Noël au Centre jeunesse

Par Guillaume Jacob
Pour des dizaines de jeunes qui vivent en centre jeunesse, Noël est l'occasion de sortir de la routine et de resserrer les liens entre les amis et les éducateurs. Bref, ces gens qui forment une seconde famille.
Les carillons sonnent la fin des classes. Plusieurs rentrent dans leurs familles, mais une poignée de jeunes passeront la période des Fêtes au Centre jeunesse. Sébastien* est de ceux-là. Durant les cinq dernières années, il a passé ses Noëls et ses Jours de l'an au Centre jeunesse de la Mauricie et du Centre-du-Québec.
« Le premier Noël, j'ai trouvé ça dur, raconte-t-il. Mais maintenant, je suis ici comme dans ma famille. » Le regard fier, il décrit l'atmosphère qui règne dans son « unité » durant le temps des Fêtes. « Tout le monde est traité sur le même pied d'égalité. On en profite pour passer du temps et avoir du fun ensemble. »
Hockey cosom, glissade (quand on a droit à un Noël blanc), ski, cinéma : des activités sont organisées pour les jeunes. « On décore l'unité, on fait le sapin ensemble, ajoute Sébastien. Le soir du jour de l'An, on a le droit de se faire venir de la pizza, de boire des boissons gazeuses, de grignoter des chips, et de se coucher plus tard ! »
« On essaie de rendre ça le plus festif possible », souligne Marie-Pierre Blouin, éducatrice. Celle qui en est à son quatrième Noël au Centre jeunesse remarque aussi que cette période peut faire ressurgir des souvenirs douloureux chez certains jeunes. D'où l'importance d'être à l'écoute.
Le temps des retours
Pour Laïka* et Marc*, les Fêtes marqueront leur sortie du Centre jeunesse. Laïka retournera dans une famille d'accueil qu'elle ne connaissait pas encore, au moment où l'Écho l'a rencontrée. « C'est certain que c'est stressant un peu, mais ça va bien se passer », dit-elle, confiante.
Débarquer dans une nouvelle famille en pleine période des Fêtes peut sembler intimidant, mais Laïka sait à quoi s'attendre. L'an dernier à pareille date, elle intégrait le Centre jeunesse, non sans crainte. « C'était moins pire que je pensais. Les activités étaient le fun et m'ont permis de fraterniser avec les autres plus rapidement. Après un an ici, tu t'habitues. Je ne serai pas là pour le party cette année, et c'est sûr que les autres vont me manquer. Je vais aussi m'ennuyer de mon éducatrice. »
Afin de s'assurer que Laïka s'intègre bien à sa nouvelle famille, un éducateur en réinsertion sera à ses côtés durant ce moment charnière. « Pour qu'elle n'oublie pas qu'elle a de très grandes qualités », lance d'un sourire complice Robert Levasseur, directeur des ressources-hébergement du Centre jeunesse.
Marc, pour sa part, est déchiré entre le bonheur de revoir sa famille, à La Tuque, et la tristesse de laisser les amis qu'il s'est faits au cours de la dernière année. « J'ai hâte de sortir, mais je vais m'ennuyer du groupe. »
Il y a un an, à l'aube des Fêtes, Marc était envoyé dans un Centre de réadaptation après avoir commis un délit. Il a ensuite été transféré au Centre jeunesse au début de l'été. « Au départ, je voyais le Centre jeunesse comme une prison, avec des clôtures partout. Mais mon passage ici m'a changé. Quand je suis rentré, j'étais un p'tit tannant, je consommais tous les jours. Maintenant, je suis rendu un bon gars. J'ai pris une autre voie. »
Quant à Sébastien, ce Noël sera son dernier entre les murs du Centre jeunesse. À 17 ans, il est sur le point de voler de ses propres ailes. « Je ne m'ennuierai pas du Centre jeunesse comme tel, mais je vais certainement m'ennuyer des gens que j'ai appris à connaître ici, et les éducateurs. »
Peu importe où la vie le mènera, il est certain d'une chose : « Je vais revenir les voir, c'est sûr. »
*Prénoms fictifs
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