Un comité fédéral recommande le vapotage dans certains cas pour cesser de fumer


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Par La Presse Canadienne, 2025
MONTRÉAL — De nouvelles lignes directrices fédérales en matière de santé consentent à ce que les professionnels de la santé recommandent le vapotage —seulement dans certains cas — comme outil pour aider les gens à arrêter de fumer. Il faudrait cependant l'éviter comme premier choix, entre autres en raison des effets à long terme inconnus, indique ce guide qui porte sur le sevrage tabagique.
Au Canada, 11 % de la population âgée de 15 ans ou plus fument du tabac et environ 75 % d'entre eux le font quotidiennement, selon les données de 2022. Le tabagisme demeure la principale cause de maladie et de décès évitables au pays.
Pour accompagner leurs patients fumeurs, les prestataires de soins de santé peuvent envisager le vapotage pour des patients qui ont essayé en vain d'autres moyens pour arrêter de fumer, «qui expriment une forte préférence pour cette option» ou «qui ne souhaitent pas essayer d'autres interventions».
Les recommandations ont été publiées lundi dans le Journal de l’Association médicale canadienne. Elles ont été élaborées par le Groupe d'étude canadien sur les soins de santé préventifs — qui a été créé par l'Agence de la santé publique du Canada. Il s'agit d'un comité indépendant de professionnels de la santé qui émet des lignes directrices pour les praticiens de première ligne.
«La majorité des médecins diraient que si on veut aider un patient à quitter la cigarette, c'est mieux de commencer avec d'autres traitements qui sont mieux étudiés où on connaît les effets secondaires, qu'on a une meilleure compréhension de leur utilisation et qu'on peut utiliser d'une façon plus sécuritaire», commente en entrevue Christopher Labos, cardiologue et associé à l'Organisation pour la science et la société à l'Université McGill.
«Quand on lit les lignes directrices, je pense que les médecins qui l'ont écrit aussi se méfient un peu des cigarettes électroniques. Ils reconnaissent que le vapotage peut être utilisé comme une méthode de cessation tabagique, mais que ce n'est pas la première ligne et qu'on devrait essayer avec les autres choses.»
Le guide mentionne en effet d’éviter dans la plupart des cas «le recours à la cigarette électronique à des fins de cessation tabagique, en raison de l’incertitude concernant l’usage de produits de vapotage non approuvés, leurs méfaits potentiels à long terme et leur impact sur la santé publique».
Le risque de devenir dépendant au vapotage
Au Canada, il existe trois pharmacothérapies approuvées: le bupropion et la varénicline, qui sont sous forme de comprimés; et la thérapie de remplacement de la nicotine qui se décline en gommes, timbres, pastilles, inhalateurs et vaporisateurs. Aucun produit de vapotage n’a été approuvé à des fins de cessation tabagique au Canada.
Sur le marché, il y a une variété de produits du vapotage. Certaines vapoteuses contiennent seulement de l'eau et n'ont donc aucun produit chimique. «Elles sont là vraiment pour satisfaire une fixation orale», indique Dr Labos.
D'autres vapoteuses quant à elles contiennent de la nicotine. «La nicotine elle-même, même sans autre chose, a un effet cardiovasculaire un peu néfaste. Ça augmente la fréquence cardiaque, ça augmente la pression artérielle. Ce n'est pas bon pour le cœur d'avoir de la nicotine dans le système», explique Dr Labos.
Est-ce que vapoter est mieux que de fumer la cigarette? «Oui, c'était probablement moins pire. Mais moins pire, ça ne veut pas dire bon pour la santé», soulève l'expert.
Comme d'autres professionnels de la santé, Dr Labos s'inquiète de la popularité du vapotage auprès des jeunes. Il y a une distinction avec les autres moyens pour arrêter de fumer. On ne devient pas accro à la gomme avec de la nicotine, illustre-t-il, alors que pour le vapotage, il y a un réel risque de dépendance. «Une nouvelle génération devient "addict" à la nicotine sous forme de vapotage. On ne sait pas c'est quoi la conséquence de ça et [si] c'est quelque chose qu'on devrait craindre», dit-il.
Le guide de pratique clinique mis sur pied par le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs est le premier à porter sur la cessation tabagique chez les adultes. Il complète les recommandations publiées en 2017 par le même groupe d'experts chez les enfants et les jeunes d’âge scolaire.
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Katrine Desautels, La Presse Canadienne