La prison pour des livres non retournés à la bibliothèque

Par Fannie Brouillette
Fait plutôt rarissime, Annie Moreau a écopé d'une peine de 11 jours de prison pour avoir omis de remettre des livres empruntés en 2007 à une bibliothèque de Repentigny. Quelques semaines après sa sortie, la jeune femme de Shawinigan peine encore à croire qu'une telle mésaventure lui soit arrivée.
« À cette époque-là, j'ai vécu une séparation avec mon ex. J'ai simplement oublié d'aller retourner les livres. Comme j'ai déménagé souvent, je n'avais reçu aucune lettre ou avis de paiement», affirme la jeune femme de 29 ans, qui vit à Shawinigan depuis un peu plus d'un an et demi.
Lorsqu'elle a finalement reçu l'avis, elle raconte qu'elle n'avait pas assez d'argent pour payer dans les délais prescrits les frais de 268,78$ qu'on lui réclamait. Interceptée à Shawinigan pour une banale infraction au code de la sécurité routière vers la mi-janvier 2012 alors qu'elle faisait l'objet d'un mandat d'arrestation, elle a immédiatement pris le chemin de l'établissement carcéral de Trois-Rivières, puis de la prison Tanguay, à Montréal. Au lendemain de son arrestation, elle a pu être libérée lorsqu'un membre de sa famille lui a prêté la somme nécessaire.
« Je trouve ça stupide. Je ne suis pas une criminelle. Je m'exprime bien, je n'ai pas l'air tout croche. J'ai repris ma vie en main et je suis allée en thérapie. J'ai recommencé l'école. Ça prend du courage! Ce n'est pas payant, aller à l'école! », Une bonne leçon
Mme Moreau se désole tout de même des conséquences engendrées par son escapade de quelques heures en prison. Elle a dû rester plusieurs jours à Montréal à la suite de sa libération, puisqu'elle n'avait aucun moyen de transport pour revenir à Shawinigan.
« C'est vraiment plate la situation dans laquelle ça me met. J'ai dû suspendre mes cours. Je devrai rembourser ma famille et je n'ai pas d'argent pour ça. »
La jeune femme n'aura pas de casier judiciaire à la suite de sa mésaventure, mais elle en tire une bonne leçon.
« J'ai été irresponsable. Ça montre que même si on est dans une période où ça va moins bien dans notre vie, ça nous rattrape toujours. Je n'aurais jamais pensé que des livres me conduiraient en prison. »
Quant à son expérience carcérale, elle en gardera un mauvais souvenir pour longtemps.
« La façon dont j'ai été traitée au début, c'était correct. Mais j'étais nerveuse. C'est quelque chose d'être en cellule et de n'avoir droit à rien», raconte-t-elle.
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