Les chantiers bloqués

Par Nicolas Ducharme et Agence QMI
Depuis minuit, les 175 000 travailleurs de la construction ont délaissé leurs outils pour dresser des piquets de grève devant les chantiers désormais paralysés.
«Aucun travailleur ne voulait en arriver à ce moyen ultime. La partie patronale ne nous laisse pas le choix», a indiqué Yves Ouellet, porte-parole de l’Alliance syndicale, lors d’un point de presse tenu à Montréal, hier après-midi.
Les différents syndicats ne sont pas parvenus à s’entendre avec la partie patronale. Depuis minuit, toutes les opérations en cours sur les chantiers de construction à travers la province ont cessé. L’Alliance syndicale invite ses membres à respecter l’ordre de grève et à ne pas se présenter au travail ce matin.
«Les patrons doivent entendre raison et respecter nos travailleurs qui sont la pierre angulaire de leurs entreprises, a souligné M. Ouellet. Nous sommes conscients que cette grève aura des conséquences, mais nos travailleurs doivent protéger leurs conditions de travail et le bien-être de leur famille.»
Plusieurs chantiers aux arrêts en Mauricie
La Mauricie et le Centre-du-Québec n’ont pas échappé à cette grève générale illimitée, la première depuis 27 ans. Quelques centaines de travailleurs se sont réunis à l’Hôtel Urbania de Trois-Rivières sur le coup de 7 h pour une réunion syndicale d’une durée de 30 minutes, après quoi plusieurs ont pris le chemin des différents chantiers de la région afin de s’assurer que tous étaient fermés.
«Nous allons avoir des patrouilles d’information pour les travailleurs qui ne sont pas au courant de la grève et qui se font forcer la main pour travailler», a mentionné Sylvain Paquin, représentant de la FTQ et porte-parole de l’Alliance syndicale pour la région, qui est la voix d’environ 2000 travailleurs en Mauricie.
Aucun travailleur ne se trouvait sur les sites en construction de Trois-Rivières sur Saint-Laurent, du viaduc de l’autoroute 55 à Bécancour et du magasin Target au Centre commercial Les Rivières. Les chantiers comme le pont Duplessis, à Trois-Rivières, ainsi que le carrefour giratoire de Shawinigan ont aussi été ciblés.
«Nous visions tout d’abord les gros chantiers pour ensuite nous étendre dans les plus petits partout en région, a dévoilé M. Paquin. Il n’y aura pas de roulotte ou de piquetage devant les endroits, on ferme tout simplement le chantier. Dans la plupart des cas, nous avons la collaboration de l’employeur.»
« Pas une solution »
L’Association de la construction du Québec (ACQ) a vite réagi à la suite de cette annonce de grève générale. Elle admet s’être prêtée à un exercice de négociation afin d’éviter une telle tournure. «Malgré des demandes patronales modifiées et une offre monétaire réaliste, l’Alliance a rejeté nos propositions en exigeant le retrait de quatre des cinq demandes patronales», a-t-elle dit, rappelant la légalité de cette grève.
L’Alliance syndicale avait rejeté samedi une offre monétaire qui prévoyait de réduire le temps double à temps et demi, jugeant cette offre «ridicule». Elle n’allait donc pas retourner à la table des négociations tant que l’instauration du temps et demi ne serait pas envisagée.
«Nous espérons que ce conflit pourra se régler rapidement», a conclu Yves Ouellet.
Du côté du gouvernement, la ministre du Travail, Agnès Maltais, n’a pas commenté la situation dimanche, mais selon des informations obtenues par l’Agence QMI, une loi spéciale qui casserait le mouvement de grève n’est pas à l’ordre du jour. Le ministère souhaite plutôt que les deux parties continuent à négocier.