Un conflit qui cause de sérieux maux de têtes

Par Nicolas Ducharme
Les grèves illégales dans le monde de la construction ne causent pas seulement des problèmes aux institutions gouvernementales. Plusieurs entreprises privées vivent de sérieux maux de tête depuis le début des moyens de pression.
Le beau projet que caresse Marie-Andrée Deschênes depuis deux ans vient de prendre un inquiétant virage. Le KiNipi spa et bains nordiques, situé sur les terrains du club de golf Ki-8-Eb, devait ouvrir ses portes le 15 décembre prochain. Malheureusement, le chantier est en arrêt complet depuis lundi.
« Une soixantaine de gars sont arrivés en l'espace de 15 minutes. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Ils n'ont pas été violents, mais c'était impressionnant à voir. Ils se sont mis à coller des étiquettes et à vider le chantier. Je me suis rendu compte que c'était terminé », décrit celle qui a investi toutes ses économies dans ce prestigieux projet unique dans la région.
La directrice générale adjointe du KiNipi ne parvient pas à comprendre pourquoi une entreprise comme la sienne a été la cible des mouvements décrits comme spontanés par les représentants syndicaux. « Nous ne sommes pas une multinationale, nous sommes une petite entreprise privée. S'ils ont du trouble avec le gouvernement, ils devraient s'en prendre à eux. »
Si la colère est palpable dans son ton, la peur l'est tout autant. « On est pris en otage et il n'y a rien qu'on puisse y faire. Ils nous ont dit d'attendre et qu'ils allaient nous dire quoi faire. C'est rendu que je deviens stressé dès qu'une auto entre (sur le chantier). »
Suite à tous ces événements, la direction de l'établissement a fait appel à un garde de sécurité qui patrouille le chantier durant la nuit.
Des pertes financières importantes
Le chantier du KiNipi est impressionnant, avec ses deux pavillons qui encerclent un gouffre où se retrouveront piscines, chutes et une terrasse. Avec l'hiver qui arrive, le temps commence à manquer pour pouvoir installer l'aménagement paysager. « Les arbustes, les roches et les chutes d'eau, ça ne peut pas se faire à -30 degrés. Sinon, il va falloir couvrir tout d'un dôme qui sera chauffé. On parle donc de coûts supplémentaires », souligne Mme Deschênes.
De plus, si le conflit venait qu'à s'éterniser, les heures supplémentaires requises pour exécuter les travaux placent les actionnaires du KiNipi dans une délicate situation. Ils devront repousser l'ouverture du complexe à beaucoup plus loin, le temps des fêtes n'étant pas approprié pour ce type d'événements. De lourdes pertes financières seront inévitables.
L'embauche de main d'œuvre sera aussi retardée et beaucoup plus difficile puisqu'il sera impossible de garantir à ceux-ci une date précise quant à leurs débuts. Plus de 65 emplois seront créés grâce à ce centre.
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