10% des jeunes prennent des amphétamines

Par Nicolas Ducharme
(Trois-Rivières)Speeds, pills, pinottes sont tous des termes pour définir l'amphétamine, cette drogue qui se répand comme une trainée de poudre chez les adolescents. La Mauricie est frappée de plein fouet par le phénomène.
Selon la Maison Carignan de Trois-Rivières, entre le tiers et la moitié des personnes dépendantes aux amphétamines qui entrent au Centre de réadaptation sont âgés de moins de trente ans. Il semblerait que cette hausse n'est pas près de s'arrêter. Selon une étude de 2007 réalisée chez les élèves des écoles secondaires de la région par l'Agence de la santé et des services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec, les amphétamines sont consommées par 9,3% d'entre eux. Toutefois, ces chiffres excluent les décrocheurs.
Audrey Alarie, adjointe clinique et intervenante à la Maison Carignan constate une croissance effarante du phénomène. « Lorsque j'ai commencé ici il y a six ans, voir des cas de dépendances aux amphétamines était plutôt rare. Mais maintenant, c'est une bonne partie de la clientèle. Il y en a qui rentre ici le jour de leur 18 ans. C'est problématique. »
La consommation d'amphétamine commence très jeunes. « J'entends des cas d'enfants de 9-10-11 ans. Ça me préoccupe énormément. » Selon elle, le problème est aussi très fréquent chez les plus vieux. « Les gens ne pensent pas que c'est la réalité à l'université. Il y en a qui vivent 24h sur 24h là-dessus. »
Une drogue populaire chez les filles
Étonnament, c'est chez les jeunes de sexe féminin que les amphétamines sont les plus en vogue. Toujours selon la même étude, ce sont 11% des filles qui avouent avoir fait usage de cette drogue par rapport à 7% des hommes. Comme l'amphétamine coupe la faim, les jeunes dames l'utilisent pour perdre du poids rapidement. « Les filles vont prendre du poids quand elle vont arrêter. En six mois, elles peuvent prendre 20 à 30 livres. C'est donc très difficile pour eux d'arrêter parce que leur apparence est importante », note Mme. Alarie.
Bien souvent, les adolescents qui deviennent accroc à cette drogue ont un parcours semblable. « Ils vont commencer avec le pot et la bière, mais il vont rapidement passer aux amphétamines. Au début, ils en prendront seulement dans les fêtes, mais après ça va être à l'école et au travail pour soutenir leur rythme de vie. » L'apparence des comprimés n'aident pas non plus, eux qui sont souvent colorés. « Ce sont comme des bonbons pour les usagers », lance Mme. Alarie.
Une fois accroc aux amphétamines, il est très difficile de s'en sortir. Même une fois en désintoxication, certains craquent. « Les gens sont tellement accrocs qu'il y en a qui en amènent. C'est un véritable fléau. » Seulement 10% des gens inscrits à une thérapie réussiront à ne plus jamais consommer.
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