Les Sages Fous, dompteurs de marionnettes

Par Claudia Berthiaume
Avec leurs étranges marionnettes, les Sages Fous ont participé à 164 festivals internationaux de théâtre, dans 26 pays, sur quatre continents. Ils ont remporté le prix Rayonnement dans le cadre du dernier gala Art Excellence de Culture Mauricie grâce à leur spectacle Le Cirque Orphelin. Ils organisent périodiquement des représentations théâtrales gratuites au centre-ville de Trois-Rivières. Les connaissez-vous?
1 Qu’est-ce qui vous a réunis au départ?
(South) J’ai toujours voulu faire du théâtre, depuis mon enfance. Jacob vient d’une longue lignée de comédiens, il est la quatrième génération je crois. Sylvain, lui, a toujours fait des spectacles dans son sous-sol. Quand Jacob et moi nous nous sommes rencontrés, par hasard, nous avons su tout de suite qu’il fallait qu’on fasse quelque chose ensemble. [n.d.l.r. Les deux acolytes forment aussi un couple] Nous avons connu Sylvain parce qu’il participait à un stage de marionnettes géantes avec moi. Ça a été comme un coup de foudre, on était exactement sur la même longueur d’ondes. On voulait absolument travailler sur un projet ensemble. C’est parti comme ça.
2 Vous faites du théâtre de marionnettes muet. Comment s’orchestrent vos histoires? À quel public cela s’adresse?
Ce qui est merveilleux avec le non-verbal, c’est que tout le monde comprend. Probablement même plus que si on utilisait des mots. Une image vaut mille mots. Une des raisons pour lesquelles nos spectacles ont tourné dans autant de pays, c’est que tout le monde, malgré l’âge et la nationalité, réussit à comprendre. Ce sont souvent des histoires qui sont des rêves à la base. On demande aux gens de plonger avec nous et de nous suivre. Les gens nous font confiance. Je dirais que ça s’adresse principalement aux adultes.
3 Où puisez-vous votre inspiration?
(South) J’ai l’impression que Sylvain, Jacob et moi, nous portons les personnages en nous depuis que nous sommes tout-petits. C’est comme notre coffre à jouets d’enfants qui est devenu un coffre à jouets d’adultes. On les puise dans nos propres rêves. Actuellement, nous sommes sur un délire de cirque clandestin.
4 Vous voyagez beaucoup de par le monde avec vos spectacles. Pourquoi avoir choisi Trois-Rivières pour établir votre atelier de création?
À la base, c’est un hasard. On voulait louer un local avec de l’espace en dehors de Montréal, et nous nous sommes retrouvés à Nicolet-Sud. Pour l’hiver, nous sommes déménagés dans la grande ville la plus proche, Trois-Rivières, pour avoir un local chauffé. On a fini par approcher un propriétaire du centre-ville pour qu’il nous loue un étage de son bâtiment. Une fois qu’on avait mis le doigt dans l’engrenage, nous y sommes restés. On a notre atelier dans un des plus beaux quartiers au Québec. De plus, la Ville encourage beaucoup les arts.
5 Quel est votre plus grand accomplissement ?
Je crois que c’est notre passage de la rue à la salle en 2011. On a tourné énormément dans les festivals de théâtre, mais on jouait dans la rue. Quand on a créé Le Cirque Orphelin, on a créé un spectacle de salle. Ça aurait pu être complexe, mais nous l’avons fait avec brio.
6 Quelle est la plus grande difficulté que vous ayez eu à surmonter?
Avec le théâtre vivant, chaque soirée est différente. Ça donne lieu à des petites fluctuations, mais pas à des grandes difficultés. On n’attend pas que les choses soient faciles, alors ça ne nous surprend pas qu’elles soient dures. Si quelque chose fonctionne moins bien, on change d’idée et on se retourne sur un dix cents.
7 Avez-vous des modèles dans le domaine artistique?
Oui, beaucoup. On admire beaucoup de compagnies européennes que l’on côtoie quand on tourne. On aime aussi Robert Lepage. On admire des artistes qui demeurent intègres, qui restent près de leurs œuvres.
8 Si vous étiez ministre de la Culture et des Communications, quelle serait votre première décision?
Je m’assurerais que le Centre d’art des Récollets reçoive le financement nécessaire pour devenir une résidence internationale en arts de la scène et en arts multidisciplinaires.
9 Quels sont vos projets pour la prochaine année?
Dans deux semaines, on s’en va à Saskatoon et Calgary. Après, on revient au Québec pour un bon moment. Ensuite, un va dans un des théâtres mythiques de New York, le MaMa. Ça, c’est gros pour nous. C’est le genre de théâtre auquel le New York Times va. Finalement, il y a un mois et demi de tournée planifiée au Danemark.
10 Avez-vous un rêve à réaliser?
On est juste au début! Chaque spectacle est un rêve en soi. Le prochain sera un spectacle solo conçu spécialement pour Jacob. Ensuite, on rêve de tourner en famille avec notre bébé dans une roulotte de gitans. On aimerait aussi traverser la Sibérie en camion pour aller jouer en Asie.
Les Sages Fous, en rafale
Ensemble depuis 1999
Trois créateurs: South Miller, Jacob Brindamour et Sylvain Longpré
Production de trois spectacles majeurs: Parade Issimo, Bizzarium Aquarium et, plus récemment, Le Cirque Orphelin
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