Les avis restent partagés

Par Matthieu Max-Gessler
Si les avis restent partagés sur le projet d’usine d’urée d’IFFCO Canada à Bécancour, ce dernier a reçu un appui inattendu, mardi soir. Le Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec a donné sa bénédiction au projet lors de la deuxième partie de la commission d’enquête du Bureau des audiences publiques sur l’environnement (BAPE), tout en émettant des réserves.
Plusieurs groupes et associations ont répété leur appui au projet d’IFFCO Canada. L’Association des manufacturiers de la Mauricie et du Centre-du-Québec, le Conseil patronal de l’environnement du Québec et quatre coopératives agricoles ont rappelé l’importance de la création d’emplois et des retombées économiques pour la région. Ils ont également souligné les efforts d’IFFCO Canada pour diminuer sa consommation de gaz naturel en se servant de l’hydroélectricité pour alimenter son usine en énergie.
Les Coops Parisville, Covilac, Agrivert et Univert, de la Mauricie et du Centre-du-Québec, ont également affirmé que la production d’urée au Québec est un plus pour les producteurs agricoles.
«Ça nous permettrait d’être à l’abri des soubresauts économiques, politiques et sociaux dans les pays d’Europe de l’Est et du Moyen-Orient où on s’approvisionne présentement», croit Mario Gagnon, directeur général de la Coop Agrivert.
Le CRÉCQ met ses conditions
Le Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec (CRÉCQ) appuie également le projet. L’organisme demande toutefois à IFFCO Canada de trouver des «sources renouvelables» en remplacement du gaz naturel. Il propose également que l’entreprise contribue à un fonds pour «le financement d’initiatives pour la réduction de la dépendance aux énergies fossiles au Centre-du-Québec» et la protection des milieux humides qui seront touchés.
Des craintes subsistent chez les citoyens
La question des gaz à effet de serre (GES) reste toutefois une préoccupation pour plusieurs citoyens et organismes. Le Groupe Orvert, de Charette, et trois citoyens refusent d’appuyer le projet. Selon eux, la future usine fera grandement augmenter la demande de gaz naturel au Québec et, par conséquent, la quantité de GES émise.
«Non seulement les citoyens risquent de subventionner le gaz utilisé pour produire de l’engrais, mais ils verraient ce même pollueur ne payer qu’une petite proportion de ce qu’il devrait payer pour ses émissions de gaz à effet de serre», a dénoncé Marc Brullemans, du Comité vigilance gaz de schiste de la Mauricie.
Les opposants ont aussi remis en question la nécessité de produire ce type d’engrais. Ils craignent également les risques d’explosion ou de fuite d’ammoniaque, une substance toxique qui sera utilisée et stockée par la future usine.
IFFCO reste confiante
Les représentants d’IFFCO Canada ne semblaient pas déçus de l’issue des audiences de mardi soir. Selon Simon Pillarella, vice-président au développement des affaires de l’entreprise, la population est majoritairement favorable au projet.
«Je peux vous dire avec certitude que c’est un projet que les gens veulent, soutient-il. Même s’il y a des craintes émises, ça ne représente pas la majorité des opinions qui nous sont transmises.»
La commission du BAPE se poursuit mercredi après-midi. Elle a reçu 22 mémoires en tout.