Politique fédérale
Pierre Poilievre exige de «fermer» le chemin Roxham d'ici 30 jours
Par La Presse Canadienne
Le chef conservateur Pierre Poilievre demande au gouvernement de Justin Trudeau de «fermer» le chemin Roxham d'ici 30 jours, ce qui peut être fait, à son avis, sans avoir à toucher à l'Entente sur les tiers pays sûrs.
«C’est ça la solution dont on a besoin. (…) Ramenons le gros bon sens chez nous. Protégeons notre système d’immigration», a-t-il dit mardi dans le foyer de la Chambre des communes, joignant ainsi sa voix au premier ministre du Québec, François Legault, qui souhaite aussi une telle fermeture.
Pressé, par les journalistes, d'expliquer comment il serait possible de «fermer» le chemin Roxham sans avoir à d'abord conclure les discussions avec les Américains sur la renégociation de l'Entente sur les tiers pays sûrs, M. Poilievre a réfuté la prémisse de toutes questions en ce sens.
«Vous avez tort. Évidemment ce n’est pas le cas parce qu’on a fermé le passage pendant la pandémie de COVID-19. C’était possible», a-t-il notamment répondu.
L'accord qui lie le Canada aux États-Unis fait en sorte qu'un réfugié potentiel se présentant à un poste frontalier officiel canadien et ayant d'abord foulé le sol américain est refoulé puisqu'il doit poursuivre sa demande d'asile dans le premier «lieu sûr» où il est arrivé.
Ainsi, des personnes souhaitant tout de même demander l'asile au Canada traversent la frontière canado-américaine par des passages de fortune, et ce, dans de très nombreux cas par le chemin Roxham, situé en Montérégie. Une fois qu'ils sont au Canada et ont été interceptés par les autorités canadiennes après qu'ils eurent officiellement mis les pieds au Canada, leur demande d'asile peut être traitée.
En 2022, un nombre record de 39 171 personnes ont ainsi traversé irrégulièrement la frontière, selon le nombre d'interceptions rapportées par la Gendarmerie royale du Canada.
François Legault martèle depuis des mois que le Québec n'arrive plus à juguler cet afflux. Selon lui, la capacité d'accueil du Québec a été dépassée et la pression sur les services publics est intenable.
Dimanche, il a écrit à son vis-à-vis fédéral, Justin Trudeau, pour réclamer que la totalité des personnes traversant le chemin Roxham soit redirigée vers d'autres provinces.
Le gouvernement Trudeau répète depuis des mois que de fermer le chemin Roxham ne serait pas une solution et que les discussions avec les États-Unis cheminent pour renégocier l'Entente sur les tiers pays sûrs.
«Si on fermait le chemin Roxham, les gens passeraient ailleurs. On a une frontière énorme qu’on ne va pas commencer à armer ou mettre des clôtures dessus», avait notamment fait valoir M. Trudeau.
M. Poilievre argue qu'il n'est «pas nécessaire» de revoir l'accord ni même de le suspendre pour «fermer» le chemin Roxham.
«On est un pays. On essaie de trop compliquer des choses. Un pays a des frontières. Le premier ministre est responsable des frontières. C'est une responsabilité exclusivement fédérale. Il n’y a pas un autre pays (ni) organisme international qui contrôle nos frontières», a-t-il soutenu.
Le leader de l'opposition officielle a affirmé que l'entente n'est même pas au cœur du problème. À ses yeux, seul M. Trudeau est responsable du «chaos» actuel.
Le premier ministre canadien a, selon M. Poilievre, «indiqué aux gens que c'est la meilleure façon de venir au Canada» que de passer par le chemin Roxham.
En 2017, alors que l'ex-président américain Donald Trump décrétait des politiques migratoires controversées, M. Trudeau a déclaré dans une publication Twitter: «À ceux qui fuient la persécution, la terreur et la guerre, sachez que le Canada vous accueillera».
C'est aussi en 2017 qu'un afflux au chemin Roxham a été remarqué pour la première fois
«Avant Justin Trudeau, on n’avait pas ce problème. On avait l'Entente sur les tiers pays sûrs et on n’avait pas ce problème. Donc le problème ce n'est pas l'entente, ce n'est pas Joe Biden, ce n'est même pas les réfugiés. C'est Justin Trudeau», a conclu M. Poilievre.
Il estime que la fermeture du chemin Roxham permettrait d'économiser des ressources, lesquelles pourraient servir à réduire les délais de traitement des dossiers d'immigration.
De leur côté, bloquistes et néo-démocrates demandent la suspension de l'Entente sur les tiers pays sûrs.
- Avec la collaboration de Michel Saba
Émilie Bergeron, La Presse Canadienne
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