Miel urbain
Par Guillaume Jacob
Ça bourdonne autour de l'édifice Ameau. Depuis cet été, l'organisme Vire-Vert, qui s'active à transformer la bâtisse en école-hôtel écologique, entretient une ruche sur le toit du plus vieux gratte-ciel trifluvien.
«On veut ramener la nature en ville», explique Camille Fumet, chargée de projet en construction durable pour Vire-Vert. La ruche constitue le premier pas vers un projet baptisé Écosystème K. «Elle sera accessible aux visiteurs de l'hôtel, qui pourront déguster le miel produit ici-même.» Juste à côté, on veut également installer des caméras dans la vieille cheminée de l'édifice pour observer les quelque 250 martinets ramoneurs qui y nichent. Un potager sera aussi aménagé sur le toit, et on veut y cultiver des variétés de légumes anciennes pour en perpétuer le patrimoine biologique. Un mur «vert» formé de diverses plantes grimpantes vêtira aussi une partie des murs extérieurs de l'édifice.
Qualité et quantité
Pour Raphael Fort, l'apiculteur partenaire de Vire-Vert, l'expérience s'avère très concluante. La ruche qu'il a installée au sommet de l'édifice il y a un mois a déjà produit environ 25 kilos de miel, soit beaucoup plus que ses ruches qui se trouvent à la campagne.
«Il y a un potentiel énorme pour l'apiculture dans les villes. Il y a beaucoup de fleurs et elles sont très variées. Mais surtout, les pesticides sont interdits en milieu urbain, ce qui garantit un miel de très bonne qualité.»
D'ailleurs, l'apiculteur souligne que le rendement des ruches dans nos campagnes ne cesse de diminuer. On soupçonne l'utilisation de pesticides et la monoculture d'être responsables de cette baisse de production, indique Raphael Fort. «Pour produire du bon miel, il faut un bassin de cultures diversifiées dans un rayon de 3 à 4 kilomètres.» La ville pourrait donc donner un bon coup de pouce aux apiculteurs de demain.
C'est une première expérience d'apiculture en milieu urbain à Trois-Rivières. Ailleurs dans le monde, la pratique est répandue. Des ruches urbaines ont notamment été installées sur le toit du Château Frontenac à Québec et sur celui de l'Université du Québec à Montréal. «L'idée fait son chemin au Canada, remarque Raphael Fort, l'apiculteur partenaire de Vire-Vert. En France, cette pratique existe depuis environ trente ans.»
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.