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Des experts du nucléaire déboulonnent les mythes

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18 octobre 2012
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Par Guillaume Jacob
BÉCANCOUR - 

Une brochette d’experts du domaine nucléaire était de passage à Bécancour le 17 octobre pour remettre les pendules à l’heure sur plusieurs aspects trop souvent galvaudés dans le dossier de la fermeture de Gentilly-2.

Le démantèlement de la centrale ne permettra pas de développer une expertise locale, a affirmé d’entrée de jeu Michel Rhéaume, directeur de projets chez RHEM technologies, une entreprise spécialisée en sécurité et gestion de risque.

« Il faudra attendre 30 à 45 ans – la période de dormance prévue par Hydro-Québec – avant de commencer le démantèlement », a-t-il fait remarquer. À ce moment, le Québec risque de ne plus pouvoir compter sur les experts d’aujourd’hui.

M. Rhéaume craint donc de voir mourir à petit feu le savoir-faire québécois en matière nucléaire. Une perspective qui le désole d’autant plus que cette expertise est en demande à travers le monde, de l’Argentine à la Roumanie en passant par la Chine.

Côté économie, Paul Lafrenière, directeur général de JPL Management Consultant, une entreprise spécialisée dans le nucléaire, a tenu à rappeler qu’au cours de ses 28 années d’opération, Gentilly-2 avait rapporté des profits de 6 milliards $ à Hydro-Québec.

M. Lafrenière, qui a été chef de service technique à la centrale, croit même qu’il serait possible d’exploiter Gentilly-2 pendant cinq ans encore avant de procéder à la réfection. Selon lui, il est primordial de conserver les actifs de la centrale tant et aussi longtemps que la question n’aura pas fait l’objet d’une consultation plus élargie. Il a remis en doute les conclusions du rapport d’Hydro-Québec sur les coûts de réfection.

Dernier espoir : commission parlementaire

Les experts conviés le 17 octobre sont ceux que consultent depuis plusieurs semaines déjà les Chambres de commerce du Cœur-du-Québec et de Trois-Rivières, organisateurs de la soirée.

« Avant de défendre le dossier, je me devais de m’informer sur tous les aspects de la centrale, pas seulement celui des retombées économiques, a expliqué Jean-Denis Girard, président de la Chambre de commerce du Cœur-du-Québec. C’est après avoir consulté ces experts qu’on a décidé de défendre la réfection. »

Son dernier espoir se raccroche à la mise sur pied d’une commission parlementaire sur l’avenir de Gentilly-2. Les partis d’oppositions (CAQ et PLQ) se sont engagés à proposer une motion en ce sens lors de la reprise des travaux à l’Assemblée nationale, dans deux semaines.

« Le gouvernement ne veut pas nous rencontrer parce qu’il sait qu’on est blindés sur les faits », croit Jean-Denis Girard. « La commission parlementaire est notre seule issue. » Selon lui, les travaux d’une telle commission seraient l’occasion de rassurer une grande partie de la population du Québec, dont il avoue qu’elle n’est pas en faveur de la réfection.

Impacts collatéraux

Ce n’est pas qu’à Bécancour que la fermeture de Gentilly pourrait avoir des répercussions. Le professeur Claude Barbeau, présent à la rencontre du 17 octobre, craint de voir disparaître le laboratoire de radioécologie de l’Université Laval où il est impliqué depuis plusieurs années. C’est ce laboratoire qui surveille les impacts des activités de la centrale sur l’environnement.

M. Barbeau a d’ailleurs profité de sa tribune pour réitérer que la centrale ne représente aucun risque sur la santé. Son laboratoire a procédé à des mesures annuelles du niveau de radioactivité dans le rayon de la centrale pendant 12 années consécutives. « Les doses de radiation sont plus élevées dans plusieurs outils diagnostiques du domaine médical qu’aux abords de la centrale », a-t-il comparé.

Son collègue, Dominic Larivière, était aussi de la partie. « Même si on ferme la centrale, les problématiques liées à la radioactivité seront toujours présentes au Québec, a-t-il noté. C’est important de garder une expertise en radioécologie. »

Guy Marleau, professeur au Groupe d’analyse nucléaire de Polytechnique, déplore la décision d’Hydro-Québec de se retirer de la chaire industrielle Hydro-Québec en génie nucléaire.

 

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