Jeu pathologique: attention à nos aînés

Par Nicolas Ducharme
Si le problème de la dépendance au jeu commence à faire de plus en plus son chemin dans la conscience des Québécois, un aspect de celui-ci reste tabou : le jeu pathologique chez les personnes du troisième âge.
Une visite rapide au Salon de jeux de Trois-Rivières sur l'heure de l'après-midi permet de constater un fait choquant. Sur la cinquantaine de personnes assises devant les machines à sous, 80% ont atteint l'âge de la retraite. Parmi celles-ci se trouvent des joueurs excessifs, qui dépenseront les économies d'une vie dans ces machines. Combien d'entre eux l'avoueront ? Très peu.
Diane Boisselle, de l'Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR), connait bien le sujet. Depuis plusieurs années, elle s'attaque à cette problématique et a même entamé un doctorat à l'UQTR portant sur le jeu excessif chez les ainés. « Ce que je me rends compte, c'est que les personnes âgées qui réalisent qu'ils ont un problème de jeu préfèrent le cacher. Ils préfèrent ignorer le problème, ce qui cause de graves répercussions sur la famille. »
L'ennui est le facteur principal qui pousse les ainés vers les casinos selon elle. « Le portrait type est une personne âgée qui se retrouve seule. Au début, ses enfants vont aller la visiter, mais progressivement, ils vont reprendre leur vie normale. C'est à ce moment qu'elle va vivre de la solitude. »
Des voyages nocifs
Exposés à la solitude, plusieurs aînés ont pris l'habitude d'aller visiter les casinos. Il est d'ailleurs très commun de voir des voyages organisés en direction des différents centres de jeux québécois.
Madame Boiselle n'hésite pas à s'insurger contre cette pratique. Selon elle, ce type de voyage est à la source du développement de problème de jeu excessif. Elle n'hésite pas à condamner Loto-Québec qui subventionne les transporteurs. « Les participants se font souvent remettre un bon qu'ils transforment en jetons. S'ils ont le malheur de gagner, ils vont vouloir y retourner. »
Du côté de Loto-Québec, on défend la pratique. « Nous croyons qu'il y a un côté social intéressant lors de ces voyages (.) Les gens qui empruntent ces autobus sont avec leurs conjoints, amis et concitoyens. Ce ne sont pas pour nous des conditions propices au jeu compulsif », explique Jean-Pierre Roy de la société d'État.
La proximité fait mal
La présidente de l'AQDR Trois-Rivières ne jette toutefois pas la pierre uniquement en direction des casinos. Les appareils de loterie-vidéo situés dans les divers endroits de la ville favorisent eux aussi le jeu compulsif. « Allez voir dans les endroits comme les bars et les allées de quilles. C'est toujours plein de personnes âgées. C'est l'effet de proximité qui rend ça pire. »
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