Marineland s'oppose au transfert de bélugas dans un sanctuaire en Nouvelle-Écosse


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Par La Presse Canadienne, 2025
HALIFAX — Marineland avance avoir plus d'une dizaine de raisons pour lesquelles aucun de ses 30 bélugas restants ne devrait être envoyé dans un sanctuaire de baleines proposé en Nouvelle-Écosse.
Le parc d'attractions ontarien fermé, qui tente de vendre les baleines pour éviter la faillite, a fait les manchettes la semaine dernière lorsque la ministre fédérale des Pêches, Joanne Thompson, a rejeté sa demande visant à obtenir un permis pour expédier les dernières baleines captives du Canada à des acheteurs d'un aquarium en Chine.
Marineland a réagi en affirmant ne pas avoir les fonds nécessaires pour continuer à nourrir les baleines et a demandé un financement d'urgence à Ottawa, avertissant qu'autrement, il pourrait n'avoir d'autre choix que d'euthanasier les bélugas.
La ministre Thompson a indiqué qu'elle «adorerait voir les baleines dans un sanctuaire», mais Marineland a fait valoir qu'aucun sanctuaire de ce type n'est actuellement disponible pour les 30 bélugas, y compris le refuge côtier proposé par le Whale Sanctuary Project (WSP) près de Wine Harbour, en Nouvelle-Écosse.
Les propriétaires du parc d'attractions de Niagara Falls, en Ontario, ont publié un rapport alléguant que le site, situé dans l'est de la Nouvelle-Écosse, est trop pollué et n'a connu aucun développement depuis le dévoilement des plans de construction en 2020.
«Marineland est d'avis que de graves problèmes environnementaux non résolus, ainsi qu'une absence totale de viabilité financière prouvée, empêchent toute nouvelle considération du WSP comme site approprié», est-il écrit dans le rapport.
«Compte tenu de l'absence apparente de progrès à ce jour, il est impossible d'estimer la date à laquelle le WSP pourrait accueillir des cétacés», a-t-il été ajouté.
Charles Vinick, PDG du Whale Sanctuary Project, a mentionné mardi que Marineland avait soulevé ces mêmes allégations dans une étude détaillée publiée en 2021.
«Nous avons réalisé toutes les analyses environnementales du site, tant terrestres qu'aquatiques, exigées par le gouvernement», a expliqué M. Vinick en entrevue, ajoutant qu'un enclos flottant de 40 hectares pourrait éventuellement accueillir de huit à dix bélugas.
En réponse à la plainte de Marineland concernant les déchets laissés par l'exploitation aurifère dans la zone, qui a pris fin dans les années 1930, M. Vinick a précisé qu'un plan d'atténuation visant à recouvrir les dépôts de résidus miniers avec du gravier et du béton avait déjà été approuvé, et que les échantillons d'eau n'avaient révélé aucune contamination.
Marineland a par ailleurs avancé que WSP n'a pas pris les mesures nécessaires pour gérer l'arsenic toxique présent dans le sol au fond de la baie où le refuge sous-marin sera construit. M. Vinick a souligné que des experts avaient indiqué à WSP que l'arsenic restait emprisonné dans le sol et qu'il ne devait pas être perturbé.
«Il y a eu des restrictions sur la pêche à certains coquillages, a indiqué M. Vinick. (Mais) la pêche au homard et d'autres activités de pêche sont pratiquées en permanence dans cette zone. Toutes les prises ont été inspectées pendant des années, et aucun problème n'a été constaté.»
Concernant le financement du projet, M. Vinick a indiqué que son organisation à but non lucratif établie aux États-Unis continue de collecter des fonds auprès de donateurs privés et a précisé qu'elle ne solliciterait pas de financement public pour ce projet de 20 millions $.
Le Whale Sanctuary Project ne versera aucune aide financière à Marineland pour les bélugas, a-t-il ajouté.
«Nous ne pensons pas que l'achat et la vente de baleines devraient se poursuivre et nous ne sommes pas en mesure, ni philosophiquement ni financièrement, de l'envisager», a-t-il mentionné.
D'autres embûches
En attendant, le projet est bloqué en raison de l'opposition d'un petit groupe de propriétaires fonciers locaux dont le consentement unanime est requis pour la construction du sanctuaire. D'ici là, le ministre des Ressources naturelles de la Nouvelle-Écosse, Tory Rushton, a déclaré qu'il n'accorderait pas à WSP un bail de la Couronne pour 81 hectares de terres et d'eau.
Des courriels obtenus par La Presse Canadienne grâce aux lois sur l'accès à l'information indiquent que certains propriétaires fonciers craignaient de perdre l'accès à l'eau une fois les filets installés. D'autres se sont plaints de l'augmentation de la circulation, car WSP prévoyait de construire un centre éducatif à proximité, mais l'équipe de M. Vinick a depuis abandonné cette idée.
Même si les propriétaires fonciers réticents changent d'avis, le projet nécessitera également l'approbation de Transports Canada en vertu de la Loi sur les eaux navigables du Canada, ainsi que des permis du ministère fédéral des Pêches pour le transfert des baleines.
Michael MacDonald, La Presse Canadienne