Elle carbure à l’adrénaline

Par Karine Blanchette
Lenny Trudel-Lafrenière est une des quelques femmes à pratiquer le dérapage contrôlé en circuit fermé, communément appelé «drift». Celle qui n’a pas froid aux yeux aimerait bien qu’un plus grand nombre de filles s’intéressent à ce sport automobile pour le moins spectaculaire.
Fille de mécanicien de machinerie lourde, la Trifluvienne passait les temps libres de son enfance dans les garages parmi les moteurs. «Porter des jupes, ce n'était pas mon genre», confie la jeune femme qui travaille comme technicienne en esthétique automobile.
Il y a deux ans, Lenny Trudel-Lafrenière décide qu’à l’instar de son conjoint, Jimmy Houle, elle jouera du frein à main ou de la pédale d’embrayage pour faire déraper sa voiture dans les courbes tout en gardant le contrôle de son véhicule. «On a donc loué la piste à Sanair. C’est là que j’ai appris, sur de l’asphalte mouillé», se souvient la pilote qui souligne l’importance de ne pas s’adonner à ce genre de manœuvres sur la voie publique.
«Sur une piste, il y a des services ambulanciers, une dépanneuse et du personnel qualifié en lien avec l’autodrome», précise celle qui participe aux Drift Thing Nights à l’Autodrome Saint-Eustache. Lors de ces soirées, les amateurs peuvent faire déraper leur bolide toute la soirée, loin des dangers de la circulation automobile, pour la modique somme de 40 $.
«Ce serait plaisant qu’il y ait un circuit à Trois-Rivières, ça pourrait générer des retombées économiques pour la ville tout en amenant des touristes. Il y en a trop des jeunes qui s’énervent dans la rue», déplore-t-elle.
Ne faire qu’un avec sa voiture
Au volant de son Skyline de Nissan modifié pour le dérapage, Lenny Trudel-Lafrenière n’a d’autre choix que d’être dans le moment présent. «Quand j’entre dans la courbe à toute vitesse, mon cerveau se déconnecte du mode normal et se met en mode drift. C’est beaucoup plus technique qu’on peut le penser. Il faut avoir la bonne vitesse, le bon angle, la bonne ligne de course et savoir reprendre le volant quand il le faut», exprime celle pour qui le dérapage, c’est plus mental que physique. «Le sentiment que tu as quand tu es dans ta glisse, ça ne s’explique pas, ça se vit. Je ne fais qu’un avec l’auto. Rien d’autre n’existe», confie-t-elle.
Un sport unisexe
Les pilotes qui s’adonnent au dérapage contrôlé sont majoritairement des hommes. Cela n’empêche pas les quelques filles qui le pratiquent d’être bien accueillies sur les circuits. «Les filles nous encouragent et les gars respectent le fait qu’on prenne le volant. J’aimerais qu’une fille réussisse à occuper une des trois premières positions. Mon rêve, c’est de faire un podium», conclut la jeune femme qui carbure aux sensations fortes.