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Les publicités ontariennes de Reagan sont exactes, selon des proches de Mulroney

durée 19h46
24 octobre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

OTTAWA — Des proches de l'ancien premier ministre Brian Mulroney jugent que l'adhésion de Ronald Reagan au libre-échange et son rejet des droits de douane découlent des relations de l'ancien président américain avec son homologue canadien.

David McLaughlin et Geoff Norquay, qui ont été conseillers politiques principaux de M. Mulroney, affirment également que les opinions de M. Reagan sur le commerce ne sont pas mal interprétées par les publicités diffusées aux États-Unis qui ont déclenché l'ire du président américain Donald Trump.

«Lorsque M. Mulroney a décidé de poursuivre le libre-échange avec les États-Unis, il a compris que la première tâche consistait à rallier le président Reagan à ses côtés», a expliqué M. Norquay à La Presse Canadienne vendredi.

Donald Trump a brusquement interrompu les négociations commerciales avec le Canada jeudi en raison de la diffusion de publicités financées par le gouvernement de l'Ontario sur des chaînes de télévision américaines, qui présentaient des images d'archives de M. Reagan mettant en garde contre les effets économiques dévastateurs des droits de douane.

MM. Norquay et McLaughlin ont indiqué que la relation de Brian Mulroney avec Ronald Reagan avait contribué à façonner la philosophie commerciale du défunt président, laquelle a mené à la ratification du premier accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis en 1988.

Dans des entrevues distinctes accordées à La Presse Canadienne, tous deux ont relaté la conviction de M. Mulroney selon laquelle la première tâche d'un premier ministre canadien est de préserver l'unité nationale, mais la seconde est de gérer les relations avec les États-Unis.

«Dès le début de son mandat de premier ministre, M. Mulroney a agi de multiples façons pour que la relation d'affaires entre lui et M. Reagan se transforme en une amitié personnelle étroite», a souligné M. Norquay.

Ces efforts pour bâtir une relation personnelle ont culminé avec le sommet du Trèfle (Shamrock Summit) de 1985, largement considéré comme un tournant dans les relations bilatérales après la froideur des années Pierre Trudeau.

Le sommet, familièrement baptisé ainsi pour célébrer l'héritage irlandais des deux dirigeants, s'est terminé sur une scène de Québec, où Mulroney et Reagan ont chanté «When Irish Eyes Are Smiling».

Des propos qui «parlent d'eux-mêmes»

Les publicités commanditées par l'Ontario présentent des extraits d'un discours radiophonique prononcé par M. Reagan en 1987.

Dans un extrait de la publicité, faisant référence à un conflit commercial contemporain avec le Japon, l'ancien président affirme que les droits de douane «portent préjudice à tous les travailleurs et consommateurs américains».

«Des droits de douane élevés entraînent inévitablement des représailles de la part des pays étrangers et le déclenchement de guerres commerciales féroces, avait-il avancé. Le pire arrive ensuite. Les marchés se contractent et s'effondrent, les entreprises et les industries ferment leurs portes et des millions de personnes perdent leur emploi.»

Si la publicité a offensé Donald Trump et a conduit la Ronald Reagan Presidential Foundation à accuser l'Ontario d'avoir déformé le discours du défunt président, M. McLaughlin estime que les propos de M. Reagan parlent d'eux-mêmes.

«Je ne vois pas la publicité ontarienne déformer la position de M. Reagan sur le libre-échange», a assuré M. McLaughlin, qui a également été chef de cabinet de M. Mulroney.

«Je pense que la fondation déforme peut-être un peu le point de vue de M. Reagan sur ce sujet, mais c'est à elle de l'expliquer», a-t-il ajouté.

«Je veux dire, Ronald Reagan était le président qui a négocié et signé le libre-échange avec le Canada. Il était partisan du libre-échange, du moins en ce qui concerne le Canada, et c'est ce qui compte», a-t-il précisé.

Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a déclaré vendredi après-midi que son gouvernement retirerait les publicités après la fin de semaine. Elles sont toujours prévues pour les deux premiers matchs de la Série mondiale.

Malgré les avantages économiques de la libéralisation du commerce, M. Mulroney devait convaincre M. Reagan que le projet était suffisamment important pour justifier son temps et ses efforts, selon M. McLaughlin.

«Le Canada, le petit partenaire, tente de convaincre le grand partenaire des États-Unis de la nécessité d'agir, et il faut soit attirer son attention, soit établir une relation, idéalement les deux, a-t-il expliqué. Ainsi, (M. Mulroney) a utilisé cette relation pour convaincre le président américain de consacrer ce qu'il avait de plus important, à savoir son capital politique et son attention.»

M. McLaughlin a indiqué que le premier ministre Mark Carney avait tenté de faire quelque chose de similaire avec l'actuel locataire du bureau Ovale. Le ton des rencontres entre MM. Trump et Carney à la Maison-Blanche a été cordial, même amical.

MM. McLaughlin et Norquay ont tous deux affirmé que, si Brian Mulroney était à la place de M. Carney, il s'appuierait sur ses compétences relationnelles pour trouver une solution.

«Je pense que ce serait : 'Faites tout votre possible pour vous rapprocher du président Trump. Évitez les situations qui l'irritent'», a mentionné M. Norquay, soulignant que M. Mulroney avait été appelé à conseiller le premier ministre de l'époque, Justin Trudeau, pendant le premier mandat de Donald Trump.

«Mais je pense qu'en fin de compte, il aurait dit qu'à un moment donné, le Canada ne peut pas rester les bras croisés, sans rien dire, à regarder le président Trump démanteler l'économie canadienne pièce par pièce, a-t-il ajouté. Je pense que ce serait sa devise.»

Nick Murray, La Presse Canadienne