L’industrie de la métallurgie en mode séduction
S’il ne peut surmonter la pénurie de main-d’œuvre, le secteur de la métallurgie pourrait bien être voué à l’échec. C’est l’un des principaux constats que signale le Comité sectoriel de main d’œuvre de la métallurgie du Québec dans son dernier diagnostic de l’industrie.
Selon les deux coprésidents du Comité, Michel Rousseau et Denis Trottier, le manque d’intérêt des jeunes envers des métiers comme mécanicien et électricien industriel, superviseur et ingénieur fait en sorte que nombre de postes sont difficiles à combler. Ce manque d’intérêt s’expliquerait en partie par certains «mythes» autour du secteur de la métallurgie, selon Denis Trottier, coordonnateur du syndicat des Métallos (FTQ) dans la Montérégie et coprésident du Comité.
«Quand on parle de l’industrie métallurgique, on parle de pollution, de poussière, de bruit, etc. Mais aujourd’hui, on a une métallurgie qui est propre et attirante. Avec tous les programmes environnementaux qui existent, les entreprises n’ont pas le choix de s’adapter», a-t-il soutenu lors de son passage dans la région, mercredi.
Le Comité se prépare donc à redorer son image, notamment par le biais de «Rendez-vous complètement métal», des journées où des activités pour faire la promotion de l’industrie seront organisées dans plusieurs régions. Des «brigades complètement métal», soit des groupes d’employés du secteur, circulent déjà dans quelques régions pour présenter leur métier dans les écoles et autres lieux fréquentés par les jeunes.
Adapter la formation
Les coprésidents souhaitent également améliorer la concertation entre les établissements de formation et l’industrie. Michel Rousseau, directeur des ressources humaines d’ArcelorMital Canada et coprésident du Comité, cite en exemple le Centre de formation professionnelle Qualitech, à Trois-Rivières, qui offre un triple diplôme à ses étudiants.
«Les jeunes sortent avec leur secondaire cinq et deux diplômes d’études professionnelles, un en fonderie et un en conduite de machine industrielle. Ils sont allés chercher une cohorte de 22 étudiants alors qu’avant, ils avaient du mal à en avoir 12 ou 13», s'est-il réjoui.
Tarifs d’électricité: une préoccupation généralisée
Sans vouloir trop s’avancer sur le dossier, les coprésidents du Comité de main d’œuvre ne craignent pas pour l’avenir d’Alcoa, alors que la compagnie menace de fermer ses trois alumineries québécoises si les tarifs d’Hydro-Québec ne sont pas revus à la baisse. Une telle crise aurait toutefois peu de chances de se produire dans d’autres secteurs de l’industrie, selon Michel Rousseau.
«C’est sur que les tarifs d’électricité sont importants dans les coûts de production. Mais c’est aussi un avantage concurrentiel qui permet d’avoir une industrie propre. C’est une valeur marketing», a-t-il soutenu.
En dépit de la situation économique précaire aux États-Unis et en Europe, c’est véritablement la question de la main d’œuvre qui sera déterminante pour l’avenir de l’industrie métallurgique, selon M. Rousseau.
«Ça va repartir, l’Europe et les États-Unis ne resteront pas en récession pour le reste de leurs jours. C’est un produit de base essentiel, il y en a partout. Mais si on n’a pas de gens qualifiés pour soutenir l’entreprise, là, il n’y a plus d’avenir», a-t-il assuré.