Québec veut rénover l’industrie forestière

Par Guillaume Jacob
Québec lance une nouvelle stratégie sur cinq ans pour relancer l’industrie forestière en misant sur des créneaux d’avenir. Le gouvernement consacrera 268 millions $ pour appuyer les initiatives novatrices que proposeront les entreprises de l’industrie du bois.
Durement affectée par la hausse du dollar canadien, la chute des ventes de papier journal et l’écroulement du nombre de mises en chantier aux États-Unis, l’industrie forestière québécoise pourra compter sur l’aide du gouvernement du Québec pour se redéployer.
« Le gouvernement ne sera pas là pour maintenir artificiellement en vie des usines et des machines à papier, a averti le ministre des Ressources naturelles et de la Faune, Clément Gignac. Ce que l’on veut, c’est développer de nouveaux produits et diversifier l’industrie pour être moins vulnérable aux cycles du marché. »
Le ministre a donné comme exemple de projets la transformation de l’usine de papier de Thurso en usine de rayonne, une fibre issue du bois qui peut servir à fabriquer des vêtements, ou l’inauguration de la première usine de nanocellulose au monde à Windsor.
« Nous évoluons dans un contexte de plus en plus concurrentiel, et c’est pourquoi nous devons extraire plus de valeur de chaque mètre cube de bois récolté », a affirmé M. Gignac.
Déjà, le Québec a une longueur d’avance sur le reste du Canada, a souligné le ministre. « Dans les autres provinces, la valeur ajoutée par mètre cube de bois récolté s’élève à 175 $ alors qu’elle est de 275 $ au Québec. »
Avec cette stratégie, le gouvernement veut aussi doubler l’utilisation du bois comme matériau de construction dans le secteur non résidentiel, et le faisant passer de 15% à 30%. Il veut aussi voir le bois plus utilisé comme source de bioénergie.
De passage à Trois-Rivières, le ministre Gignac était accompagné par sa collègue Julie Boulet. « La Mauricie est la troisième région forestière en importance au Québec, a souligné la ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale. La nouvelle stratégie profitera donc à notre industrie, qui est enracinée sur l’ensemble du territoire. On a traversé une tempête, mais l’avenir est plus rose. »
Sam Hamad, ministre du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation, était aussi présent. Il a assuré que l’aide financière accordée par Québec ne causerait pas de levée de boucliers chez nos voisins du Sud, comme ça avait été le cas lors de la crise du bois d’œuvre. « La stratégie ne comprend pas de subvention directe, mais des aides financières qui s’accompagne de prise de participation ou des prêts avec intérêts. Cela ne contrevient pas aux règles du traité de libre-échange. »
L’industrie satisfaite, à un détail près
Présent lors du dévoilement de la nouvelle stratégie, le président-directeur général du Conseil de l’industrie forestière du Québec, André Tremblay, se dit satisfait de l’aide proposée par le gouvernement.
« Le principal mérite de la stratégie, c’est qu’elle dévoile la position du gouvernement et les actions qu’il va poser, souligne-t-il. La stratégie prônée par le gouvernement rejoint celle mise de l’avant par l’industrie. »
Toutefois, une question – et pas la moindre – reste sans réponse, rappelle M. Tremblay. « La stratégie est un morceau du puzzle. L’autre morceau, c’est l’approvisionnement en bois. » Les quantités de bois disponibles restent à être connues dans le cadre de la mise en place du nouveau régime forestier.