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Les particules PM2,5 provoqueraient une réponse immunitaire

durée 08h15
16 décembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — La pollution atmosphérique, et plus particulièrement les particules PM2,5, semblent provoquer une réaction immunitaire qui pourrait être à l'origine de maladies auto-immunes comme le lupus systémique, indique une étude publiée par des chercheurs montréalais.

Ces résultats contribuent à une meilleure compréhension de l'origine des maladies auto-immunes, a dit la coautrice de l’étude, la docteure Sasha Bernatsky de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill, et montrent que les particules fines ne sont pas dangereuses uniquement pour la santé du cœur et celle des poumons.

«On explore cette idée que le système immunitaire puisse être affecté par la pollution atmosphérique», a expliqué la docteure Bernatsky.

Lorsque le système immunitaire détecte un intrus, a-t-elle ajouté, il produit des anticorps. Les bons anticorps sont ceux dont l'organisme a besoin pour se défendre face à un virus ou un microbe, mais «de nombreux anticorps peuvent provoquer des maladies, car votre système immunitaire réagit de manière trop intense».

«Il existe plusieurs raisons à cela, mais l'une d'entre elles pourrait être la pollution atmosphérique», a précisé la chercheuse.

En analysant des données provenant de l’Ontario – la province la plus populeuse du pays –, la docteure Bernatsky et ses collègues ont constaté que les particules fines présentes dans la pollution atmosphérique étaient associées à des concentrations plus élevées d’un biomarqueur lié à des maladies auto-immunes, comme le lupus systémique.

Plus spécifiquement, l’équipe a découvert que les échantillons des personnes vivant dans des secteurs où la pollution atmosphérique par particules fines (PM2,5) est élevée présentaient plus souvent des concentrations plus élevées d’anticorps antinucléaires (AAN).

Les particules PM2,5 sont si fines qu’elles peuvent se loger au plus creux des poumons, entrer dans la circulation sanguine, et devenir une source chronique d’inflammation. Elles peuvent avoir une origine naturelle (comme les incendies de forêt) ou humaine (comme la combustion des usines ou des moteurs).

«Nous avons constaté une association significative, en particulier aux niveaux les plus élevés de ces anticorps, a dit la docteure Bernatsky. Ce travail et d'autres que nous menons actuellement permettent de constituer un ensemble de preuves démontrant que la pollution atmosphérique peut pénétrer dans votre système sanguin et déclencher une réaction du système immunitaire.»

La docteure Bernatsky avait d'ailleurs documenté, lors d'une étude publiée en 2017, que le fait de vivre à proximité de sources industrielles d’émissions de particules fines était lié à une augmentation des marqueurs sanguins d'une autre maladie auto-immune, la polyarthrite rhumatoïde.

Il semblerait donc que les changements qui surviennent dans notre corps lors d'une exposition à la pollution atmosphérique vont bien au-delà d'une simple crise d'asthme, a-t-elle dit.

«Nous commençons à comprendre que les anticorps et l'inflammation peuvent en fait jouer un rôle dans de nombreuses maladies, même le diabète, le cancer ou les maladies cardiaques, a conclu la docteure Bernatsky. Il était donc très important pour moi d'apporter des preuves suggérant que l'environnement, et plus particulièrement la pollution atmosphérique, contribue à certains troubles du système immunitaire, y compris parfois le lupus systémique.»

Si la qualité de l'air au Canada est bien meilleure que dans d'autres endroits, les chercheurs rappellent qu'aucun niveau d'exposition aux PM2,5 n'est sans danger. Les Canadiens ne sont pas non plus tous exposés aux mêmes risques, puisque certains vivent parfois à proximité d’établissements industriels polluants ou de grands axes routiers, ou encore vivent dans des secteurs touchés chaque année par des feux de forêt.

Les maladies auto-immunes comme le lupus affectent aussi de manière disproportionnée les femmes et les populations non blanches, dont les peuples autochtones.

L’étude a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada et menée sous la supervision méthodologique d’Audrey Smargiassi, professeure à l’Université de Montréal et coautrice de l’étude.

Ses conclusions ont été publiées par le journal Rheumatology.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne