Plus de 7000 bénéficiaires à Trois-Rivières

Par Guillaume Jacob
L’an passé, plus de 7000 Trifluviens et résidants de Saint-Étienne-des-Grès ont bénéficié de services de soutien à domicile dispensés par le Centre de santé et services sociaux de Trois-Rivières (CSSS-TR), qui offre une panoplie de services gratuits.
Au CSSS-TR, on parle de soutien à domicile plutôt que de soins. C’est que les services offerts dépassent la simple consultation médicale. Les bénéficiaires peuvent aussi recevoir, à la maison, des soins et des services infirmiers, de physiothérapie, d’ergothérapie, de nutritionniste et un suivi psychosocial ou de psychoéducation. De plus, des services d’aide au maintien à domicile, comme les soins d’hygiène et l’aide à prendre les médicaments, sont aussi couverts.
Pour recevoir du soutien à domicile, les bénéficiaires doivent d’abord recevoir la visite d’une équipe d’évaluation qui déterminera s’ils sont admissibles. Des listes d’attente existent pour certains services professionnels, principalement en réadaptation, en nutrition clinique et pour les services psychosociaux.
«Nos listes d’attente sont gérées par code de priorité. Selon l’urgence de la situation, les délais peuvent varier», explique Pierre Morissette, directeur du programme aux personnes en perte d’autonomie au CSSS-TR.
Une fois leur admissibilité reconnue, les bénéficiaires voient leurs besoins évalués. C’est à ce moment que sont déterminés les types de services nécessaires et leur fréquence. Tous les services sont gratuits, en vertu de la politique d’universalité des soins.
Besoins grandissants
Le CSSS-TR compte actuellement sur une enveloppe budgétaire d’environ 15 M$ pour assurer l’ensemble des services de soutien à domicile. « On fait le maximum avec les budgets qu’on a, indique M. Morissette. C’est un poste budgétaire qui tend à se développer pour répondre aux orientations ministérielles », ajoute-t-il. Au cours de la dernière année, ce sont 226 000 heures en services de soutien à domicile qui ont été travaillées par le personnel du CSSS-TR.
Trois-Rivières étant une des communautés au Canada dont la population est la plus âgée, il y a fort à parier que les besoins augmenteront au cours des prochaines années.
Le gouvernement Marois a déjà fait savoir le printemps dernier qu’il comptait miser sur le maintien à domicile pour faire face au vieillissement de la population. Le gouvernement évalue que les soins à domicile coûtent trois fois moins cher que l’hébergement en centre de soins de longue durée.
«Dans les orientations ministérielles, il est prévu des budgets de développement pour les années futures, pour répondre à cette volonté des gens de demeurer dans leur milieu de vie le plus longtemps possible», souligne Pierre Morissette. De plus, le ministère de la Santé et des Services sociaux tient compte de la réalité démographique de chaque région dans l’attribution des budgets.
Pour obtenir du soutien à domicile pour soi-même ou l’un de ses proches, la première étape est de contacter le Centre de santé et services sociaux de Trois-Rivières : (819) 370-2100. Des programmes d’aide financière existent aussi pour donner du répit aux proches aidants.
Demeurer chez soi malgré la maladie
Pour Jean-Paul Carignan et sa conjointe, les soins à domicile constituent un baume sur un quotidien assombri par la maladie.
Atteint d’une maladie dégénérative, Jean-Paul Carignan reçoit depuis 2005 la visite Bernard Bazin. Le préposé vient généralement à plusieurs reprises durant la semaine, pour l’aide au bain.
N’eut été Interville, la coop de solidarité en soins et services qui dépêche M. Bazin, la conjointe de Jean-Paul Carignan aurait probablement dû quitter son emploi. Autrement, M. Carignan avait aussi envisagé de s’installer dans un centre d’hébergement. Aujourd’hui, il est heureux de pouvoir compter sur de l’aide à domicile.
«Ça coûte plus cher un gars malheureux en centre d'hébergement qu’un gars heureux à la maison», suggère-t-il, assis dans le magnifique jardin de son arrière-cour.
Avec le temps, Jean-Paul Carignan et Bernard Bazin ont développé une complicité et une confiance qui se remarque. D’ailleurs, M. Carignan apprécie le fait que ce soit toujours le même préposé qui s’occupe de lui. « Bernard, ça fait des années qu’il me connaît, qu’il connaît mon état et mon sens de l’humour !»
Pour Bernard Bazin, qui a aussi travaillé en centre d’hébergement, les soins à domicile permettent un meilleur confort physique, mais aussi psychologique. «La personne qui est chez elle est dans un lieu où elle se retrouve et qui lui appartient», fait-il remarquer.
«Quand "le psychologique" va, tout va, même si le corps défaille», ajoute Jean-Paul Carignan.
Et pour plusieurs, les soins à domicile permettent de briser l’isolement, constate Bernard Bazin.
Surveillance
Jean-Paul Carignan et Bernard Bazin croient tous deux que les gouvernements devraient miser davantage sur les soins à domicile. Toutefois, ils insistent sur la nécessité d’implanter des mesures de contrôle de la qualité des soins. «Il y a des gens qui sont vulnérables, note M. Carignan. Il faut des chiens de garde, des gens qui font le tour des clients pour s’assurer qu’il n’y ait pas de maltraitance.»