Nous vous présentons la partie 2 de notre dossier sur le centre-ville de Trois-Rivières.

On vise haut à la Ville de Trois-Rivières avec la mise en place de l’Amphithéatre Cogéco. Bien que l’on cherche à attirer une clientèle extérieure avec de gros noms comme le Cirque du Soleil, les commerçants, tenanciers de bars et  restaurateurs situés au centre-ville sont perplexes face au déplacement des activités, sur un site plutôt éloigné de la concentration commerciale. Malgré des investissements importants au cours des dernières années et les nombreux projets, plusieurs réclament une meilleure concertation.

C’est le cas de Tommy Boisvert qui est propriétaire d’établissements au centre-ville. Ce dernier exprime ce que plusieurs pensent : « Le futur du centre-ville reposera sur les actions de nos décideurs. Autant la Ville, la SDC ainsi que la Corporation de l amphithéâtre doivent travailler ensemble et non se lancer la balle. La Ville doit se demander si les dernières actions posées au cours de la dernière décennie ont porté fruit.» affirme-t-il.

« Élargir les trottoirs, réduire le nombre de stationnements sur la rue des Forges, changer l’éclairage de rue, augmenter les frais de stationnement, mettre des parcomètres, c’est difficile à comprendre et surtout, endurer les mendiants accompagnés de leur chien. La SDC doit se demander si elle est vraiment efficace dans ses actions. Je crois que cet organisme se distingue par son manque de leadership. » a commenté l’homme d’affaires.

Ces commentaires s’ajoutent à ceux mentionnés par le restaurateur Stéphane Boucher du Aqua.« On a pas toujours l’impression d’être écoutés par la SDC. Cet organisme est là pour nous appuyer et organiser des promotions concertées avec tous les commerçants du centre-ville. » Il précise toutefois que les commerçants doivent aussi s’ajuster : « Toutefois, les commerçants doivent aussi faire leur part avec une palette de prix qui rejoint tout le monde. Tu peux offrir des repas le midi à un prix plus bas. Pour le soir, les prix sont plus élevés car les repas sont plus élaborés, les gens veulent manger des plats plus raffinés le soir et prendre leur temps. »

Le maire Lévesque l’a mentionné lors de son entretien avec l’Écho de Trois-Rivières. « Il y a 8 500 personnes environ qui travaillent dans notre centre-ville. Mais, c’est certain que si tu offres des repas le midi à 35 $, alors les gens vont aller ailleurs un moment donné. Donc ça passe aussi par une conscientisation de l’offre en rapport avec la capacité de payer des utilisateurs.»

Les consommateurs l’ont clairement exprimé au rédacteur de ce texte : « La vie grimpe trop vite! C’est un autre facteur pourquoi les restaurants en arrache! Ça ne vaut pas le prix. C'est pas rare que la facture monte jusqu'à 70 $ pour 2 plats de pâtes bien ordinaires, avec une bouteille de vin qui coûte 2 à 3 fois le prix de la SAQ.  Avec les taxes de 15% et le 15% minimum de pourboire sur la facture totale, le rapport qualité prix n'est pas au rendez-vous. Moi j'ai le choix d'aller dans un “resto” ou de ne pas y aller. Et à ce prix là, j'espace mes visites . On aurait bien beau de mettre le Titanic au port de Trois-Rivières, le monde n’aura pas plus d'argent dans sa poche pour dépenser. » Un commentaire qui reflète la pensée de beaucoup de gens rencontrés dans les dernières semaines.

Pour plusieurs, tout cela est un signe de mauvais présage pour la suite, notamment avec l’arrivée de l'amphithéâtre, qui risque d’éloigner la population de Trois-Rivières ainsi que les futurs touristes.

A-t-on vraiment pensé à tout avec la mise en place de l’Amphithéatre

Ainsi, l’arrivée de cette infrastructure culturelle suscite plusieurs craintes des propriétaires de commerces du centre-ville et des interrogations des acteurs.

Pourtant, pour le maire Lévesque, la Ville fait ce qu’elle doit pour attirer les futurs touristes qui viendront se divertir à l'amphithéâtre. « Les familles ou gens qui viendront de l’extérieur pour assister aux spectacles et événements en soirée auront tout le loisir de stationner au centre-ville, prendre un repas et ensuite se diriger sur les lieux et passer une bonne soirée. Après cela, ils y reviennent et pourront encore prendre quelque chose avant de prendre la route. On a même prévu un service de navettes entre le site de l’amphithéâtre et  le centre-ville.»

Marie-Ève Croteau directrice de la SDC précise que « Ces touristes pourront demeurer aussi pour une ou deux nuits et, c’est pour cela que notre organisme a rencontré Tourisme Trois-Rivières, afin d’harmoniser certaines promotions et ne pas se dédoubler. Il ne faut surtout pas spéculer négativement. Nous devons travailler ensemble pour bien se préparer et cela passe par une meilleure concertation de tous dans ce dossier. »

M. Boucher pour sa part s’interroge sur le fait que les propriétaires ne peuvent offrir de la restauration sur les lieux mêmes de l’amphithéâtre :« J’aurais bien aimé par exemple être à proximité et faire de la vente de plats du AQUA, un peu comme les roulottes le font à Montréal. Mais il semble qu’on ne peut pas. Alors je me demande : si les gens ne s’arrêtent pas au centre-ville avant de passer leur soirée, comment va-t-on faire notre argent, car rien peut garantir actuellement que les futurs visiteurs vont  vraiment s’arrêter au centre-ville. Moins d’activités reliées au Festivoix, qui va déménager les plus importantes à cet endroit; moins d’activités; des temps plus difficiles économiquement, comment allons nous faire pour s’en sortir? » se questionne le jeune restaurateur.

L’Amphithéâtre COGECO : des touristes surtout

Le maire Lévesque est clair : « La SDC a l’argent pour intervenir avec ce qu’ils ont récupéré monétairement. Maintenant il est important de spécifier qu’on veut le moins de locaux commerciaux possible dans l’environnement de l’amphithéâtre. Il pourrait y avoir une zone commerciale, mais qui sera loin. [...] Je pense que l’amphithéâtre va être un générateur pour la restauration. Environ 30% des gens qui vont à une soirée à la salle J.-Antonio Thompson, vont manger au centre-ville et ce sont des personnes de Trois-Rivières en grande majorité. Pour l’amphithéâtre, ce sont en majorité des touristes qui devront manger avant d’assister aux représentations. Ce sont 3 500 personnes et peut-être plus. Ce n’est pas à négliger. » estime le maire.

Les acteurs économiques ont maintenant un travail d’harmonisation et ils doivent se concerter. La SDC est l’un des agents promoteurs et déjà un plan d’action est en préparation pour redéfinir le rôle de l’organisme et de son intervention dans ce dossier particulier. « Nous présenterons bientôt l’alignement que nous prendrons pour les deux prochaines années à nos administrateurs et nos membres. Mais il est certain que nous seront plus pro-actifs et que nous allons mieux cerner notre intervention » nous précise Marie-Ève Croteau.

Il s’agit là de notre prochain article qui touchera principalement de la perspective de la SDC du centre-ville.

Lire aussi sur notre dossier sur le centre-ville de Trois-Rivières :

• (1)« Les commerçants du centre-ville doivent questionner la SDC et obtenir des réponses » - Yves Lévesque  -»»»  http://bit.ly/1COZ6vc
• (3)La SDC préconise une solide approche terrain et une meilleure concertation -»»»   http://bit.ly/1xyAe89