Ce mandat a été accordé par le ministère de la Santé et des Services sociaux
Héma-Québec sera bientôt le seul distributeur de tissus humains en province
Par La Presse Canadienne
En plus d'avoir le monopole des produits sanguins en province, Héma-Québec sera bientôt l'unique responsable de la distribution de tissus humains pour tous les hôpitaux du Québec. Il ajoutera cette corde à son arc dès décembre 2024.
Ce mandat a été accordé par le ministère de la Santé et des Services sociaux. Les hôpitaux ont déjà été avisés qu'Héma-Québec sera prochainement le seul responsable de la distribution de tissus. L'organisation s'occupe déjà depuis 2001 d'activités de prélèvement et de transformation de tissus.
Certains hôpitaux contactent Héma-Québec pour passer leur commande ou ils s'orientent ailleurs si l'organisme n'est pas en mesure de leur fournir les tissus demandés. Dans d’autres cas, les hôpitaux ont la tâche d’aller identifier des fournisseurs et marchander avec eux pour s'approvisionner.
Environ 50 à 60 % de tous les tissus utilisés dans le réseau hospitalier au Québec proviennent de donneurs prélevés et préparés par Héma-Québec. Le reste provient de fournisseurs à l’extérieur du Québec, principalement sur le marché américain.
À partir de décembre, «les hôpitaux n'auront plus à chercher à gauche et à droite» pour les tissus dont ils ont besoin. Héma-Québec va s'occuper d'identifier les fournisseurs, de s'assurer de la qualité et de la sécurité des produits.
Mais le but premier de la centralisation de la distribution est de s'assurer d'une traçabilité complète de tous les tissus humains qui sont utilisés dans les hôpitaux comme cela se fait déjà depuis plusieurs années pour les produits du sang.
«En termes d'impact évident pour le patient, il n'y en aura pas, sauf qu'il va pouvoir être rassuré que les tissus qui seront utilisés pour une greffe vont avoir été validés, qu'ils proviennent d'une source fiable et que la qualité sera au rendez-vous, a déclaré Marc Germain, vice-président aux affaires médicales et à l’innovation chez Héma-Québec. Et s'il y avait un enjeu de qualité, Héma-Québec sera là pour faire les enquêtes nécessaires pour identifier la source du problème et corriger la situation s'il y a lieu.»
Les tissus humains n'ont pas les mêmes exigences que les organes. Contrairement aux organes, ils ne doivent pas être prélevés pendant que le cœur bat encore ou immédiatement après l’arrêt de la circulation cardiaque.
«On a jusqu’à 24 heures après l’arrêt des fonctions vitales pour prélever les tissus, indique M. Germain. On n’a pas non plus à se soucier d’un phénomène de rejet chez le receveur parce que les tissus ne sont pas très vascularisés. Il y a une certaine réaction immunitaire, mais c’est loin d’être ce qu’on voit pour les organes.»
Cela fait en sorte qu'il y a un bassin de donneurs potentiels beaucoup plus grand pour les tissus humains que pour les organes. Environ 30 à 50 % des personnes décédées peuvent fournir des tissus adéquats pour une greffe, comparativement à 1,5 % pour les organes, soutient M. Germain.
Quand on parle de tissus humains, les plus utilisés dans le réseau de la santé sont les cornées — qui étaient très peu greffées il y a une dizaine d'années au Québec — les peaux, qui sauvent la vie des grands brûlés, les os, qui sont souvent utilisés en chirurgie orthopédique entre autres pour des remplacements de hanche, les tendons, principalement utilisés en médecine sportive, ainsi que les valves cardiaques et pulmonaires.
Il n'y a pas de problème de liste d’attente pour la majorité des tissus humains à l'exception des valves pulmonaires qui sont de plus en plus utilisées par les chirurgiens qui délaissent les valves artificielles pour toutes sortes d'avantages. «On a commencé à identifier des fournisseurs américains qui pourraient avoir des surplus de valves pulmonaires pour pouvoir approvisionner le réseau québécois», a précisé M. Germain.
«S'il y a de l'attente (pour les tissus), c'est davantage lié au fait que ça prend une place à la salle d'opération, mais ce n'est pas parce qu'il manque de tissus que ce type de chirurgie est généralement retardé», dit-il.
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Katrine Desautels, La Presse Canadienne
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