Courriel provenant de l’ex-femme de Martin Gélinas, messages vocaux laissés par l’accusé, « climat de terreur à la maison »; l’ex-conjoint et le mari de Guylaine Beaudoin ont raconté jeudi en cour comment ils auraient été témoin du harcèlement qu’aurait vécu la présumée victime.

L’ex-conjoint de Guylaine Beaudoin n’était plus en couple avec elle depuis près de trois ans quand il a reçu en janvier 2013 un courriel écrit par la femme, à l’époque, de Martin Gélinas. Le courriel était destiné à Guylaine Beaudoin, mais le conjoint et l’ex-conjoint de la présumée victime avaient été inclus dans la liste d’envoi.

Éric Paquette a raconté avoir été surpris de recevoir ce courriel qui était signé: « une fille qui a vu sa famille détruite par Guylaine Beaudoin ».

Le mari de Guylaine Beaudoin, Guillaume Morrissette, a reçu le même message qu’il a qualifié de « hautement diffamatoire ». Il a raconté avoir d’ailleurs répondu à l’auteure du courriel, à la suggestion de son avocat, en lui demandant de « cesser de propager des propos diffamatoires ». Il a ensuite reçu un autre courriel provenant cette fois-ci de Martin Gélinas. «Il m’accusait d’avoir créé de la détresse à sa femme», a-t-il raconté en cour. Il affirme qu’il y avait «un état de névrose totale à la maison. Ça ajoutait au climat de terreur déjà installé». L’avocat de Martin Gélinas, Me Simon Ricard, notera plus tard dans le contre-interrogatoire que Guillaume Morrissette n’avait jamais utilisé les termes « terreur » ou « terrorisé » dans la première déposition donnée aux policiers lors de la plainte formelle le 27 mars 2013. Le témoin a acquiescé du constat.

L’épisode du courriel n’aurait pas été la seule fois où l’ex-conjoint de Guylaine Beaudoin aurait été mêlé à l’histoire. Trois messages laissés par Martin Gélinas sur sa boîte vocale au travail ont été entendus en cour. Martin Gélinas disait vouloir s’excuser parce que sa femme lui avait envoyé le courriel. Dans le message, il dit qu’il a dû divorcer à cause de Guylaine Beaudoin. Il parle d’elle comme « la pire personne que j’ai jamais pu rencontrer dans ma vie ». Il ajoute: « je suis à lutter pour ma vie ». Il affirme aussi que selon ce qu’il s’est fait dire, Guylaine Beaudoin « a fait d’autres victimes ».

Si ces messages ont pu être entendus à la cour, c’est que l’ex-conjoint de Guylaine Beaudoin a tenu bon de les lui faire écouter quand il les a reçus. Elle les a ensuite enregistrés. L’écoute de ces messages en cour semble avoir provoqué des émotions autant chez Guylaine Beaudoin que Martin Gélinas. La présumée victime pleurait et l’accusé se tenait la tête à deux mains.

Lors de son témoignage, le mari de Guylaine Beaudoin a qualifié « d’enfer » ce qu’il dit avoir vécu aux côtés de sa femme pendant la période pour laquelle Martin Gélinas est accusé de harcèlement criminel, soit de mai 2011 à avril 2013. «On était dans la peur constante. J’ai décidé de dormir avec un bâton à côté de mon lit», a-t-il témoigné.

Quatre policiers qui ont été impliqués dans l’arrestation de Martin Gélinas le 4 avril 2013 et le directeur du Service de la protection publique de l’UQTR, Christian Montembault, ont aussi témoigné jeudi.

Rappelons que Martin Gélinas était vice-recteur aux Ressources humaines et Guylaine Beaudoin, directrice des communications, tous les deux à l’Université du Québec à Trois-Rivières à l’époque où le harcèlement aurait eu lieu.

La défense commencera à faire entendre ses témoins vendredi.