Vivre de la prostitution

Par Joany Dufresne
Confrontées quotidiennement aux préjugés et à la peur, deux travailleuses du sexe se sont confiées à L’Écho sur leur cheminement, leurs craintes et leurs aspirations.
Parce qu’il n’y a pas deux travailleuses du sexe identiques, la prostitution se dévoile sous diverses apparences. Un seul trait les caractérise toutes: la convoitise de l’argent.
C’est cet aspect «d’argent simple et rapide» qui a amené Karine* vers la prostitution. Âgée de 24 ans, elle désirait un horaire de travail flexible pour pouvoir passer du temps avec ses enfants. Sans diplôme d’études secondaires, il lui était difficile de se trouver un emploi payant.
Quant à Stéphanie*, c’est à la suite à d’un accident d’automobile qu’elle a découvert la prostitution. «J’avais une grosse franchise à payer au débosseleur et il m’a proposé d’être escorte», explique la femme de 36 ans.
Elle aussi maman, elle a vite pris goût à l’indépendance que lui permettait le plus vieux métier du monde.
Les risques du métier
Toutes deux travailleuses du sexe à domicile, Karine et Stéphanie apprécient leur travail, en particulier lorsque les relations se déroulent dans le respect.
«J’aime quand les clients sont gentils et qu’ils m’apprécient. C’est aussi très risqué de me faire maltraiter, mais ce n’est jamais arrivé», affirme Karine.
Si cela ne s’est jamais produit pour elle, ce n’est pas toujours le cas des autres prostituées. Certains hommes les considèrent comme des objets sexuels qu’ils peuvent utiliser comme bon leur semble.
La compétition est aussi féroce dans ce domaine. «Les clients essaient toujours de baisser les prix», avoue Stéphanie.
En plus des troubles avec les clients, les deux femmes vivent avec la crainte constante d’être arrêtées par la police. Avec un dossier criminel, elles pourraient perdent la garde de leurs enfants.
«J’ai peur que ça se sache, d’aller en prison et de perdre mes enfants. Ça serait ça le pire», confie Karine.
Le secret
Parallèlement à la peur des policiers, il y a aussi l’angoisse d’être démasquées.
Sans le crier sur tous les toits, Stéphanie a parlé de sa profession avec son mari et son entourage à l’inverse de Karine.
«Je n’en parle pas, car je sais qu’il y a beaucoup de préjugés et que les gens nous rabaissent sans cesse», dit-elle.
La jeune femme de 24 ans déplore la situation, mais elle n’a guère d’autre choix.
«C’est dur de garder le secret, mais je ne veux pas être jugée ni être vue comme une lâche qui ne veut pas travailler», ajoute-t-elle.
Pour se consoler, Karine se confie aux intervenantes du programme Catwoman de Sidaction Mauricie, avec qui elle peut parler de son métier et de sa vie.
Un avenir différent
Bien qu’elles aiment l’indépendance et l’argent que leur apporte la prostitution, aucune des deux femmes ne souhaite pratiquer ce métier sur une période à long terme.
Karine stipule qu’être travailleuse du sexe lui convient pour l’instant, elle aimerait effectuer un retour aux études en coiffure ou en massothérapie «pour ne pas avoir de patron».
Quant à Stéphanie, elle complète actuellement son cours en massothérapie. Elle projette de mettre un terme à sa carrière dès qu’elle aura établi sa clientèle. Elle affirme cependant que la situation aurait été différente si elle avait été célibataire.
*Les noms ont été modifiés à des fins de confidentialité
1 commentaires
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Je travail temps plein et je n'arrive pas a payer toute mes factures.
Avoir du sexe et être payer , je suis très confortable avec ça.
J'aimerais juste savoir avec qui entrée en contact.