Les femmes pourraient «payer la note»

Par Matthieu Max-Gessler
Des intervenants craignent que les femmes soient discriminées par les propositions du gouvernement Marois.
Si le projet de Charte des valeurs québécoises a été créé notamment pour que l’égalité hommes – femmes soit respectée, certains craignent que ces dernières soient plutôt discriminées. Selon Joanne Blais, coordonnatrice de la Table de concertation du Mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM), c’est principalement l’interdiction de porter des signes religieux visibles qui pose problème.
«C’est un des dangers de cette charte, en particulier pour les femmes qui portent le voile. Je crois que les propositions du gouvernement pourraient contribuer à augmenter les inégalités entre les deux sexes, puisqu’il y a beaucoup moins d’hommes qui portent des signes religieux», déclare-t-elle.
Un problème moins visible en région
La militante féministe reconnait toutefois que les problèmes que pourrait causer la Charte seront davantage visibles à Montréal qu’en région.
«Il n’y a pas beaucoup de femmes immigrantes qui participent à nos activités. Mais c’est une réalité à laquelle on va être de plus en plus confronté, même si ce n’est pas quelque chose qu’on doit gérer aujourd’hui», prévient-elle.
Mme Blais précise que la TCMFM n’a pas encore pris officiellement position sur ce sujet.
Pour Lucia Ferretti, historienne à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), si le risque que certaines musulmanes soient discriminées par cette Charte, il est minime.
«Je crois qu’on dramatise la situation. Bon nombre de femmes croyantes sont capables d’accommodements. Mais c’est certain qu’elles vont devoir se poser la question: est-ce que j’enlève mon voile sept heures par jour ou est-ce que je renonce à un emploi dans la fonction publique?»
L’historienne rappelle également que les employés de certaines institutions «parapubliques» auront cinq ans pour prendre cette décision.
Des répercussions chez les enseignants?
Il est difficile de prédire si des enseignantes de la région risquent d’être affectées. Contactée cette semaine par l’Écho de Trois-Rivières, la présidente du Syndicat de l’enseignement des Vieilles Forges (SEVF), Sylvie Théberge, n’était pas en mesure de dire si des membres de son syndicat portent des signes religieux visibles, notamment le voile islamique. Elle se dit toutefois mal à l’aise avec les propositions du gouvernement, bien que son organisation n’ait pas encore pris position officiellement.
«Je ne suis pas très à l’aise avec le titre. J’aurais plutôt aimé une Charte de la laïcité. Je trouve aussi que le fait de conserver des signes religieux à l’Assemblée nationale, ce n’est pas très cohérent.»
La Centrale syndicale du Québec, à laquelle est rattaché le SEVF, a pour sa part salué l’initiative du gouvernement. L’organisation tiendra elle aussi des discussions avec ses membres dans les semaines à venir.