Ce qui avait commencé par un flirt, se serait ensuite transformé en insistance, puis en harcèlement se manifestant entre autres par des dizaines de messages textes envoyés à toutes heures du jour et de la nuit, selon ce qu’a raconté Guylaine Beaudoin.

C’est avec le témoignage de la présumée victime que s’est ouvert mercredi au palais de justice de Trois-Rivières le procès de Martin Gélinas, l’ancien vice-recteur aux Ressources humaines de l’Université du Québec à Trois-Rivières. Guylaine Beaudoin, la directrice des communications de l’UQTR dont le contrat qui prend fin le 31 mai n'a pas été renouvelé, a raconté les différents événements qui l’ont menée à déposer une plainte pour harcèlement criminel.

La présumée victime a d’ailleurs eu peine à retenir ses larmes à plusieurs reprises en lisant en cour les messages textes reçus. En une fin de semaine seulement, en février 2013, Martin Gélinas a envoyé une vingtaine de textos, blâmant Guylaine Beaudoin pour tous les problèmes qu’il vivait, dont son départ de l’UQTR. «Félicitations, tu as gagné, j’ai dû quitter mon emploi aujourd’hui». «Votre prochain livre: comment détruire une vie» et «Tu m’as enlevé ma santé et ma dignité» ne sont que quelques exemples de ces messages textes.

Martin Gélinas avait quitté ses fonctions à l’UQTR à cette même période. Il avait par la suite soutenu dans les médias que son départ avait été provoqué par des conflits avec la rectrice, Nadia Ghazzali.

D’autres épisodes d’envois massifs de messages textes sont aussi survenus en mars et avril 2013. Guylaine Beaudoin a raconté avoir eu très peur de la teneur des propos de ces textos, allant jusqu’à en informer les policiers craignant pour la vie de Martin Gélinas puisqu’il manifestait des propos suicidaires. Elle a finalement porté plainte officielle à la police quelques jours plus tard, après qu’il lui eut envoyé un autre message texte et un courriel lui laissant croire qu’il connaissait son agenda. «J’ai eu peur. Je me suis dit: est-ce qu’il va y avoir autre chose que des mots?», a-t-elle confié à la cour. Il a ensuite été arrêté. Elle a reçu un dernier texto quelques jours plus tard. Martin Gélinas est d’ailleurs aussi accusé de bris de promesse puisqu’il a communiqué à nouveau avec elle après son arrestation.

Lors de son témoignage, Guylaine Beaudoin a évoqué d’autres comportements de Martin Gélinas qui avait fait naître de la peur chez elle, allant même jusqu’à installer une application d’alarme d’urgence sur son téléphone intelligent ou encore laisser tomber son habitude de faire du jogging seule. Ce sont toutefois les messages textes qui lui ont laissé «un choc traumatique», comme elle l’a mentionné. Imitant le bruit que fait le téléphone cellulaire lorsqu’un texto est reçu, elle a affirmé: «Je ne suis plus capable d’entendre cette sonnerie. Ça génère une angoisse»

La genèse de leurs liens

La directrice des communications de l’UQTR a commencé à occuper ce poste en janvier 2010. Martin Gélinas avait participé à son processus d’embauche. En octobre de la même année, ils commencent à se fréquenter. Guylaine Beaudoin dit avoir ensuite mis fin à cette période de flirt voyant que Martin Gélinas ne quittait pas sa conjointe comme il a avait dit vouloir le faire. «Je ne souhaitais pas être une maîtresse», a-t-elle affirmée. Selon la présumée victime, Martin Gélinas aurait ensuite insisté pour la revoir. La période de harcèlement se serait déroulée de mai 2011 à mars 2013. Guylaine Beaudoin avait déposé une plainte de harcèlement au travail en novembre 2012.

En contre-interrogatoire, l’avocat de Martin Gélinas, Me Simon Ricard, a suggéré que Mme Beaudoin avait pu être «l’instrument de Mme Ghazzali», la rectrice de l’UQTR. Au moment où Guylaine Beaudoin hésitait à déposer une plainte à l’interne contre M. Gélinas, Nadia Ghazzali faisait elle-même l’objet d’une plainte par Martin Gélinas.

Le contre-interrogatoire de Guylaine Beaudoin se poursuit jeudi.