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Les dépenses du temps des Fêtes font grimper le taux d'endettement des ménages

durée 14h58
28 décembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

Cadeaux, factures d'épicerie, frais de voyages: les dépenses du temps des Fêtes peuvent provoquer bien des surprises et des maux de tête pour les ménages québécois lorsque les factures de crédit rentrent au mois de janvier.

Le début de l'année est d'ailleurs une période chargée pour les syndics autorisés en insolvabilité, comme le démontrent les statistiques rassemblées par le Bureau du surintendant des faillites du Canada.

En janvier 2025, le nombre de dossiers d'insolvabilité déposés par des consommateurs a augmenté de 20% au Canada par rapport au mois précédent.

Si on se concentre sur cette même donnée au Québec, le Bureau dénombre un total de 2986 dépôts de dossier en janvier 2025 contre 2087 dépôts en décembre 2024, ce qui représente une augmentation de 43,1%.

«Les dossiers d'insolvabilité, c'est cyclique. Il y a toujours des périodes dans l'année où il va y avoir plus d'insolvabilité, plus de dossiers qui seront déposés», explique Charles-Antoine Gobeil, président de Gobeil Groupe Conseil, un syndic autorisé en insolvabilité.

Par exemple, au mois de septembre, avec le retour au travail et la rentrée scolaire, il est plus probable de tomber sur des dépenses «imprévues», souligne-t-il.

Le retour des Fêtes fait également partie de ces moments où les dépenses font souvent déborder le vase de la capacité à rembourser des ménages.

«Les gens prennent congé, les gens dépensent, peut-être un peu trop, pour les cadeaux de Noël (...) Le mois de décembre, c'est plus tranquille de notre côté, mais au mois de janvier, les gens viennent consulter parce que, justement, ils ont peut-être poussé le bouchon un peu trop pendant le temps des Fêtes», indique M. Gobeil.

Plus tôt que tard

Choisir de s’adresser à un spécialiste en règlement de dettes n’est jamais une décision facile. «Souvent, les gens viennent à reculons parce que ça peut être gênant de parler de ses finances personnelles, surtout quand ça ne pas comme on veut», relève M. Gobeil.

«Ce qui arrive, c'est que les gens attendent malheureusement trop longtemps avant de demander de l'aide», ajoute-t-il.

Il existe plusieurs options pour en finir avec ses dettes, mais plus le temps file, plus les solutions se réduisent. Par exemple, «lorsque le montant des dettes est rendu trop haut, ça peut empêcher les débiteurs d'aller chercher un prêt de consolidation pour regrouper leurs dettes».

«Puis là, la seule option qui leur reste, ça peut être soit d'y aller avec une proposition de consommateur, en passant par un syndic, ou encore avec une faillite», indique M. Gobeil.

«Mais il faut savoir qu'il n'y a jamais personne qui regrette d'avoir consulté un syndic», estime-t-il.

Le conseiller rappelle qu'au Québec, la première consultation avec un syndic autorisé en insolvabilité est gratuite et n'engage aucuns frais, à moins de conclure une entente avec son conseiller.

Selon M. Gobeil, l'un des signes avant-coureurs qui indiquent qu'une personne accumule des dettes à un rythme qui dépasse sa capacité à les rembourser survient lorsqu'elle n'est plus en mesure d'effectuer les versements minimums sur sa carte de crédit.

«Idéalement, une carte de crédit devrait toujours être un outil, par exemple, pour les achats en ligne, donc il faudrait que les gens payent leur carte en totalité», affirme le conseiller en insolvabilité.

Cela dit, cette tâche financière, qui peut paraître élémentaire, devient de plus en plus difficile à accomplir pour les ménages canadiens, alors que leurs dettes tendent à augmenter plus rapidement que leurs revenus.

Selon le rapport le plus récent de Statistique Canada concernant le ratio d'endettement de la population, la dette des ménages s'élevait à 1,77 $ sur le marché du crédit pour chaque dollar de revenu disponible. M. Gobeil indique que «cette pression financière pourrait s'intensifier» en 2026.

«Il y a eu une baisse des dossiers d'insolvabilité durant la pandémie, mais depuis maintenant quelques années, l'augmentation a repris. Le nombre de dossiers est maintenant supérieur à ce qu'on retrouvait avant le Covid», explique M. Gobeil.

Selon lui, cette hausse de l'endettement s'explique par l'augmentation du coût de la vie, mais aussi par «la facilité d'accès au crédit».

«On vit dans une société où le crédit est tellement facile à obtenir et, en même temps, il y a peu d'éducation financière à ce niveau», déplore-t-il.

Éviter les pièges en ligne

M. Gobeil met en garde les débiteurs à la recherche d'une solution miracle qui pourraient être tentés de faire affaire avec des conseillers «frauduleux» en ligne.

«Il existe des conseillers, qui n'ont pas de licence de syndic, mais qui vont se faire passer pour des conseillers en insolvabilité», indique-t-il.

Ces conseillers vont charger entre 2000 $ et 5000$ à un client avec la promesse de négocier des ententes pouvant réduire les dettes moitié.

«Dans certains cas, c'est vrai, mais ils devront éventuellement passer par un syndic pour le faire, affirme M. Gobeil. Donc, ça va être des intermédiaires qui vont se prendre une commission avant de transmettre un dossier à un syndic, alors que la personne aurait pu tout simplement passer par un syndic dès le début et s'éviter les frais supplémentaires.»

La Loi sur la faillite et l'insolvabilité précise que seuls les détenteurs d'une licence émise par le Bureau du surintendant des faillites peuvent administrer des dossiers en insolvabilité.

Une liste de tous les syndics actifs est disponible sur la page internet du Bureau.

Samira Ait Kaci Ali, La Presse Canadienne