La Passion d'Augustine
Nouvel univers pour Lysandre Ménard et des étoiles dans les yeux de Léa Pool
La réalisatrice, Léa Pool, et les productions Lyla Films proposent aux cinéphiles de replonger directement à la fin des années 1960. Époque où le Québec était en pleine laïcisation. Époque où l'État voulait prendre le contrôle sur la religion. Il sera possible de découvrir La Passion d'Augustine dès le vendredi 20 mars.
« C'est Marie Vien, l'auteure du scénario, qui m'a contactée, il y a trois ans pour me proposer de réaliser son premier film. Je trouvais le sujet intéressant, d'autant plus que je suis arrivée au Québec en 1975 en pleine ébullition, dans le temps de René Lévesque, des Olympiques... Je suis venue ici pour cette effervescence, soit tout de suite après la grande noirceur », explique Léa Pool qui a aussi été touchée par le volet musical qu'on retrouve toujours dans ses films.
Avec une distribution faisant rêver plusieurs réalisateurs, on compte les Valérie Blais (Sœur Claude), Diane Lavallée (Sœur Lise), Pierrette Robitaille (Sœur Onésime), Marie Tifo (La Générale), Andrée Lachapelle (Mère Marie-Stéphane), Marie-France Lambert (Madame Thompson), Maude Guérin (Marguerite) et Gilbert Sicotte (Le curé). De nouveaux visages s'illustrent également dont Élizabeth Tremblay-Gagnon (Suzanne),Tiffany Montambault (Carole) et Yogane Lacombe (Marie-Louise).
« Les personnages principaux des films sont encore, en 2015, une femme et un homme, deux femmes, mais qu'elles parlent d'un homme... Les films faits par des femmes ou ceux qui ont des personnages principaux de femmes sont encore sous-estimés. Et pourtant! On pense simplement à Unité 9. Ce sont des sujets durs, il y a de la vulgarité et cela fonctionne très bien », commente la réalisatrice.
Pour camper le personnage d'Alice Champagne, le rôle pivot dans ce film, Léa Pool a fait plusieurs auditions... sans succès.
« J'avais en tête l'idée de l'enfant prodigue. Les filles rencontrées étaient bien, mais il aurait fallu trop tourner de scènes "trichées" pour le piano. Je me suis alors retournée vers les Conservatoires et les écoles de musique. Le nom de Lysandre était ressorti il y a deux ans. Cependant, nous n'étions pas encore prêts. Lorsque son nom a été reproposé, elle a passé son audition et elle était aussi bonne », mentionne celle qui aime faire découvrir de nos talents.
On pense notamment à Karine Vanesse dans Emporte-moi et Marianne Fortier dans Maman est chez le coiffeur.
Un nouveau défi hautement réussi
C'était une première pour Lysandre Ménard. Jamais elle n'avait participé au tournage d'un film, ni même mis les pieds sur un plateau. Cependant, la jeune femme a tout un parcours.
Depuis l'âge de cinq ans, la pianiste a suivi des cours avec Hélène Lord et, parallèlement depuis 2007, avec Jean-François Latour. Elle continue ses études au Conservatoire de musique de Montréal avec André Laplante.
Faits intéressants. Lysandre s’est classée en première place au concours musical international Crescendo à New York, elle a présenté à deux reprises des performances au Carnegie Hall. Elle a obtenu la deuxième place au concours international Julia Crane en 2010 et Thousand Island international piano competition en 2011. Finaliste des Concours de musique du Canada depuis neuf ans, Lysandre a aussi été choisie parmi les trente participants nationaux du tremplin du concours de musique du Canada 2012. Elle s’est produite notamment avec l’Orchestre Symphonique Pop de Montréal pour interpréter le deuxième Concerto de Rachmaninov.
« Ce fut tout un défi de contrôle. C'est un univers que je ne connaissais pas du tout, mais que j'avais beaucoup entendu parler. C'est beaucoup de petits détails techniques. Léa Pool est précise, souple et respectueuse sur un plateau. Elle m'a beaucoup aidée! Elle m'a offert une grande liberté également dans l'interprétation de mes scènes. Ce qui m'a permis de m'abandonner complètement. [...] Il y avait un grand sens du partage sur le plateau », sourit Lysande qui avoue avoir vécu un apogée de sa vision artistique.
Anticonformiste de sa vie personnelle à l'écran
La jeune comédienne consent que son personnage d'Alice Champagne n'est pas très loin de sa vision du monde.
« Je crois qu'on doit s'insurger pour faire avancer la société. On doit dire ce qui nous tient à coeur pour découvrir notre propre identité. On doit s'imposer. C'est justement encore plus un cadeau de m'avoir offert ce rôle. On doit mettre son poing sur la table et non pas agir comme un mouton », explique-t-elle.
Synopsis
Simone Beaulieu, devenue Mère Augustine, dirige avec succès un petit couvent sur le bord du Richelieu. Passionnée, résiliente, Mère Augustine met toute son énergie et son talent de musicienne au service de ses élèves. Lorsque sa nièce Alice lui est confiée, c'est non seulement une nouvelle pianiste prodige qui fait son entrée, mais aussi une jeune femme dont les aspirations sont au diapason de l'époque et qui rappelle à Mère Augustine un passé qu'elle avait cru mis de côtédéfinitivement. L'école, malgré sa petite taille, est un joyau musical qui rafle tous les grands prix de piano. Les murs respirent la musique. Matin, midi et soir, du grand couloir à l'escalier principal, résonne un flot de gammes, d'arpèges, de valses de Chopin et d'inventions de Bach. Et, à défaut de prier, on chante!... Mais lorsque le gouvernement du Québec instaure un système d'éducation publique au milieu des années soixante, l'avenir de Mère Augustine et de ses Sœurs est menacé.