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Un rapport appelle l'OTAN à lutter contre la désinformation des pays autoritaires

durée 08h12
4 septembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

OTTAWA — Selon un nouveau rapport publié par des groupes de la société civile, l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) devrait jouer un rôle de premier plan pour lutter contre la guerre virtuelle menée par certains États autoritaires.

Publié par le Centre montréalais sur la sécurité globale et la Fondation Konrad-Adenauer Canada, ce rapport met en garde contre le fait que la Chine, la Russie, l'Iran et la Corée du Nord s'efforcent d'étendre, en ligne, leur influence stratégique et de remodeler les normes mondiales.

Leurs objectifs communs incluent l'affaiblissement du leadership américain, le discrédit des alliances occidentales – l'OTAN en particulier – et la présentation de l'Occident comme hypocrite et néocolonial, indique le rapport.

«Reconnaître l'ampleur de la menace ne suffit plus, peut-on lire dans le rapport. La stratégie autoritaire est claire, et la réponse démocratique doit l'être aussi.»

Les États autocratiques affirment leur pouvoir dans le domaine de l'information en utilisant un mélange de médias ouvertement contrôlés par l'État et de canaux secrets ou non affiliés pour diffuser de la désinformation, affirment les auteurs du rapport.

Les technologies émergentes, notamment l'intelligence artificielle, les hypertrucages, les bots et l'amplification algorithmique, accélèrent la portée et l'ampleur des opérations de manipulation et d'ingérence de l'information étrangère, soutiennent-ils.

«Ces opérations sont conçues pour paraître organiques et cibler des publics divers sur des plateformes telles que X, Facebook, Telegram, YouTube et TikTok», indique le rapport.

«Les techniques utilisées incluent l'utilisation de vidéos, d'articles, de mèmes et de contenus générés par l'IA, souvent masqués par le "blanchiment d'informations" pour cacher leur origine.» Le blanchiment d'information survient lorsqu'une pièce d'information jugée fausse devient crédible aux yeux du public après avoir été reprise par des médias plus traditionnels.

Alors que l'engagement politique actuel des États-Unis envers l'OTAN fluctue, d'autres États membres intensifient leurs efforts en augmentant leurs dépenses de défense à 3,5 % du produit intérieur brut, souligne le rapport.

«Ces nouvelles ressources ne doivent pas être consacrées uniquement aux chars, aux missiles, aux drones et aux troupes. Elles doivent également être investies dans la lutte pour sécuriser nos environnements informationnels, contrer l'autoritarisme numérique et renforcer la résilience numérique», précise-t-il.

«L'OTAN demeure l'instrument collectif le plus puissant dont disposent les démocraties libérales. Il est temps de l'utiliser avec clarté et courage. La guerre de l'information est une guerre; notre réponse doit refléter cette réalité. Les gouvernements démocratiques doivent désormais agir avec urgence et détermination stratégique.»

L'OTAN a déjà établi une stratégie globale sur les technologies émergentes et perturbatrices, visant à minimiser les interférences malveillantes et à se protéger contre l'utilisation hostile de l'IA, ajoute le rapport.

Mais il met également en garde l'Alliance contre la nécessité de mener seule ce combat.

Investir dans les diffuseurs publics

Les démocraties occidentales devraient montrer l'exemple en affrontant la menace informationnelle «avec urgence et détermination», indique le rapport.

Il souligne le rôle central que jouent depuis longtemps les États-Unis dans la lutte contre la guerre de l'information et dans la promotion de la résilience démocratique et numérique à l'échelle mondiale.

«Grâce à un financement soutenu, à un leadership institutionnel et à une coordination diplomatique, ils ont contribué à ancrer une réponse collective aux opérations d'influence autoritaires», indique le rapport.

Aujourd'hui, cependant, ce leadership a largement reculé. Les principaux programmes et institutions américains dédiés à cette lutte ont été privés de financement, démantelés ou relégués au second plan, laissant un vide dangereux.

Dans ce contexte, les démocraties occidentales et leurs alliés doivent intensifier leurs efforts, forger des partenariats plus solides et investir dans des capacités stratégiques communes pour faire face à la menace croissante, affirment les auteurs.

«Nous avons dépassé le stade où la lutte contre la désinformation se limitait à des interventions ciblées sur le contenu, comme la vérification des faits», indique le rapport.

«La priorité doit désormais être donnée à la lutte contre les structures et systèmes sous-jacents qui favorisent la création et la diffusion de la désinformation.»

Ces efforts devraient inclure des investissements dans les médias d'information, affirment les auteurs.

Ils soulignent que, les États autoritaires, comme la Chine, la Russie et l'Iran, investissent massivement dans les médias internationaux soutenus par l'État afin d'influencer leur audience à l'étranger, alors que les radiodiffuseurs publics des démocraties, tels que Radio Free Europe, Voice of America et Radio-Canada International, subissent d'importantes coupes budgétaires depuis des années.

«L'ère de l'observation passive est révolue. Si les démocraties veulent résister et finalement vaincre l'axe autocratique croissant, elles doivent relever ce défi avec le sérieux, les ressources et la coordination qu'il exige», indique le rapport.

«Les enjeux ne sont rien de moins que l'intégrité de nos institutions, la résilience de nos alliances et la survie de l'idée démocratique elle-même.»

Jim Bronskill, La Presse Canadienne