Monde municipal en effervescence
L’UMQ exige le respect des principes fondamentaux de la démocratie municipale
En conférence de presse le jeudi 11 décembre, plusieurs membres du conseil d’administration de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) -dont le maire Alain Ryes - ont fermement exprimé leur solidarité et réitéré leur stupéfaction envers l’attitude du ministre des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire, Pierre Moreau, à l’égard du monde municipal.
En effet, les membres du comité exécutif ont vivement réagi à la sortie publique du ministre des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire. Ce dernier a ouvertement menacé de suspendre les transferts versés par le gouvernement aux municipalités qui choisiraient d’augmenter leurs taxes en 2015 pour éponger les compressions liées au pacte fiscal transitoire.
« Le ministre Moreau devra rétablir le lien de confiance avec le monde municipal et je sollicite une rencontre d’urgence avec le premier ministre à cet égard. L’UMQ souligne que ce dernier avait d’ailleurs démontré une volonté claire de transformer les relations Québec-municipalités en reconnaissant ces dernières comme de véritables gouvernements de proximité », a déclaré la présidente de l’UMQ et mairesse de Sainte-Julie, Suzanne Roy.
L’UMQ rappelle que le pacte fiscal 2015 a amené les élus municipaux à faire des choix budgétaires difficiles qu’ils jugeaient nécessaires, particulièrement dans un contexte où les municipalités ne peuvent légalement faire de déficits. L’organisation estime par ailleurs que le gouvernement est bien mal placé pour faire la leçon aux élus municipaux en matière de saine gestion des finances publiques, puisqu’il a développé, au fil des ans, le réflexe de pelleter dans la cour des municipalités des compressions budgétaires, plutôt que de mettre en place des mesures pour contrôler ses propres dépenses.
« Cette ingérence directe du ministre dans la gestion budgétaire des municipalités constitue un précédent grave, qui menace directement le principe fondamental de l’autonomie municipale. Depuis cent ans, face à tous les gouvernements, l’UMQ défend l’autonomie des municipalités. Aujourd’hui, elle avait le devoir de se lever et de défendre la légitimité démocratique des élus municipaux de prendre les décisions dans le meilleur intérêt de leurs citoyens. Je demande maintenant un signal clair du gouvernement afin de rebâtir le climat de confiance pour mener à bien les réformes promises et nécessaires », soutient Suzanne Roy.
« Aux yeux de l’UMQ, les menaces inédites de sanction du ministre Moreau aux municipalités visent la légitimité même de l’ensemble des élus municipaux du Québec, qui ont été choisis démocratiquement par leurs concitoyens. Le gouvernement n’a pas à les infantiliser et à leur dicter comment ils doivent gérer leur budget », a de son côté souligné le deuxième vice-président de l’UMQ et maire de Victoriaville, Alain Rayes.
« Les municipalités ont dû prendre des décisions difficiles, mais nécessaires pour absorber les coupes gouvernementales et maintenir un budget équilibré en 2015. Certaines ont dû, à regret, hausser le fardeau fiscal de leurs contribuables pour maintenir les services aux citoyens, alors que le gouvernement a développé le réflexe de pelleter dans la cour des municipalités en niant l’impact possible pour le contribuable », a pour sa part déclaré le premier vice-président de l’UMQ et maire de Sherbrooke, Bernard Sévigny.
À l’issue de la conférence de presse, plusieurs maires et mairesses ont tenu à exprimer leur déception à l’égard du climat des relations entre Québec et les municipalités :
« Au moment où le gouvernement du Québec s’est engagé à reconnaître les municipalités comme des gouvernements de proximité, entre autres par l’adoption d’une Charte des municipalités basée sur le principe de l’autonomie municipale, il est primordial de maintenir un climat de confiance essentiel à l’atteinte de cet objectif » - Gilles Lehouillier, trésorier de l’UMQ et maire de Lévis
« J'ai toujours pensé qu'un partenariat ça se développe dans le respect, avec un dialogue d'ouverture et non avec des menaces » - Éric Forest, ex-président de l’UMQ et maire de Rimouski
« Autour du périmètre comptable, nous sommes tenus de prendre en compte la réalité fiscale et financière. On n’a pas le droit de faire des surplus. C’est choquant avec les années de voir les gouvernements, peu importe lesquels, accumuler les déficits quand nous, les élus municipaux, on n’a pas le droit. » - Deborah Bélanger, mairesse de Rivière-Rouge et présidente du Caucus des municipalités locales de l'UMQ
« Je partage totalement l’opinion émise par l’UMQ. C’est surréaliste ce qu’a dit monsieur Moreau, surtout quand on considère la réalité d’une ville comme Shawinigan, qui n’a presque pas de déficit. Comment suis-je censé ne pas augmenter mes taxes? » exprime Michel Angers, maire de Shawinigan
« Par ses propos, le ministre nous démontre que toutes les promesses faites aux élus municipaux en faveur d’une plus grande autonomie pour les villes ne valent rien. Si les villes du Québec n’ont plus de contrôle sur leur niveau de taxes, elles ne contrôlent plus rien. Par ailleurs, pendant que Québec augmente le fardeau fiscal des familles en moyenne de 1 273 $ pour 2015, les augmentations des taxes représentent en moyenne un montant de 70 $ par famille. Le monde municipal n’a aucune leçon à recevoir du gouvernement quant à l’effort demandé aux contribuables pour financer les services publics. » ajoute Maxime Pedneaud-Jobin, maire de Gatineau
« Il y a un monde entre les propos de M. Moreau et l’engagement et l’ouverture démontrés par le Premier ministre et son gouvernement au cours des derniers mois. » - Vicky May Hamm, mairesse de Magog
« Le Québec est à un moment charnière où les gouvernements de proximité et le gouvernement du Québec doivent travailler ensemble. On représente des gens de toutes allégeances. On doit alléger les structures et les lois anciennes, désengorger le système en travaillant ensemble. » - Sylvie Surprenant, mairesse de Sainte-Thérèse
« C’est de l’ingérence, un non-respect de l’autonomie des municipalités et des élus. C’est crucial. J’ai à répondre à mes électeurs. Ce sont eux qui m’élisent, pas monsieur Moreau. » - Alexandre Cusson, maire de Drummondville
« Comment le gouvernement en place peut-il critiquer la gestion des élus municipaux et prétendre ne pas connaître l’ampleur du déficit, lui qui dans les 13 dernières années, a été au pouvoir pendant 11 ans? Je recommande donc aux municipalités de poser un geste concret et de faire réévaluer les bâtiments gouvernementaux afin de réagir à cet affront démocratique. » Guy Larouche, maire de Roberval et président du Caucus des municipalités de centralité de l'UMQ
« Les municipalités sont redevables devant leurs citoyens de leurs services et de leurs infrastructures. Les coupures sont faites sur des revenus d’opération à court terme, alors que les surplus sont des réserves à long terme. C’est à chaque élu municipal d’expliquer ses choix à ses citoyens et de répondre devant eux de ses résultats. » - Claude Haineault, maire de Beauharnois
« Se faire dire de ne pas parler du pacte fiscal à nos citoyens fait preuve d’un manque total de transparence et de respect! Comme si nous allions nous faire couper l’herbe sous le pied sans nous expliquer auprès des citoyens qui nous ont élus; ça n’a aucun sens! J’appuie donc sans réserve la présidente de l’UMQ qui dénonce l’attitude du ministre Moreau. » - Pierre Charron, maire de Saint-Eustache
« Avec la réaction du ministre, nous sommes en droit de nous demander si la volonté avouée de Québec de reconnaître les municipalités comme gouvernements de proximité était sincère. Le ministre ne peut nier que le pacte fiscal a un impact direct sur les revenus des municipalités. Nous avons de services aux citoyens. Les municipalités ont déjà consenti des efforts importants pour participer à l’assainissement des finances publiques amorcé par le gouvernement. » - Guillaume Tremblay, maire de Mascouche
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