Dix conseillers municipaux suffiraient, dit Dufresne

Par Claudia Berthiaume
Catherine Dufresne a annoncé par voie de communiqué, vendredi, qu’elle ferait passer le nombre de conseillers municipaux de 16 à 10, si elle est élue mairesse de Trois-Rivières le 3 novembre prochain. Cette déclaration, qui a eu l’effet d’une bombe lancée dans l’arène politique, a vivement fait réagir ses adversaires.
Catherine Dufresne espère réaliser des économies frôlant le million de dollars sur l’ensemble du mandat. Cet argent serait réinvesti en priorité dans les différents parcs de la ville, entre 2017 et 2020.
La candidate abolirait du même souffle le comité exécutif, jugeant «qu’avec 10 conseillers autour de la table, ce comité n’a plus sa raison d’être.» Elle ajoute, dans son communiqué, qu’«une partie des économies réalisées sera consentie à la rémunération des conseillers afin de leur permettre d’occuper leurs fonctions à temps plein.»
Mme Dufresne considère que cette mesure faciliterait le processus décisionnel, réduirait les conflits potentiels et ramènerait l’harmonie au conseil municipal. Cela ne pourrait toutefois pas être effectif avant 2017.
Réactions
Le maire sortant n’a pas été tendre envers sa collègue du district Sainte-Marguerite. «Je l’appelle Madame Contradiction. Elle a été contre l’amphithéâtre pendant trois ans et demi et là, depuis qu’elle se présente à la mairie, c’est le plus beau projet du monde. Elle était pour le colisée, là elle demande un moratoire. Elle m’a donné un D pour la gestion de la dette, mais elle a voté pour toutes les dépenses. On a voulu faire passer le nombre de conseillers de 16 à 14 il y a un an et demi, parce que c’est le maximum que la loi nous permet, et elle était contre. Là, elle nous arrive avec ça. Avec Catherine Dufresne, tout ce qui était noir est devenu blanc en campagne électorale», a déclaré Yves Lévesque.
Un autre aspirant à la mairie, Pierre-Benoit Fortin, n’est pas allé de main morte à l’endroit de Mme Dufresne. «Elle n’a pas de programme, la fille. Moi, j’ai un programme en 10 points et il est affiché sur mes pancartes. Est-ce qu’elle a regardé les impacts d’une telle mesure sur les citoyens? Est-ce qu’elle a fait un sondage ou une étude? Catherine Dufresne lance toutes sortes de ballounes en l’air pour se faire élire. Il ne faut pas se laisser guider par ses émotions et regarder davantage les choses sérieuses, comme la dette», a-t-il lancé.
De son côté, Marcelle Girard a qualifié l’annonce de son adversaire de « peu sérieuse » en fonction de la loi électorale. «Actuellement, les conseillers ne sont pas tenus d’être à l’hôtel de ville tout le temps. C’est du temps partiel et certains travaillent ailleurs. Si les conseillers qui restent sont à temps plein, ils ne voudront certainement pas le faire pour le même salaire que celui qu’ils ont actuellement. Il faudra augmenter les salaires et l’économie sera très marginale. Il y a des enjeux beaucoup plus important à Trois-Rivières», a soutenu la candidate.
L’idée de Catherine Dufresne ne rejoint pas non plus son ancienne consœur du Groupe des sept, Sylvie Tardif. «Ce n’est pas la mairesse ou le maire qui décide, c’est l’ensemble du conseil municipal. Je trouve que 10, c’est un nombre extrêmement bas pour une ville comme Trois-Rivières. On coupe les services à la population. C’est comme ne pas connaître le travail qu’un conseiller fait sur le terrain. Ça réduit également le nombre de personnes qui voudraient s’investir sans laisser leur emploi. Un poste de conseiller, c’est éphémère», a fait valoir la conseillère du district Marie-de-l’Incarnation.
Le seul clan en faveur de la réduction du nombre de conseillers municipaux est le parti Force 3R. «Ça faisait partie de notre plateforme électorale. Mais, nous, on voulait l’abaisser à 12, parce que c’est ce que la loi permet. Par contre, l’idée de faire des conseillers des employés à temps plein, on n’est pas tout à fait d’accord. Le comité exécutif est un élément important dans le fonctionnement d’une ville. Les élus ne sont pas des fonctionnaires. Ils ont un rôle de supervision et non d’exécution. La proposition de Mme Dufresne me paraît un peu tirée par les cheveux», a mentionné Richard St-Germain.
Aspect légal
Or, à l’article 9 de la loi sur les élections et les référendums dans les municipalités, il est écrit que «le nombre de districts électoraux d’une municipalité est d’au moins 14 et d’au plus 24, pour une municipalité de 100 000 habitants ou plus mais de moins de 250 000 habitants.»
Il est néanmoins possible de contourner cet article en obtenant une dérogation du ministre des Affaires municipales dans l’année précédant les élections, selon Denis Dion, responsable des communications du bureau du Directeur général des élections.
Après avoir été questionnée par les médias à ce sujet, Catherine Dufresne était plus nuancée, vendredi après-midi. «C’est un processus qu’il faut enclencher. Il faudra le passer au conseil municipal et demander la dérogation au ministère, mais il faut commencer quelque part», a-t-elle indiqué, en citant notamment la ville de Québec en exemple, qui a réduit son nombre d’échevins sous le règne Labeaume.
La candidate à la mairie s’est également rétractée sur la notion de conseiller à temps plein. «Je n’ai jamais parlé de temps plein. Les gens vont pouvoir garder leur emploi. Ce que je dis, c’est qu’à 11 autour de la table, ce sera plus facile.»
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