Dépassements de coûts dans la construction de l’amphithéatre?

Par Claudia Berthiaume
La Ville de Trois-Rivières a reçu, en début de semaine, une mise en demeure de la part du Groupe ADF inc., responsable de la construction de la structure de l’amphithéâtre de Trois-Rivières. L’entreprise estime que des modifications se traduisant par des coûts supplémentaires ont été apportées aux plans et devis et que l’administration municipale lui devrait un montant de 1,8 M$.
Le chef de la direction financière de la compagnie terrebonnienne stipule qu’il s’agit du premier problème que rencontre l’entreprise depuis le début de l’exécution du contrat de l’amphithéâtre. «Ce qu’on demande, ce n’est pas hors du commun, ça arrive. Sur le principe, rien ne sort de l’ordinaire. Normalement, on est capable d’avoir des discussions, mais là le processus n’avance pas alors il faut prendre des étapes légales pour faire avancer les choses, a expliqué Jean-François Boursier. Techniquement, on veut que la Ville sache exactement où on en est.»
M. Boursier indique toutefois que d’autres intervenants, comme des firmes d’ingénierie, sont impliqués dans le dossier. «Il ne s’agit pas d’un problème administratif, les demandes de changements contractuels nous proviennent du côté technique, et ça ne se discute pas avec la Ville directement. Mais ultimement, notre contrat est avec la Ville», a précisé le chef de la direction financière.
Ce dernier n’a toutefois pas voulu se prononcer sur le retard que ces procédures légales pourraient occasionner dans la livraison de l’édifice.
Une stratégie délibérée
En entrevue avec TVA Nouvelles, le maire Lévesque a dénoncé le fait qu’une ville soit obligée de choisir le plus bas soumissionnaire quand il est question d’un contrat de cette ampleur. «Souvent, le plus bas soumissionnaire peut trouver une stratégie pour essayer d’atteindre le deuxième. Ça fait partie des règles du jeu malheureusement. On peut voir que pour cette firme-là, ADF, ce n’est pas une première», a déploré M. Lévesque.
Dans ce cas-ci, le Groupe ADF inc. aurait évalué la réalisation des travaux à 3 M$ de moins que son plus proche rival, selon le porte-parole de la Ville, Yvan Toutant.
Yves Lévesque se défend bien d’être dans le tort dans cette histoire. «À l’interne, on suit le processus de façon rigoureuse. Il y a des lois et des règlements à respecter. Dans la requête, on laisse sous-entendre que nos fonctionnaires ont autorisé cette dépense-là en disant: “on va la passer au conseil après”. Nos employés savent très bien qu’ils n’ont pas le droit de faire ça», a lancé le maire, visiblement choqué.
Si un entrepreneur émet l’hypothèse qu’un contrat pourrait coûter plus cher pour certaines raisons, la Ville soumet cette requête à son ingénieur-conseil, qui eux recommandent ou non au conseil municipal, selon M. Toutant. «L’entrepreneur dit que le contrat vaut plus et qu’il y a eu des retards. Nous, on n’est pas d’accord avec ce qu’il mentionne. L’entrepreneur a fait sa demande, il a reçu sa réponse et il n’est pas content», a-t-il déclaré.
Le premier magistrat convient néanmoins que certaines modifications ont été apportées en cours de route sur le chantier. «Mais on est loin du 1,8 M$. C’est plus près du 100 000$», a-t-il spécifié à TVA Nouvelles.
Le dossier est présentement entre les mains de la justice.