Des frais excessifs, qui nuisent aux commerçants, dit le NPD

Par Claudia Berthiaume
Les députés du Nouveau Parti démocratique (NPD) Robert Aubin et François Lapointe ont dénoncé, jeudi, l’inaction du gouvernement Harper dans le dossier des frais d’utilisation de cartes de crédit. Les commerçants peuvent payer jusqu’à 4 % de frais de transaction, un pourcentage que les néo-démocrates jugent abusif.
«Le ministre des Finances Jim Flaherty aurait pu profiter de son budget pour aider les commerçants et les consommateurs. Malheureusement, pendant que ceux-ci continuent de souffrir des pratiques excessives de l’industrie du crédit, les conservateurs continuent de se tourner les pouces», a déploré le député de Trois-Rivières, Robert Aubin.
Au Canada, la seule structure qui existe actuellement pour encadrer cette pratique est un code de conduite volontaire. «On ne croit pas que le code volontaire va un jour garantir une pratique de crédit acceptable», s’est désolé le député de Montmagny – L’Islet – Kamouraska – Rivière-du-Loup, François Lapointe.
Un danger pour les PME
Un peu plus du tiers des consommateurs règlent leurs achats avec une carte de crédit. Pour un dépanneur de taille moyenne avec des postes d’essence, les frais de crédit, qui frôlent les 4%, peuvent représenter jusqu’à 25 000 $ par année.
«Les compagnies de crédit incitent les gens à utiliser leurs cartes en leur donnant des bonis, mais c’est nous qui payons pour ça. Selon le mode de paiement du consommateur, le commerçant ne sait pas quel profit il fera», a signalé Carl Caron, qui est propriétaire de quatre dépanneurs à Trois-Rivières.
Par exemple, lorsque l’essence se vend 1,50$ le litre et que le client paie avec une carte de crédit et utilise une carte de fidélisation de type Air miles en plus, le commerçant perd littéralement de l’argent, puisque sa marge de profit sur l’essence est prédéterminée.
«Il y a eu beaucoup de fermetures de stations d’essence dans les régions ces dernières années parce que le volume était trop faible. On ne peut pas commencer à refuser une carte alors ça devient plus difficile pour les commerçants», a indiqué Charles Lemoyne, membre du conseil d’administration de l’Association des marchands, dépanneurs et épiciers du Québec (AMDEQ).
«Notre économie compte beaucoup sur les PME. Quand les commerçants ont plus d’argent dans leurs poches, ça ne va pas aux actionnaires. C’est généralement réinjecté dans les entreprises et tout le monde en bénéficie», a poursuivi Robert Aubin.
Des pistes de solution
Certains pays ont légiféré pour encadrer l’imposition des frais de crédit. En Europe, plusieurs pays ont nommé un ombudsman pour réglementer le profit des émetteurs de carte alors qu’en Australie, le gouvernement a fixé un plafond à 0,5% du montant de la transaction.
S’il croit qu’il faudrait s’en inspirer, François Lapointe refuse toutefois de calquer quelque modèle que ce soit. «Il faut trouver un pourcentage qui fera en sorte que le réseau va fonctionner. On ne veut pas faire mourir les banques non plus», a-t-il fait valoir, tout en précisant que le pourcentage idéal se situerait sous la barre des 2%.
Le NPD parraine actuellement une pétition pour réglementer le coût de traitement des paiements électroniques. Le député de Trois-Rivières compte bien parcourir son comté pour la présenter à tous les commerçants, dès que le printemps se montrera le bout du nez.