Militer pendant la campagne électorale

Par Amélie Marcoux
Leurs âges varient entre 22 et 68 ans. Ils cumulent une cinquantaine d’années de bénévolat. S’ils ont la passion de l’engagement politique en commun, leurs allégeances politiques sont pourtant bien différentes. Pour eux, une campagne électorale, ça doit se vivre sur le terrain. Ils sont les travailleurs de l’ombre pour les quatre principaux partis dans la circonscription de Trois-Rivières.
Joël Rousseau, 22 ans- Bénévole pour le PLQ depuis 4 ans
Au bureau de campagne, Joël Rousseau fait partie des plus jeunes bénévoles. Il a pourtant déjà une campagne électorale sous la cravate. «C’est une passion pour moi! C’est une frénésie qui dure 33 jours que j’adore vivre du jour 1 au jour J. Je ne pourrais pas faire autrement que d’être ici». Il doit pourtant concilier école et bénévolat. Étudiant en communication publique à l’Université Laval, il se rend à Québec deux fois par semaine. Dès qu’il est de retour à Trois-Rivières, il se rend au bureau de campagne et y travaille de cinq à six heures par jour.
Le début de la campagne a coïncidé avec sa semaine de relâche à l’école, ce qui lui a permis de consacrer de 8 à 10 heures par jour à l’affichage. Son expérience de la campagne électorale de 2012 a été mise à contribution: il a été nommé coordonnateur de la logistique de l’affichage. «C’est quand même une lourde tâche l’affichage», dit-il puisque la loi électorale prévoit des restrictions sur l’affichage. C’était donc lui qui indiquait aux autres bénévoles où installer les pancartes en plus de leur montrer comment faire.
Du plus loin, qu’il se souvienne, il a toujours été politisé, mais c’est il y a quatre ans à l’invitation d’un ami qu’il s’est joint à l’Association du Parti libéral du Québec de Trois-Rivières. Il ne cache pas ses aspirations professionnelles:«J’aimerais travailler probablement en politique, donc c’est sûr que ça ne va pas me nuire».
Jonathan Dussault, 22 ans- nouveau bénévole pour la CAQ
Depuis le début de la campagne, une journée type pour Jonathan Dussault est composée de cours à l’université en avant-midi, un dîner en compagnie de Diego Brunelle Diaz le candidat pour lequel il assure les communications, des rendez-vous avec le candidat en après-midi suivi parfois par du porte-à-porte si ce n’est pas une soirée qu’il doit consacrer à son travail étudiant. Ses journées sont bien remplies, les nuits moins longues, mais il ne compte pas ses heures à titre de bénévole. «Quand c’est une cause dans laquelle on croit, c’est plus facile de mettre des heures».
C’est d’ailleurs l’attrait de prendre de l’expérience dans son domaine d’étude tout en pouvant mettre ses idéologies politiques de l’avant qui l’ont poussé à se lancer dans l’aventure de conseiller en communication pour la Mauricie en début de campagne. L’étudiant en communication sociale à l’Université du Québec à Trois-Rivières cumule les expériences de bénévolat, mais il vit présentement une première implication politique. «Pour moi, c’est vraiment le meilleur des deux mondes. C’est un parti dans lequel je crois et ça me permet d’enrichir mon cv».
Il est heureux d’apprendre sur le terrain et l’idée de maintenant porter une étiquette politique ne lui fait pas peur.
Claudie Lavallée, 32 ans- Bénévole pour QS depuis la naissance du parti
Claudie Lavallée compte autant d’années de bénévolat que l’âge de son parti. «C’est avec l’arrivée de Québec Solidaire sur la scène politique québécoise que j’ai eu envie de m’impliquer en politique», dit-elle. Depuis, elle n’a jamais arrêté. Son conjoint est maintenant lui aussi bénévole pour le parti. Il ne l’était pas avant de la connaître, mais quand l’Écho demande à Claudie si le parti a gagné un nouveau bénévole grâce à elle, elle refuse de prendre le crédit. «Il faudrait lui poser la question», répond-t-elle en riant.
Une chose est certaine, le couple partage les valeurs de Québec solidaire et veut les partager au plus grand nombre. Leur implication au sein de Québec solidaire est maintenant une question familiale. Comme Claudie et son conjoint ont une petite fille de deux ans, ils doivent coordonner leurs heures de bénévolat. Avec une vingtaine d’heures seulement pour Claudie, ce n’est pas toujours simple. Quand le parti a besoin des deux parents, des proches ou des amis gardent la petite. La mère de famille croit donc qu’ils sont bénévoles pour le parti eux aussi à leur façon. «Pendant qu’ils s’occupent de notre fille, nous on sait qu’elle est en sécurité et nous avons la tête libre pour pouvoir se concentrer sur le travail que nous avons à faire pour la campagne». Selon elle, un bénévole dans l’ombre pour le parti peut aussi être tout simplement quelqu’un qui expose les idées de Québec solidaire lors de discussions pendant la campagne électorale.
Marcel Gibeault, 68 ans- Bénévole pour le PQ depuis 1976
Alors que beaucoup de sexagénaires profitent pleinement de leur retraite, l’ancien enseignant de philosophie est présent au bureau de campagne du Parti québécois de 8h à 18h30. Puis une fois à la maison, il poursuit souvent son travail de responsable de l’agenda du candidat. «C’est un travail qui est constant du matin au soir», affirme Marcel Gibeault. Le bénévole est toujours fidèle au poste, même le jour de son anniversaire qui concordait avec la visite de l’Écho dans son bureau.
Le retraité du Cégep de Trois-Rivières ne compte plus les campagnes électorales dans lesquels il s’est impliqué. Il est bénévole pour le Parti québécois depuis près de 40 ans. Il se rappelle ses débuts avec le Parti québécois. Celui qui ne cache pas être souverainiste depuis 1976 raconte qu’il donnait ses cours pendant la journée et faisait du porte-à-porte le soir pour convaincre le public de voter pour le parti de René Lévesque. La souveraineté «c’est un projet fondamental de société pour moi», dit-il. Ses meilleurs souvenirs à titre de bénévole pour le Parti québécois remonte donc à 1995. Pour lui, le deuxième référendum «a été un moment fort, puis évidemment ça été une déception. Jusqu’à la fin, on y croyait.»
En plus de ses convictions politiques, Marcel affirme s’être toujours impliqué en campagne électorale puisqu’il croit profondément en la démocratie. Même s’il est officiellement un retraité depuis huit ans, la retraite du bénévolat n’est pas proche. «Tant que je vais avoir les capacités, je vais le faire», promet-il.
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