Un budget d’«occasions ratées»

Par Matthieu Max-Gessler
Le budget du gouvernement du Québec présenté jeudi n’amène rien à la région, critiquent Danielle St-Amand et Donald Martel.
Pour la députée libérale de Trois-Rivières, aucune des mesures présentées par le ministre des Finances, Nicolas Marceau, n’aidera en rien la Mauricie et le Centre-du-Québec à améliorer son sort, notamment suite à la fermeture de Gentilly-2.
«C’est un budget qui oublie les PME. Il n’y a aucun soutien à la création d’emploi, alors qu'il y avait de belles occasions pour Trois-Rivières, mais le gouvernement les a ratées», déplore Mme St-Amand.
Cette dernière refuse d’ailleurs de voir une bonne nouvelle dans l’investissement à venir de 10 M $ dans la filière de la biomasse forestière.
«Ce n’est rien à côté des coupures qu’ils ont annoncées en sylviculture. On déshabille l’un pour habiller l’autre», réagit-elle en faisant référence à l’annonce de l’injection de 147 M $ dans ce secteur par le gouvernement du Parti québécois, soit 23 M $ de moins que ce que les libéraux avaient promis lorsqu’ils étaient au pouvoir.
La députée craint finalement que le Centre hospitalier régional de Trois-Rivières (CHRTR) ne voie ses projets remis en question.
«On sait qu’il y aura des coupures en santé, puisque le gouvernement doit couper pour trois milliards de dépenses. J’espère vraiment que ça ne touchera pas le CHRTR», insiste-t-elle.
Les employés d’ABI «dans le néant»
Le député de Nicolet-Bécancour, Donald Martel, a pour sa part déploré que le ministre Marceau n’ait pas profité du dépôt de son budget pour régler le dossier d’Alcoa.
«La seule note qu’il y a au budget, c’est de dire que l’industrie de l’aluminium est importante, mais il n’annonce aucune entente, alors qu’il rappelle que son gouvernement a accordé un tarif préférentiel à FerroAtlantica. Donc, on laisse les employés d’ABI complètement dans le néant», souligne le député de la Coalition avenir Québec.
M. Martel est par ailleurs partagé sur l’annonce de la fusion de certaines commissions scolaires, ce qui pourrait sembler être un pas vers leur abolition, soit ce que ferait la CAQ si elle était portée au pouvoir.
«Est-ce que c’est un pas vers l’abolition des commissions scolaires? Je ne sais pas. On sait que ce budget ne sera pas adopté alors ça vaut le prix du papier sur lequel c’est écrit», s’interroge-t-il.
«Un budget qui a ses plus et ses moins»
De son côté, la députée de Champlain Noëlla Champagne soutient que les mesures présentées par son collègue seront, dans l’ensemble, bénéfiques pour la région.
«C’est un budget qui a ses plus et ses moins, mais qui est responsable et qui vise la création d’emplois», affirme-t-elle.
La députée du Parti québécois rappelle d’ailleurs que ce n’était pas le document approprié pour faire état des négociations avec Alcoa. Elle sert toutefois un avertissement à l’entreprise.
«Notre gouvernement travaille avec les alumineries qu’elles soient traitées avec équité. Mais il faut qu’elles fassent un bout de chemin si elles veulent qu’on en fasse un. Je suis fatiguée que des entreprises viennent ici, prennent notre argent et s’en aillent ensuite, comme c’est arrivé avec Aléris», prévient-elle.
Questionnée sur la possibilité que des commissions scolaires de la région fusionnent, la députée se fait rassurante.
«On n’en est pas à fusionner des commissions scolaires. On va les visiter et voir si elles remplissent leur rôle correctement. Est-ce qu’on va en regrouper? Je ne sais pas», indique-t-elle, tout en soulignant que les commissions de la région «sont souvent citées comme modèles à Québec, en particulier au niveau de la formation professionnelle».
Finalement, Mme Champagne doute que l’Université du Québec à Trois-Rivières ne voie ses efforts sabotés par les compressions de 60 M $ à venir dans l’aide financière que Québec offre aux étudiants étrangers, alors que l’institution cherche à en recruter davantage.
«Le but n’est pas de les refuser chez nous, mais il faut faire la différence entre les étudiants qui arrivent ici qui sont subventionnés par leur gouvernement et ceux qui sont subventionnés par leurs parents», rappelle-t-elle.
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