Sondage : Benhabib conforte son avance

Par Guillaume Jacob
Si des élections avaient eu lieu du 23 au 24 août, Djemila Benhabib aurait récolté 38 % des suffrages dans la circonscription de Trois-Rivières, selon un sondage Cible recherche/Quebecor Média Mauricie. Elle aurait ainsi battu de neuf points la députée sortante, Danielle St-Amand, qui arrive deuxième avec 29 % des intentions de vote, après répartition des indécis.
La candidate du Parti québécois augmente ainsi l’écart avec sa rivale libérale. En effet, un sondage Segma recherche/Le Nouvelliste effectué une semaine plus tôt révélait un écart de six points de pourcentage entre les deux candidates.
Le candidat de la Coalition avenir Québec, Andrew D’Amours, arrive troisième avec 21 % des intentions de vote. Charles-Hugo Normand (Option nationale) et Jean-Claude Landry (Québec solidaire) ferment la marche avec 5,9 % et 4,5 % des intentions de vote respectivement.
Retombées médiatiques
Le sondage Cible recherche/Quebecor Média Mauricie révèle que les électeurs de Trois-Rivières connaissent autant sinon davantage Mme Benhabib que leur députée sortante. 54 % des répondants qui sont en mesure de nommer un ou des candidats dans Trois-Rivières connaissent Djemila Benhabib, alors que cette proportion est de 52 % pour Danielle St-Amand.
« Mme Benhabib a obtenu une couverture médiatique importante, tant nationale que locale, dans un très court laps de temps, explique le directeur général de Cible recherche, Jean Laroche. Sa notoriété a été propulsée au même niveau que Mme St-Amand. »
La polémique suscitée par les propos du maire de Saguenay, Jean Tremblay, l’annonce d’une charte sur la laïcité, et la candidature en elle-même de Mme Benhabib a fait passablement de bruit, rappelle M. Laroche. « C’était aussi une auteure connue avant de se lancer en politique, et on l’a présentée comme une "candidate vedette" », ajoute-t-il.
De plus, son statut de « candidate parachutée » semble ne pas trop lui nuire. Plus de la moitié des électeurs sondés affirme qu’un candidat ou une candidate qui vient de l’extérieur a autant de chance de se faire élire qu’un candidat provenant de la circonscription. « Au début de la campagne, on a beaucoup parlé du fait que Mme Benhabib était "parachutée" dans Trois-Rivières. Ce que ces résultats disent, c’est que les électeurs semblent mi-figue, mi-raisin par rapport à ça », analyse M. Laroche.
Le sondage révèle aussi qu’un électeur sur trois est incapable de nommer un seul candidat dans la circonscription de Trois-Rivières.
Bilan positif pour St-Amand
« Mme Benhabib bénéficie de la popularité du PQ », analyse aussi Jean Laroche. 32,3 % des répondants croient que Pauline Marois serait la plus apte à devenir première ministre du Québec, devant Jean Charest (24,5%) et François Legault (22,6%).
En outre, selon le coup de sonde, les électeurs de Trois-Rivières seraient déçus du gouvernement Charest, mais plutôt satisfaits de la performance de leur députée libérale des quatre dernières années. 71 % des répondants se disent insatisfaits du gouvernement sortant alors qu’ils sont 72 % à se dire satisfaits de la performance de Danielle St-Amand. Un résultat à première vue contradictoire, qui illustre bien la dynamique de la présente campagne, croit Jean Laroche.
« Les gens reconnaissent la bonne performance de Mme St-Amand comme députée, mais on sent une lassitude à l’égard du Parti libéral en général. C’est clair que comme stratégie politique, elle doit mettre de l’avant ses réalisations. »
Les jeux sont loin d’être faits
Bien que la campagne électorale tire à sa fin, les intentions de vote sont loin d’être cristallisées. Dans la circonscription de Trois-Rivières, plus de quatre électeurs sur 10 affirment que leur choix pourrait changer d’ici le 4 septembre.
Toujours selon le sondage, c’est la députée sortante Danielle St-Amand qui bénéficie de la base la plus solide. 68% des électeurs qui songent à lui donner leur appui disent que leur choix est définitif. « C’est le classique libéral. Lorsqu’on regarde ces résultats et qu’on les croise avec les groupes d’âge, on voit clairement qu’elle fait le plein de votes auprès des 65 ans et plus. Le Parti québécois, quant à lui, va plutôt chercher la majorité de ses appuis chez les 25 à 34 ans. »
61% de ceux qui pensent donner leur vote à Djemila Benhabib pour le Parti québécois disent que leur choix est définitif.
C’est du côté de la Coalition avenir Québec, représentée par Andrew D’Amours, que l’incertitude est la plus élevée, parmi les trois principaux partis. Plus de la moitié de ceux qui songent à lui donner leur appui affirment qu’ils pourraient changer d’avis d’ici au jour du scrutin.
Selon le sondage, la CAQ rallie seulement la moitié des électeurs qui avaient voté pour l’Action démocratique du Québec et son candidat, Sébastien Proulx, en 2008. 24 % des répondants qui mentionnent avoir voté pour M. Proulx en 2008 ont l’intention de voter pour Djemila Benhabib ce coup-ci ; 17% se rangeraient plutôt du côté des libéraux.
Du côté du Parti libéral et du Parti québécois, plus des deux tiers des répondants qui disent avoir voté pour eux en 2008 affirment qu’ils maintiendront leur appui lors du prochain scrutin. « C’est ce qu’on appelle la base électorale », souligne Jean Laroche.
Méthodologie
Le sondage Cible recherche/Quebecor Média Mauricie a été réalisé les 23 et 24 août dernier, auprès de 595 répondants, selon une méthode d’échantillonnage probabiliste aléatoire. La marge d’erreur applicable est de 4%, 19 fois sur 20. Les résultats ont été pondérés en fonction du sexe et de l’âge des répondants avec les dernières données disponibles de Statistiques Canada.
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