mort du policier à Bromont. Je crois que ce serait une bonne chose. Nous n’avons jamais suffisamment de protection lors d’une intervention sur l’autoroute. Si les policiers sont les premiers arrivés, ils peuvent assurer une circulation sécuritaire. Mais il faudrait surtout conscientiser les gens à ralentir et à changer de voie. »
Pression sur le ministère des Transports
Le son de cloche est similaire chez l’Association des policières et policiers du Québec. Son président, Pierre Veilleux, a d’ailleurs pris la décision de faire pression sur le ministre des Transports, Pierre Moreau, à la suite du décès de Vincent Roy.
« Nous avons écrit au ministre pour le sensibiliser à cette mesure, mais nous sommes restés sans nouvelles. Nous l’avons relancé (quelques semaines plus tard) pour lui demander d’entendre la question, et on nous a répondu qu’il y avait un comité de travail en branle qui inclut la partie patronale des organisations policières et le gouvernement. C’était une surprise, et c’est dommage que nous ne soyons pas invités lors de ces discussions. »
M. Veilleux admet toutefois qu’il sera difficile de faire appliquer la loi lorsqu’un seul véhicule policier est impliqué dans une intervention.
« Ce qui est important, ce n’est pas l’amende, mais de développer un comportement. Les camionneurs l’ont déjà ce réflexe, puisqu’ils voyagent aux États-Unis où la loi est en vigueur. Ça va prendre quelques années à développer, mais il faut commencer l’éducation dès maintenant dans les écoles de conduite. »
Les remorqueurs à la traîne
Si la « Move over law » obtient déjà l’appui des policiers et des paramédics, elle reste toutefois inconnue dans le domaine du remorquage en Mauricie, puisque la totalité des propriétaires interrogés ignoraient en quoi consiste la mesure. Après explications, les remorqueurs se sont tous prononcés en faveur.
« Ce serait utile. J’ai déjà failli me faire arracher mon portefeuille par une voiture qui est passée trop près. Les camionneurs se tassent, mais pas les automobilistes », affirme Michel Distobeau, de Boisvert Remorquage.
« Les gens sont impatients et aucunement coopératifs. J’ai souvent eu peur. J’ai déjà dû me lancer sur ma remorqueuse pour éviter d’être frappé », ajoute Sylvain Desrosiers, de Remorquage CS.
Une pétition en faveur du « Move over law » a été déposée sur le site web de l’Assemblée nationale le 23 mars dernier. Jusqu’à présent, plus de 7400 personnes y ont apposé leur signature.
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