Prêts contre l'intimidation

Par Guillaume Jacob
Alors qu'un projet de loi vient d'être déposé à l'Assemblée nationale pour contrer l'intimidation et la violence à l'école, la commission scolaire Chemin-du-Roy dit avoir élaboré depuis un an son propre plan d'action. L'Écho a visité l'école Beau-Soleil pour voir comment on s'attaque au problème.
Dans les couloirs aux murs colorés de l'école Beau-Soleil, Louise Guay veille à ce que l'intimidation ne vienne pas ternir le quotidien des élèves. La psychoéducatrice est une des deux « intervenants pivots » qui sont affectées en permanence à régler les cas de violence et d'exclusion dans cette école du secteur Pointe-du-Lac.
Depuis deux ans, chaque établissement de la commission scolaire Chemin-du-Roy doit désigner parmi son personnel au moins un intervenant comme Mme Guay, spécialement attitré à la question de l'intimidation.
« Mais pour repérer les cas d'intimidation, nous avons besoin de toute l'équipe de l'école, souligne la psychoéducatrice. Les premiers sur la ligne de feu sont les enseignants, mais aussi les élèves eux-mêmes, qui sont les premiers témoins. »
Des ateliers sont organisés dans toutes les classes pour faire comprendre aux élèves qu'ils doivent dénoncer les situations dont ils sont victimes ou témoins. « On leur explique la différence entre bavasser et dénoncer, comment demander à quelqu'un d'arrêter de nous importuner, explique Mme Guay. Les "sixièmes années" ont droit à des visites des policiers, car à leur âge, les actes d'intimidation peuvent mener à des conséquences judiciaires. »
Le phénomène de la cyberintimidation est aussi abordé. « Nous avons des élèves de troisième année qui sont sur Facebook », souligne Louise Guay.
Chacun des quelque 70 employés de l'école Beau-Soleil a aussi été mobilisé. « Les élèves savent que peu importe à quel adulte ils s'adressent dans l'école, ils seront écoutés », explique la directrice, Martine Leboeuf.
La stratégie prônée par la commission scolaire mélange donc prévention et intervention et est appliquée dans chacune des écoles.
Rééduquer plutôt que punir
Lorsqu'un cas d'intimidation est repéré, Louise Guay travaille tant avec l'enfant intimidé qu'avec l'intimidateur. Car les bourreaux connaissent souvent eux-mêmes leur part de difficulté, explique la psychoéducatrice. « On doit leur réapprendre à travailler avec les autres, on doit développer leur sociabilité. »
Si les élèves qui posent problème peuvent être retirés le temps de clarifier la situation, la répression n'est pas la stratégie préconisée par la commission scolaire, souligne Jacques Moore, coordonnateur aux services complémentaires. « Les parents ont parfois l'impression que rien n'est fait parce qu'il n'y a pas de punition imposée. Mais les actions sont posées dans une optique éducative. Nous avons aussi la responsabilité d'éduquer les intimidateurs. »
Une des exigences du projet de loi pour contrer l'intimidation est d'obliger les écoles à recenser les cas. À l'école Beau-Soleil, c'est déjà chose faite. Les enseignants doivent remplir des fiches de signalement pour chaque cas abordé.
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