Que ce soit des problèmes psychologiques, de dépression, des problèmes financiers, de santé physique, de justice et parfois malheureusement, de tentatives de suicide, les joueurs compulsifs s’isolent. Le rôle des organismes d’aide comme Domrémy Mauricie-Centre-du-Québec est d’épauler ces gens et leur entourage vers des solutions positives. Les services sont offerts dans 12 villes et municipalités de la Mauricie et du Centre-du-Québec.

Trop souvent, cela commence de façon tout à fait inoffensive. On est entre ami(e)s et on s’amuse avec ces gens qui jouent et,  pas à pas, on décide de mettre de plus en plus de dollars dans « la machine » ou sur « la table ».

Cette situation devient une drogue pour ces accros des machines ou des cartes. De plus, pour le joueur, le pire problème est de gagner, car cela devient tentant d’y retourner. Et on augmente la mise qui parfois amène des « gains », mais plus souvent des pertes.

« Les dommages sont ravageurs autant pour le joueur que les personnes qui les entourent », convient David Lavigne, agent de relations humaines à Domrémy Mauricie/Centre-du-Québec et qui travaille auprès des personnes de la région qui vivent cette problématique. «Mais il y a des avenues de solutions pour les sortir de cette abysse et les accompagner.» Et tout cela débutera par une évaluation initiale de la situation.

Toutefois pour bien comprendre ce que ces personnes vivent dans leurs quotidiens, il est bon de livrer leur cheminement. Nous avons rencontré une personne de la grande région de Trois-Rivières qui nous livre son témoignage.

Un témoignage troublant : Jean-François

Par personnes interposées, nous avons pu établir un contact avec une personne qui vit la problématique du jeu pathologique. Jean-François (39 ans), est père de trois enfants, il était marié et vit maintenant seul. Il a tout perdu : famille, maison, travail. C’était un joueur de cartes invétéré et il a encore parfois des rechutes.

Jean-François :

« Mes premiers contacts avec le jeu furent excessifs. Au cours de mes études universitaires à Montréal, je logeais dans une chambre d’étudiant et je passais des soirées à jouer au « poker » avec des camarades de l’université. » débute Jean-François.

« A cette période de ma vie, l’accoutumance au jeu n’était pas dévastatrice. Comme on jouait entre amis, chacun gagnait ou perdait tour à tour. Ce n’était donc pas en soi le "gain" qui m’attirait, mais l’excitation du risque et une certaine appréhension de l’attente du résultat de la session de jeu en cours. »

La quête du gain devint de plus en plus forte. « Parfois, je risquais mon argent du mois sur des machines à sous. Là, la perte était fatale. J’en vins même à me priver de manger convenablement pour réserver au jeu l’argent que me remettaient mes parents. Je fis même à ce moment quelques emprunts à des amis ou à un gardien de l’université où j’étais inscrit, avec qui je jouais à l’occasion sur l’heure du midi. Il a fallu que je trouve du travail au noir pour me faire des sous. C’est ainsi que je devins gardien d’un club de nuit. »

« Ma vie se résumait ainsi : j’étudiais, je travaillais…et je jouais. »

La situation de Jean-François a vite évoluée une fois marié.  Le poker perdant de plus en plus de ses attraits (l’excitation étant devenue insignifiante), il risqua le Casino. « Là aussi, lors de mes premières visites, je gagnais parfois ou  je perdis peu. Jusqu’à un certain point, je contrôlais ma manière de miser, sans tomber dans le déséquilibre. Mais le jour vint, après un certain temps, où je fus dépassé par l’émotion. Un soir, je quitte le Casino après une perte assez sévère. Le lendemain, je prélevai une somme considérable sur le livret de dépôt familial et je me rendis au même endroit. Je misai allègrement sur le 11, le 14, le 23 et le 29 ! Je sortis avec un gain considérable, l’équivalent de 15 000$). Des amis m’offrirent le champagne. J’étais la vedette, j’étais le roi ! J’avais vaincu le hasard ! »

Malheureusement, la suite des choses fit que Jean-François perdait toujours et encore. Ces pertes le dirigèrent allègrement vers un profond désespoir. À tel point que la famille et les amis lui tournèrent le dos et il se retrouva seul, sans emploi, un divorce prononcé. Il a dû se reprendre en mains, pour se sortir de cet immense trou qu’il avait lui-même creusé depuis des années. Il a réappris à vivre avec lui et les autres.

Se redonner le goût de vivre

« Le jeu pathologique a des répercussions incroyables sur l’être humain embourbé dans ce cheminement. C’est comme l’alcool et la drogue. », explique David Lavigne, ressource régionale en Mauricie et le Centre-du-Québec. « En plus on constate que 70% des joueurs qui vivent un traitement en interne ou externe, nous rapportent avoir déjà eu une autre dépendance. Et plus le problème de ces substances est sévère, plus la prévalence des problèmes de jeu sera élevée pour cette personne. En effet, avec la réduction des inhibitions, le joueur mise plus d’argent et plus longtemps que prévu. » prévient-il.

• « Je ne jouais plus pour gagner, comme au début. Je n’y mettais plus aucune distinction. Je jouais « pour jouer », sans mes illusions et sans passion. Mon adresse et mon expérience professionnelle ne me servaient plus qu’à gérer un fouillis incalculable de comptes, de crainte que la vérité ne fut mise à jour. »

-Jean-François

Mais il existe des ressources à qui se référer qui peuvent nous donner un bon encadrement et se sortir de l’abysse du jeu pathologique. « Au total, 12 localités offrent ce service aux gens pour ce type de problématique. », explique M. Lavigne.

Que ce soit la famille proche, souvent conjoint ou conjointe; les amis; le milieu de travail. Lorsqu’on l’on constate que quelque chose a changé ^{(tableau 1)}, il ne faut pas se dire : il n’y a plus rien à faire.

« Au contraire, c’est le moment de nous appeler et de faire en sorte de nous référer la personne. Plus tôt sera le mieux. Nous pourrons faire une évaluation de la situation avec la personne et déterminer un processus de cheminement qui permettra aux professionnels comme le psychologue, les ressources du centre Domrémy, la famille et le milieu de travail de s’investir auprès de l’individu et même de travailler ensemble ».

Cette approche donne d’excellents résultats, même si il arrive qu’il y ait des rechutes. « C’est normal, la personne se teste, mais au moins elle sait que nous sommes là pour la soutenir si cela se produit de nouveau », confirme David Lavigne.

Le Centre de réadaptation en dépendance Domrémy Mauricie-Centre-du-Québec possède plusieurs unités locales où se référer ^{(tableau 2)}. Il ne faut surtout pas hésiter à utiliser cette ressource si vous vous rendez compte qu’une personne de votre entourage semble vivre avec cette problématique. Votre intervention pourrait redonner le goût de vivre à une personne désabusée de la vie et que ne voit pas d’alternative.

À nous de jouer, convenablement.

Tableau 1 : Les signes associés à un problème de jeu

•  stress / anxiété
•  dépression / isolement
•  problèmes de sommeil
•  troubles gastro-intestinaux
•  problèmes financiers
•  problèmes conjugaux alcool
•  toxicomanie
•  idées suicidaire
•  retards ou absentéismes au travail
•  vols
•  se négligent

Tableau 2 : Centres de services de la région

• TROIS-RIVIÈRES : 819 374-4744
• TROIS-RIVIÈRES (Pointe-du-Lac) : 819 377-2441
• SHAWINIGAN 819 536-0004
• NICOLET 819  293-2071
• SAINT-TITE 418 365-7555
• SAINTE-GENEVIÈVE-DE-BATISCAN 418 362-2728
• LOUISEVILLE 819 228-2731
• LA TUQUE 819 523-6113
• BÉCANCOUR 819 298-2144
• PLESSISVILLE 819 362-6301
• VICTORIAVILLE 819 752-5668
• DRUMMONDVILLE 819 475-0242