À coups de hache dans la machine

Par Nicolas Ducharme
Si certains aînés accrocs au jeu ont fait le choix de se suicider, André Beaudoin lui a pris une décision tout aussi radicale. Il a démoli à coup de hache les machines de loteries vidéo du Café La Pérade où il avait pris l'habitude de jouer.
C'était le 7 janvier 2008. Ce matin-là, André Beaudoin avait retiré 600$ à la caisse pour payer le loyer et les diverses factures du mois. Mais en se rendant à son domicile, il s'est arrêté dans le resto-bar où il avait l'habitude d'aller. À l'image de bien d'autres, il a englouti toute cette somme dans les machines de loteries vidéo.
Cette fois, c'en était trop pour l'homme qui était aux prises avec cette dépendance depuis sept ans. « J'ai embarqué dans ma camionnette et je m'en allais chez moi avec l'intention de me suicider. C'est là que j'ai vu le manche de ma hache. Je l'ai pris et je suis entré dans le bar. Je ne comprenais pas vraiment ce que je faisais. J'ai dit au monde de se calmer et que je n'allais pas les attaquer, mais qu'ils ne devaient pas m'achaler. C'est là que la hache a fait son œuvre. Je suis passé à travers les six machines qui étaient là. Quand j'ai vu que les trous n'étaient pas assez grands, j'en ai refait. »
Cette folie passagère lui aura servi de thérapie. « C'est ce qui m'a sauvé. Lorsque j'ai passé la porte, je savais que je n'allais plus jamais jouer. » Le septuagénaire aura finalement obtenu une absolution inconditionnelle après avoir plaidé coupable devant le juge.
125 000$ gaspillé
Le retraité de 79 ans estime qu'il a perdu 125 000$ en étant devenu esclave des loteries vidéo, en plus de devoir vendre son chalet pour payer ses dettes de jeu.
Pourtant, M. Beaudoin n'a pas le profil type du joueur compulsif. Travailleur acharné, il a passé sa vie sur différents chantiers au travers l'Amérique. « Je suis un enfant de Duplessis. Je n'ai pas eu de jeunesse, alors je me suis dit que ma vieillesse allait être belle. Mais Loto-Québec est venue me chercher ça. »
C'est en passant quelques moments dans le resto-bar voisin de son appartement qu'il est tombé dans l'enfer du jeu excessif. « Ce sont les autres joueurs qui m'ont encouragé à essayer. Je voyais les autres mettre un 5$ et en retirer 300$. J'ai commencé avec un 2$ et ça n'a plus arrêté. »
Ses économies envolées, il devait même se nourrir avec des produits périmés pour survivre.
Maintenant déménagé loin du lieu où il a dilapidé toutes ses économies, André Beaudoin livre un message clair à ses pairs. « Il ne faut jamais essayer ça. Personne ne sort gagnant de ces jeux. »
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