Loi 20
Deux médecins de famille en désaccord avec la loi 20
Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, a déposé le projet de loi 20 le vendredi 28 novembre. 20. La loi a été pensée pour favoriser l’accès aux services de médecine de famille et de médecine spécialisée et modifierait diverses dispositions législatives en matière de procréation assistée.
Cependant, cette loi 20 est loin de faire l'unanimité au sein des médecins de famille. Pour conscientiser la population que d'avoir trop de patients allait limiter le temps des rencontres, Dr Frédéric Simard de l'arrondissement Jonquière à Saguenay, a décidé de chronométrer ses consultations. Quand l'alarme sonne après dix minutes, ce dernier explique cette charge que veut ajouter le ministre.
Concrètement, la loi stipule que les médecins de famille affiliés à la Régie de l'assurance maladie du Québec devront assurer un suivi médical *de près de 1 000 personnes avec un taux d'assiduité de ceux-ci à 80 %, sinon, leur salaire sera diminué de 30%. (voir le tableau ci-bas)
En Mauricie, deux médecins de famille Marie-Claire Carroll et Josiane Lavoie-Lévesque sont totalement en désaccord avec cette loi.
« Plusieurs vont en médecine familiale à l'école parce que justement il y a un éventail de spécialisations. Avec cette loi, on va être obligés de faire du bureau. Ce qui me passionne moi, c'est l'urgence! Être dans le feu de l'action. Plusieurs travaillent en toxicomanie, d'autres avec les enfants, en gériatrie, en psychiatrie, d'autres font des soins à domicile, si on nous oblige à avoir une liste de patients, il n'y aura plus personne pour les différentes spécialités », mentionne Dre Carroll qui en plus de travailler à l'urgence, enseigne à l'Unité de médecine familiale. Elle fait aussi des suivis de personnes sur la CSST.
« Il va falloir que je coupe quelque part. L'urgence reste une expertise. Tu ne peux pas faire des chiffres à gauche et à droite. Je ne me vois pas faire du bureau. Je suis totalement déconnectée de cette réalité depuis cinq ans. Et c'est la même chose pour ceux qui n'ont jamais travaillé à l'urgence. Un moment donné, on va faire des erreurs. C'est majeur, c'est la santé des gens », explique Dre Lavoie-Lévesque.
Trouver d'autres méthodes
Les médecins comprennent la situation qu'il y a un manque de médecins de famille qui travaillent dans les bureaux, mais selon eux d'autres méthodes peuvent être développées.
« Avec cette méthode, je crois que cela va être défavorable au bout de la ligne pour les personnes malades. Les médecins vont choisir des personnes en santé, parce que c'est bien moins long faire un suivi avec eux. Si on prend une personne qui a besoin de beaucoup de soins et qu'une journée, elle ne vient pas me voir, mais va à l'urgence à la place, je viens de faire diminuer mon taux d'assiduité. Si je n'atteins pas le 80% dans mon année, je perds 30% de mon salaire... », expliquent celles qui font plusieurs efforts pour s'impliquer dans différentes sphères de la médecine.
« Pour ma part, je travaille un minimum de 220 jours par année. Quand je fais de l'urgence, je travaille 14 jours par mois de jour, de soir et de nuit à l'urgence. En plus de l'enseignement, des suivis, des réunions et des tâches extérieures. Je ne me plains pas de mon horaire, ni de mon salaire. On fait tous notre part. Ça me fâche lorsque les gens nous traitent de paresseux », conclut Dre Marie-Claire Carroll.
* En théorie, cette nouvelle loi s'applique... (Source: Fédération des médecins omnipraticiens du Québec)
0-4 ans de pratique : 12h en établissement
5-14 ans de pratique: 12h en établissement + 1000 patients inscrits à son nom
15-24 ans de pratique: 6h en établissement + 1250 patients inscrits à son nom
25-34 ans de pratique: 1500 patients inscrits à son nom
35 ans et + de pratique: Aucune obligation
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