Le destin de Christian Veillette a changé brusquement dans une courbe de la route 155, près de La Tuque, le 10 juillet 2011. Ce jour-là, trois de ces compagnons motocyclistes et lui ont été fauchés par une automobile venant en sens inverse et ayant dévié de sa route. Si l’accident lui a ravi des amis et l’usage d’une jambe, il ne lui a pas enlevé le goût de rouler à moto.

Christian Veillette se souvient très bien de ce 10 juillet, et de ce fatidique fragment de seconde : la voiture qui fonce vers lui au détour de la courbe, la chute sur le bitume et l’impact. L’automobiliste, victime d’un malaise cardiaque (voir autre texte), va trouver la mort. Deux motocyclistes sont tués sur le coup et un autre périra quelques jours plus tard à l’hôpital.

« Je suis retourné sur le site il y a trois semaines, raconte M. Veillette. Il y avait encore des débris dans les fossés et des traces de pneu sur la chaussée. »

L’homme de 44 ans a survécu au prix de quatre mois d’hospitalisation, d’un bassin carrément reconstitué et d’une prothèse à la jambe droite. Bien qu’il soit condamné à marcher avec des béquilles pour le restant de ses jours, il se considère « très chanceux ».

« Une des premières choses que je me suis dites, étendu sur mon lit d’hôpital, c’était que j’allais refaire de la moto. C’est toute ma vie », résume celui qui a eu sa première mobylette à 13 ans. Il faut dire qu’il aura les encouragements de plusieurs de ses compagnons de route. La fratrie de la moto est tissée serré dans la région, semble-t-il. « De mes quatre mois à l’hôpital, je n’ai compté qu’une journée où je n’ai pas eu la visite d’amis motocyclistes. »

Mais plus que tout, c’est la perspective de rouler à nouveau qui l’aide à persévérer tout au long des mois en réadaptation après sa sortie de l’hôpital.

Pas une once de peur

Un ami concessionnaire de motocyclette lui dégotte une moto adaptée à ses nouveaux handicaps – deux roues à l’arrière, les deux freins ainsi que l’embrayage au guidon.

Au moment de remettre les deux mains sur le guidon pour la première fois depuis l’accident, pas une once de peur, confie M. Veillette. « Seulement un moment de liberté, après quelque huit mois passés en quasi-captivité, entre le fauteuil roulant et les béquilles, à dépendre de tout le monde. »

Déjà, Christian Veillette a quelques petits périples aux États-Unis de prévus pour cet été avec des compagnons de moto. « C’est sûr, je ne peux pas rouler aussi longtemps qu’autrefois, mais on va s’adapter ». Sans pour autant oublier cette journée du 10 juillet, M. Veillette fera la preuve qu’il est possible de poursuivre sa route après tel événement.

Victime d'un malaise cardiaque

Dans un rapport déposé le 27 avril dernier, le coroner Jean-Pierre Blais confirme ce que plusieurs soupçonnaient. C’est un malaise cardiaque qui est à l’origine de l’accident.

Le conducteur de la voiture, Lening Rowluck, 85 ans, a été victime « d’un grave malaise vasculaire aigu » écrit le coroner Blais dans son rapport. « Les différents témoins rencontrés ont déclaré une conduite erratique chez M. Rowluck depuis environ une demi-heure [avant l’accident] », alors qu’il roulait en direction sud.

À la hauteur du kilomètre 90, l’homme a perdu le contrôle et s’est retrouvé dans la voie de gauche. Son véhicule est allé percuter une remorque fermée avant de frapper les quatre motocyclistes qui venaient en sens inverse.

Le décès de M. Rowluck a été constaté à l’urgence du centre de santé et service sociaux du Haut-St-Maurice.