Mélanie Joly assure que le Québec aura sa part des dépenses fédérales en défense

Par La Presse Canadienne
Ottawa multiplie les signaux à l’endroit du Québec pour dire que la province aura sa part des contrats de défense et que les fonds fédéraux sont disponibles pour les grands projets, notamment la construction de la ligne de transport d’électricité de Churchill Falls vers le Québec.
La nouvelle ministre fédérale de l’Industrie, Mélanie Joly, était l’invitée de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, mercredi, pour un petit-déjeuner conférence et son message était on ne peut plus clair. «On veut investir dans des projets majeurs, des projets on le sait au Québec, on en a plusieurs, que ce soit en minéraux critiques, que ce soit la ligne d'Hydro-Québec entre le Labrador et le Québec (...) ou encore le train à grande vitesse entre Windsor et Québec. (...) Ce sont certainement des grands projets qu'on veut construire et on doit aller plus vite, parce que c'est comme ça qu'on va être capables de créer une espèce d'élan économique», a-t-elle confié, alors qu’elle était interviewée par la nouvelle présidente de la Chambre, Isabelle Dessureault.
Plus tard en mêlée de presse, elle a poursuivi sur cette lancée. «On sait que Québec a mis différents projets d'infrastructures majeurs sur la table, notamment cette ligne d'hydroélectricité-là, notamment le port de Contrecoeur, notamment le train Windsor-Québec. Nous, on veut travailler avec les provinces parce qu'on sait que ce sont des projets majeurs qui peuvent avoir beaucoup, beaucoup d'impact», a-t-elle dit.
Encore à l'étape de l'approbation
La ministre a d’ailleurs mis en relief que cette ligne de transport d’électricité est le résultat d’«une belle entente entre Terre-Neuve-et-Labrador et le Québec, une entente historique, la résolution d'un différend qui datait de plusieurs décennies. Et je pense que c'est important qu'on puisse développer notre capacité hydroélectrique tout en faisant en sorte de faire de la bonne relation fédérale et provinciale.»
Mélanie Joly n’est pas allée jusqu’à dire que l’affaire est dans le sac pour Québec, précisant que l’objectif du gouvernement Carney pour le moment est d’accélérer l’approbation des projets et que le temps de passer à la caisse viendrait par la suite. «S'il y a des discussions au niveau du financement, ce sera via notre banque d'infrastructure. Présentement, on n'est pas rendu à ce niveau-là de conversation. On est plus rendu au niveau de l'approbation des projets.»
Défense: il y en aura pour tout le monde
Quant aux contrats militaires, là aussi la ministre a tendu la perche au gouvernement caquiste. «Ce n'est pas pour rien que le premier ministre du Québec, François Legault, était particulièrement content de cette annonce en matière de défense et on va avoir l'occasion de s'asseoir lui et moi à Paris pour discuter justement de comment on peut faire en sorte de (faire) bénéficier le Québec, que le Québec ait sa juste part.» La rencontre en question aura lieu à l’occasion du Salon aéronautique du Bourget où les deux politiciens ont prévu de se rencontrer.
L’ampleur des dépenses promises par le premier ministre Mark Carney lundi, soit quelque 9,3 milliards $ d’ici la fin de l’année financière courante, garantit en quelque sorte qu’il y en aura pour tout le monde, selon Mme Joly. «Je ne vois pas nécessairement de compétition entre les provinces parce que je pense qu'il y a assez d'investissement pour être capable, justement, que tout le monde puisse y trouver son compte.»
«Le Canada ne va pas se laisser faire»
Cette volonté d’intensifier la coopération fédérale-provinciale n’est évidemment pas étrangère aux bouleversements provoqués par l’administration Trump et l’incertitude causée par l’imprévisible président sur tous les fronts. «J'ai vu le monde basculer, a déclaré Mme Joly, qui était jusqu’à la dernière élection ministre des Affaires étrangères. La guerre est revenue en Europe. On a vu des tensions s'exacerber entre la Chine et les États-Unis. La rivalité entre les grandes puissances est revenue et la géopolitique fait désormais partie de chaque décision économique.»
«Les règles du commerce international sont en train d'être réécrites», a-t-elle rappelé, indiquant que toute sa stratégie repose sur trois axes: «se battre, se protéger, bâtir».
«Le Canada ne va pas se laisser faire. Nous sommes le plus gros client des États-Unis, plus gros que la Chine, le Japon, la France et la Grande-Bretagne réunis», a fait valoir la ministre en qualifiant l’ensemble des tarifs de Donald Trump et plus particulièrement ceux 50 % contre l'acier et l'aluminium, de «complètement injustifié, complètement illégal et complètement inacceptable».
«Le Canada n'est pas à vendre, mais nous sommes prêts à faire des affaires», a-t-elle clamé sous les applaudissements des centaines de convives réunis par la Chambre de commerce.
Marauder 1000 chercheurs aux États-Unis
La Canada, dit-elle, doit tirer avantage de toutes les conséquences des décisions de cette administration, notamment son rejet de la science. «On a une occasion unique à saisir de renverser le phénomène d'exode des cerveaux qu'on voit depuis des années pour au contraire se retrouver dans un contexte où on va accueillir davantage de cerveaux. On a une opportunité en or d'aller chercher plusieurs chercheurs qui travaillent aux États-Unis. Mon objectif est d'aller chercher 1000 chercheurs qui proviennent des États-Unis pour les amener au Canada.»
Mme Joly n’a pas manqué de saluer l’arrivée d’Isabelle Dessureault, dont c’était le premier événement public depuis qu’elle a été nommée présidente et cheffe de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Mme Dessureault n’est pas la première femme à occuper ce poste, cet honneur étant revenu à Manon Vennat en 1986, mais le fait que deux femmes soient sur la tribune pour une conversation entre la Chambre et la titulaire du portefeuille de l’Industrie a été chaleureusement salué par l’auditoire.
Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne
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