Les moisissures lui empoisonnent la vie

Par Nicolas Ducharme
Victimes de leur âge et de la négligence de leur propriétaire, certains logements de Trois-Rivières deviennent totalement insalubres. Une situation difficile pour plusieurs locataires qui n'ont pas les moyens de déménager.
Le 31 décembre 2009, la rupture d'une bornefontaine a inondé le sous-sol du logement de Claude Normandin, situé sur la rue du Père Frédéric au centre-ville de Trois-Rivières. Bien que quelques travaux y aient été effectués, aucun n'a permis de colmater les failles. Depuis, l'eau est parvenue à faire son chemin dans le sous-sol à deux autres reprises. En décembre dernier, il était possible d'y faire flotter des objets puisqu'un pouce d'eau emplissait le sous-sol.
Malgré ces trois inondations, M. Normandin attend toujours que des réparations soient effectuées. Lorsqu'on entre dans son appartement, on perçoit immédiatement une forte odeur que le locataire attribue à la présence de moisissures. Sa santé s'est d'ailleurs détériorée dans les derniers mois.
« Lorsque je respire, il y a un râlement dans mes bronches. J'ai aussi très mal aux reins », explique-t-il. M. Normandin n'hésite pas à montrer les photos des dommages causés par les inondations dans le sous-sol du triplex. Il ne peut toutefois plus y accéder, puisque son propriétaire a cadenassé la porte menant à l'endroit. « Je lui ai dit que c'est dangereux. Il pourrait y avoir le feu et on ne pourrait pas y accéder »,
avise l'homme. Malgré plusieurs plaintes, son propriétaire ne semble pas pressé d'effectuer les travaux.
Des conditions économiques qui n'aident pas`
Selon Yvan Toutant, porte-parole de la Ville de Trois-Rivières, la récession a beaucoup à voir avec l'état des logements à Trois-Rivières.
« Quand l'économie est plus difficile, on voit une recrudescence des cas. C'est très souvent les classes les plus pauvres qui sont touchées. »
Dans les dernières années, Trois-Rivières n'a pas enregistré de hausse de cas d'insalubrité notable. Toutefois, M. Toutant note que les gens sont beaucoup plus rapides à se plaindre. « Quand un bâtiment est délabré, le proprio risque de ne pas effectuer de réparations. Les loyers sont donc moins chers, mais puisqu'ils sont habités par des gens qui ont moins d'argent, le propriétaire ne veut pas investir. C'est une roue qui tourne. »
D'ailleurs, deux bâtiments de Trois-Rivières ont dû être démolis dans les dernières années puisqu'ils étaient trop insalubres et dangereux pour être rénovés.
Aucun désir de déménager
Étonnamment, malgré ces difficiles conditions de vie, Claude Normandin ne compte pas déménager. Il aime l'endroit où il réside depuis huit ans.
« J'ai un jardin à l'arrière, c'est mon passetemps. Je ne connais pas beaucoup d'endroits où je pourrais faire ça. De plus, je suis au rez-de-chaussée. Je ne voudrais pas vivre sur un étage supérieur. »
L'Écho a tenté sans succès de joindre le propriétaire afin d'avoir sa version des faits.
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