Popularité des produits artisanaux: mode ou effet de la crise économique?

Par Joany Dufresne
Depuis quelques années, les produits artisanaux ont la côte chez les consommateurs. Les boucheries, les boulangeries et les autres commerces de ce genre voient leurs chiffres d’affaires augmenter, tandis que les restaurants remarquent des baisses d’achalandage. Serait-ce dû à la mode ou à la crise économique de 2008?
Avec la crise économique des dernières années, plusieurs personnes croyaient que les commerces fermeraient. Celles-ci pensaient ne plus avoir d’argent pour se payer de petits luxes. Elles se sont alors tournées vers le «cocooning».
«Les gens ont décidé de rester à la maison et d’arrêter de sortir. Ils ont commencé à cuisiner et tant qu’à le faire, ils ont choisi de bien cuisiner», explique Joëlle Bourdeau, propriétaire de Minuscule.
De nombreuses chaînes télévisées et émissions spécialisées en cuisine ont alors fait leur apparition. Inévitablement, la popularité de ces dernières s’est fait ressentir chez les commerces de produits artisanaux. Reconnus pour offrir des aliments frais et de qualité, ils sont devenus un arrêt indispensable dans la routine de magasinage de plusieurs Québécois.
«On remarque en temps de crise que les gens vont rechercher des produits de plus grande qualité. Ils coupent dans les grosses dépenses et ils compensent en faisant de petits achats, qui sont plus coûteux que d’habitude, mais qui ne font pas une grande différence sur le budget», mentionne Frédéric Laurin, professeur en économie à l’Université du Québec à Trois-Rivières.
Suivre les tendances
Si les dépenses des ménages tendent à confirmer ce phénomène, la mode peut aussi en être la cause.
«Les gens n’ont pas coupé dans les dépenses informatiques, car les iPods et les iPads sont à la mode. Il y a des effets de tendances comme ça. Même s’il y a une crise économique, les gens vont continuer d’acheter», stipule l’économiste.
Selon lui, la popularité des produits artisanaux suit cette vague. Il croit que ce sont les grandes chaînes d’épiceries qui perdent de l’argent au détriment des commerces indépendants. «Ce sont les mêmes montants d’argent, mais dépensés autrement», ajoute-t-il.
Pour ce qui est de la restauration, les chiffres sont clairs: en temps de crise, on coupe dans les loisirs et on ne sort plus.