Les prisons de Bill Weisman

Par Joany Dufresne
Bill Weisman s’est retrouvé derrière les barreaux plus d’une fois dans sa vie, en plus de vivre dans «sa prison intérieure». Après avoir vécu de longues années de malheur, il a pu se libérer de ses souffrances en devenant guide à la Vieille prison de Trois-Rivières.
La jeunesse de Bill Weisman n’a pas été des plus heureuses. Né en 1960 à Montréal, il grandit dans un climat familial dysfonctionnel basé sur la haine.
Très jeune, il commence à consommer du pot et du haschich pour, à 14 ans, consommer des drogues dures.
«J’ai eu accès à beaucoup de drogues à un jeune âge, explique Bill. J’ai grandi avec le plus grand importateur de haschich au Canada qui, par la suite, est devenu le plus grand aussi pour la cocaïne.»
Les années passent, Bill consomme et vend tout en se tenant loin des gangs de rue. Il se fait beaucoup d’argent. Il travaille aussi durant huit ans dans le milieu musical, où la drogue est omniprésente selon ses dires. Agissant en tant que gérant de production, il s'occupe d’artistes tels que Stevie Ray Vaughn, Elton John, Dire Straits et plusieurs autres.
«Malgré tout le côté "Jet Set" et les tournées d’est en ouest du pays, je n’étais pas heureux. Jamais je ne me suis senti bien. J’étais, sans m’en rendre compte, dans une prison intérieure. Si physiquement, je ne m’étais pas encore rendu dans un établissement carcéral, je vivais en prison!» confie Bill.
Derrière les barreaux
En raison de sa consommation, Bill perd le contrôle sur sa vie. il est même arrêté par la police. Sur une période de 30 ans, il accumule les séjours en prison. Il est incarcéré de six à sept fois dans les prisons de Bordeaux, de Rivière-des-Prairies, de Trois-Rivières et même du Maroc pour des peines de 3 semaines à six mois.
«Durant toutes ces années, j’ai eu des périodes d’abstinence où j’étais toujours vide intérieurement. Certaines personnes vont consommer des biens, vont s’offrir des objets de luxe pour combler leur vide, moi je consommais de la drogue», affirme l’ex-détenu.
Le chemin de la guérison
Pour s’en sortir, Bill Weisman enchaîne les thérapies et les cures de désintoxication. Il se rend même en psychiatrie à quatre reprises. «Je voulais mourir», dit-il.
C’est à 46 ans que le toxicomane voit enfin la lumière au bout du tunnel. Condamné à faire des travaux communautaires, il décide de les réaliser à la Vieille prison de Trois-Rivières. Ne consommant plus depuis quelques semaines, il devient guide. Il commence ainsi à raconter sa vie, ses souffrances et sa misère.
«J’ai découvert que si je m’étais exprimé dans mon jeune âge, ma vie aurait sûrement été très différente. Je retrouvais goût à la vie. Je donnais de l’espoir aux gens et je recevais plusieurs messages positifs et des témoignages de gens qui me disaient que je les avais aidés. Ma vie avait maintenant un sens!», exprime Bill.
Aujourd’hui âgé de 53 ans, Bill Weisman est sobre depuis 10 ans et il ne boit plus d’alcool depuis près de sept ans. Il a aussi cessé la cigarette il y a quatre ans. En compagnie de sa copine et de leur fille de 7 mois, il est désormais heureux.
«Je ne dis pas que c’est toujours facile, mais je peux dire maintenant que mon vide intérieur est transformé en un jardin fleuri», conclut-il.