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Ottawa améliore sa gestion du renseignement, selon la conseillère à la sécurité du PM

durée 14h34
1 juin 2023
La Presse Canadienne, 2023
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

OTTAWA — La conseillère à la sécurité nationale auprès du premier ministre admet qu'Ottawa doit améliorer la façon dont il gère le renseignement, mais elle soutient que les responsables prennent déjà des mesures pour remédier aux problèmes de communication au sein du gouvernement.

Jody Thomas a fait ces commentaires jeudi matin lors d'une réunion du Comité de la procédure et des affaires de la Chambre, qui est chargé d'enquêter sur les allégations selon lesquelles des députés auraient été la cible d'ingérences étrangères.

Mme Thomas a déclaré qu'elle ne spéculerait pas sur ce qui s'est passé avant son arrivée au cabinet du premier ministre. Le rapporteur spécial David Johnston a écrit dans son rapport préliminaire qu'il y avait de sérieux problèmes avec la façon dont le gouvernement traitait les informations confidentielles.

Le rapport de l'ex-gouverneur général a conclu que le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) était au courant d'indications selon lesquelles des responsables chinois envisageaient d'agir contre des députés canadiens. Mais le rapport ne conclut pas à de la négligence aux plus hauts échelons politiques du gouvernement. 

M. Johnston conclut que les renseignements sur les responsables chinois à la recherche d'informations sur le député conservateur Michael Chong n'ont atteint le premier ministre, le ministre de la Sécurité publique ou M. Chong lui-même qu'après avoir été divulgués et rapportés par les médias.

Mme Thomas a déclaré jeudi que la note de service avait été envoyée à trois sous-ministres du gouvernement, mais que cette note était effectivement tombée dans un «trou noir» et n'avait pas été partagée avec les personnes appropriées à Ottawa.

À l'époque, le SCRS avait l'intention d'offrir à M. Chong et à un autre député, non identifié, une séance de breffage, selon le rapport de M. Johnston. Le député Chong a déclaré qu'il avait eu droit à cette séance d'information, mais elle n'offrait aucun détail sur une menace à sa famille. 

Mme Thomas a déclaré que la note de service sur le député Chong avait été transmise au Bureau du Conseil privé en juillet 2021 et avait été soumise à son prédécesseur, David Morrison, le mois suivant. Mais la conseillère à la sécurité nationale et au renseignement n'a pas voulu expliquer pourquoi cette note n'avait pas été partagée à ce moment-là avec le premier ministre, le député Chong ou d'autres personnes concernées. 

«Je ne vais pas rendre compte de ce qui s'est passé avec mon prédécesseur», a-t-elle déclaré au comité.

Ministre de la Sécurité publique

Dans son rapport préliminaire, M. Johnston confirme que le SCRS a également transmis des informations sur le ciblage dont faisait l'objet M. Chong au ministre de la Sécurité publique et à son chef de cabinet, via une plateforme de messagerie électronique ultrasecrète, mais qu'ils ne les avaient jamais reçues. 

Des responsables au sein de la fonction publique fédérale ont expliqué au rapporteur spécial que le ministre et son chef de cabinet n'avaient pas accès au bon système de messagerie.

Mme Thomas a déclaré jeudi qu'il aurait dû incomber aux responsables de la sécurité de s'assurer que les informations se rendaient à bon port.

Bill Blair, qui était ministre de la Sécurité publique à l'époque, a déclaré jeudi après-midi devant le même comité que lui aussi avait été informé pour la première fois des menaces contre M. Chong dans les médias. Il a assuré que s'il avait été informé des menaces visant un député, il aurait agi.

M. Blair a expliqué aux membres du comité qu'il n'y avait pas de compte de messagerie où des informations ultrasecrètes étaient partagées, mais des «terminaux ultrasecrets» — sauf qu'il n'avait pas accès à l'un de ces terminaux dans ses bureaux.

«Si (le SCRS) devait déterminer qu'il n'est pas nécessaire de partager des informations avec nous — et je n'ai pas connaissance que ce soit arrivé —, je n'aurais pas la possibilité d'agir en conséquence», a-t-il déclaré. Il a soutenu que les questions sur les raisons pour lesquelles l'information n'avait pas été partagée avec lui devraient être soumises au directeur du SCRS, David Vigneault.

Mme Thomas a par ailleurs déclaré aux députés que des mesures avaient été prises pour assurer un meilleur flux d'informations depuis son arrivée au poste de conseillère à la sécurité nationale en 2022. Elle a ajouté qu'on en faisait encore davantage à Ottawa pour s'assurer que les responsables sachent comment utiliser ces renseignements.

David Fraser, La Presse Canadienne