Régime de terreur à Wemotachi

Par Marie-Pier Cloutier / TVA Nouvelles
Le voile se lève sur un véritable calvaire qui a duré des années sur la réserve autochtone de Wemotaci. De hauts dirigeants sont accusés d'avoir agressé sexuellement des femmes et des enfants au sein de la communauté.
Deux hommes ont été arrêtés dans les dernières semaines et devront répondre à de graves accusations. L'ex-chef de police Jean-Paul Néashish fait face à des accusations d'attentat à la pudeur sur une mineure et de grossière indécence. Les faits qui lui sont reprochés auraient été commis entre le 1er avril 1970 et le 31 mars 1973. La notion d'agression sexuelle n'existait pas à cette époque. C’est donc pourquoi ce chef ne figure pas au nombre des accusations auxquels il doit répondre.
Le haut dirigeant du conseil de bande de l'époque, Marcel Boivin, est accusé d'agression sexuelle avec la participation d'une autre personne. Le tout aurait été commis dans les environs de l’année 1984.
« Les deux hommes ont été arrêtés en mandat visé », explique la procureure de la Couronne, Me Vicky Belleville. Elle a ajouté que les deux individus ont été longuement interrogés avant d'être remis en liberté sous plusieurs conditions.
Il a été impossible de rencontrer les deux principaux suspects, puisqu'ils n'habitent plus la réserve. Un témoin et bon ami des présumés agresseurs a toutefois accepté de revenir sur les événements. L'homme, qui a préféré garder l'anonymat, a nié en bloc ces accusations avant d'ajouter que si des accusations étaient portées contre lui, il plaiderait non coupable.
De nombreuses victimes ?
Bien que le nom de deux victimes figure au registre du palais de Justice, une autre femme prétend aussi avoir été victime du duo. Elle soutient que son mari la vendait à ces deux hommes. Après avoir gardé le silence pendant 20 ans, elle aurait porté plainte contre ses présumés agresseurs il y a sept ans.
« Ils profitaient de leur autorité pour raccompagner des femmes en état d'ébriété à la maison», a d'ailleurs lancé Simone Kuokuotier. Elle a ajouté ne pas savoir combien d'autres femmes avaient ainsi été victimes, mais elle dit être convaincue de ne pas être la seule.
Joint au téléphone, le porte-parole de la Sureté du Québec a affirmé que l'enquête se poursuit et n'écartait pas la possibilité qu'il puisse y avoir d'autres accusations. Entre temps les deux présumés agresseurs doivent comparaître le 22 mai et le 11 juin.
Cellule d’urgence
Au Conseil de bande, personne n'a pas voulu commenter la situation, sous prétexte qu’il précipité de procéder ainsi. On a toutefois affirmé prendre la situation très au sérieux. On songe même à mettre en place une cellule d'urgence. Ces mesures d'urgence laissent aussi présager qu'il y aurait plus de deux victimes sur la réserve.
Ce genre de cellule d'urgence a d'ailleurs déjà été mis en place sur la réserve dans les années 1990. On venait alors d'apprendre que le père Raynald Couture était accusé d'agression sexuelle sur neuf enfants, des événements s’étant produits de 1982 à 1997. Quatre de ses présumées victimes s'étaient d'ailleurs enlevé la vie. Le curé de la réserve a écopé d'une peine de 15 mois de prison en 2004.
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