Stéphanie Lemoine: tenir tête à l'intimidation
Par Guillaume Jacob
Remarques méprisantes, violence physique et insultes sur le Web font partie des souvenirs que Stéphanie Lemoine garde de son secondaire. Aujourd'hui, la jeune femme de 20 ans accepte volontiers de parler de cette époque tumultueuse pour dénoncer l'intimidation chez les jeunes.
Stéphanie Lemoine se souvient encore des longues minutes passées devant sa garde-robe tous les matins de sa deuxième secondaire. «C'était de savoir quel pantalon j'allais mettre pour éviter les railleries, quel bijou j'allais porter pour ne pas me faire achaler.» C'est que l'adolescente devait affronter chaque jour les remarques désobligeantes de ses collègues de l'équipe de cheerleading, qui ne la trouvaient pas assez mince et jolie. «C'est sûr que mon estime de moi en a pris un coup. J'avais l'impression que tout le monde parlait dans mon dos. J'en devenais un peu paranoïaque! »
Malgré l'angoisse, elle ne se laisse pas abattre. «J'ai décidé d'en parler à la personne responsable de l'équipe et ça s'est arrangé. J'ai pu poursuivre le cheerleading jusqu'à la fin de mon secondaire.» Comme quoi il vaut le coup de vaincre sa peur et de dénoncer de telles situations en parlant avec les personnes ressources à l'école, insiste aujourd'hui la jeune femme.
En secondaire quatre, Stéphanie Lemoine a de nouveau été confrontée à l'intimidation, mais cette fois-ci, sur le Web. Les injures étaient peut-être virtuelles, mais leur méchanceté n'en était que plus crue. En plus, l'intimidation ne prenait pas de vacances durant l'été, se rappelle-t-elle. «J'avais peur chaque fois que j'ouvrais ma boîte courriel. Au départ, ça me choquait et je répondais. Mais après quelque temps, sur les conseils de mon père, j'en suis venue à tourner ça en dérision et à m'en détacher. Les gens se sont tannés et ça a cessé.»
Aujourd'hui la jeune femme va même jusqu'à remercier ses anciens bourreaux. « Ça a fait ressortir ma vrai personnalité. J'ai appris à être moi-même et pas à seulement suivre les autres. »
Valoriser les différences
Si Stéphanie Lemoine accepte de parler ouvertement de son expérience, c'est beaucoup pour mettre en lumière le phénomène de l'intimidation, trop souvent banalisé. « On entend souvent parler d'intimidation, et parfois, ça peut devenir redondant. Peut-être que ça prendrait des exemples dramatiques pour faire comprendre aux jeunes les répercussions réelles que ça peut avoir dans la vie de quelqu'un », suggère celle qui a eu vent de cas où des victimes s'étaient suicidées.
La jeune femme l'affirme sans hésiter : l'intimidation prend encore très souvent racine dans l'intolérance devant les différences «sociales, économiques, culturelles et d'orientation sexuelle». «Il faut qu'on se réveille», plaide-t-elle.
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