Les GMF de la région ne respectent pas leurs engagements

Par Matthieu Max-Gessler
Malgré plusieurs avertissements du ministère de la Santé, aucun groupe de médecine familiale (GMF) de la région ne respecte ses engagements.
Lors de la signature de son contrat, renouvelable aux trois ans, chaque GMF s’engage à offrir au minimum 68 heures de services par semaine à sa clientèle. Or, des 22 GMF de la Mauricie et du Centre-du-Québec, aucun ne se conforme à cette exigence, selon l’Agence de la santé et des services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec.
«Actuellement, on n’en a pas qui ouvrent 68 heures par semaine», confirme Christiane Lemaire, conseillère en communication à l’Agence.
Pas assez de patients
Moins de la moitié des GMF des deux régions atteignent le nombre de patients demandés par le ministère, soit 1500 par médecin. Seulement 10 cliniques sur les 22 de la Mauricie et du Centre-du-Québec remplissent cette exigence.
Par ailleurs, malgré l’arrivée de nouveaux médecins, peu de GMF acceptent de nouveaux patients, selon l’Agence.
«Les jeunes médecins ont beaucoup d’obligations à l’hôpital, donc ils sont moins disponibles, explique Kim Skorupski, responsable du dossier des GMF à l’Agence. Si un nouveau médecin arrive, ils vont prendre de nouveaux patients, mais des fois, d’autres partent à la retraite. Les patients de ces derniers sont redistribués aux nouveaux arrivants.»
Selon l’Agence, 16 000 personnes sont présentement inscrites au guichet d’accès pour la clientèle orpheline (GACO). Cependant, 74% des Centricois et Mauriciens ont un médecin de famille.
Pas l’unique solution à l’accessibilité
Pour le Dr Pierre Martin, président de l’Association des médecins omnipraticiens de la Mauricie, les GMF ne sont pas un remède miracle pour l’accessibilité à un médecin de famille. S’il ne désavoue pas le modèle, il croit que le ministère de la Santé ne tient pas compte des réalités régionales dans ses critères imposés aux GMF.
«Il y a des jeunes médecins qui travaillent 30 à 40% de leur temps à l’hôpital. On ne peut pas leur demander d’ouvrir le soir et la fin de semaine alors qu’ils le font déjà à l’hôpital», insiste-t-il.
M. Martin rappelle également que Trois-Rivières paie encore pour le gel d’embauche de médecins au cours des années 90.
«On embauche six à sept médecins par année, mais ils arrivent dans un contexte de pénurie importante, alors ils ne suffisent pas à la tâche», indique-t-il.
Un défi de gestion du temps
M. Martin croit toutefois que la situation va s’améliorer. Selon lui, les médecins de la région sont de plus en plus ouverts à réaménager leurs horaires.
«Il y a des efforts en matière d’organisation à faire par l’ensemble des médecins de façon à se rendre plus accessibles. Ça, ils le savent et de plus en plus, il y a un assouplissement de leur part», affirme-t-il.
Du côté de l’Agence de la santé, on croit également que les choses vont mieux aller d’ici quelques années, notamment grâce aux médecins formés en région.
«C’est en train de se placer, avec les facultés de médecine de l’Université de Montréal à Shawinigan et Trois-Rivières, croit Christiane Lemaire. Ça commence à bouger un peu.»
Les GMF de la région
-308 000 patients inscrits
-16 000 patients en attente d’un médecin de famille
-7 M$ en financement du ministère de la Santé